
S e c t i o n X X X I I .
D es Fleuves SC Rivières dont il efi fa it mention fu r les Médailles.
Il s’en faut bien que les Médailles repréfentent tous les Fleuves & toutes
les Rivières qui arrofent la terre. Nous rie voyons guère fur leurs Types
que le B^leus\ le Cydne , le Danube | l’Euphrate , l’Érigon avec le Rhæ.
dius le Méandre , le N il , l’O ron te , le R h in , le Tibre , le J ig re , &
quelques autres en petit nombre. Comme on les repréfente prefque tous
par des figures & des fymboles à-peu-près femblables, nous nous contenterons
d’en donner & d’en expliquer quatre ; ils fuffiront pour faire connoître
les autres : ceux que nous choiffilfons font le Danube, le N i l , le Rhin &
le Tibre.
D u Danube.
L e Danube, qui fort des montagnes de la Forêt-Noire, près de Zunberg,
après avoir arrofé la Suabe , la Eavière , l’Autriche , la Hongrie , la
Servie, la Bulgarie & la Moldavie, par un cours de plus defept cens lieues
de l’Occident à l’Orient, fe jette dans la Mer-Noire : il eft repréfenté,
fur plufieurs revers de Médailles , fous la figure d’un vieillard à barbe
crépue, couronné de joncs ou de roféaux ; il paroît n u , fur d’autres. Il fait
.palier au-deffus de fa tête une pièce d’étoffe en firme de voûte, & s’accoude
fur une urne renverfée , d’où l’on voit couler un fource d’eau abondante.
Sur une Médaille de Conftantin , ce Fleuve fe préfente -couché près d’un
beau pont, fur lequel on voit cet Empereur précédé de la Viétoire, avec
une figure à fes pieds, qui, fans doute , repréfente quelque Peuple vaincu
par ce Prince : il y en a une autre où le viellard tient fa main fur la proue
d’un Vailfeau. Voyez la planche X X V I e. n05*. i z . & i j.
D u N il. ,
Le N il eft un Fleuve qui prend fa fource dans les montagnes de l’Abrf-
finie, d’où il roule fes eau x, par la Nubie Si l’Egypte , jufques dans la
Mer Méditerrannée , où il fe jette par plufieu'rs embouchures. C e Fleuve
eft repréfenté , fur une Médaille de l’Empereur Hadrien, par un vieillard
couronné de joncs , Si affis le long d’une ëau coulante. Il1 paroît s’accouder
fur dps bancs de fable qu’il forme dam fes débordem-ens-il tient-dans une
de fés mains une plante Sommé Papyrus i c’eft elle- qui a donné le nom
au Papier, parce que les Anciens en tiraient des largesTéuil'les dont ils fe
fervpiént pour écrire. La figure du N il foutient ordinairement de fa main
gauche une corne d’abondance remplie de toutes fortes de fruits-, fymbole
de la fertilité des terres. que ce Fleuve arrofq &- féconde par fort limon.
L e Crocodile dans l’eau, & l’Hippopotame près de là- figure, marquent la
quantité de ces animaux qui fe trouve fur les bords de ce- Fleuve; Voyez
les nos. 14. & 1 y. de la planche X X V I e.
Je crois devoir ajouter que dans un grand bronze du meme Empereur,
on diftingue plufieurs petits enfans qui femblent fe jouer avec la figure de
ce Fleuve. Vaillant en compte quatre , & les regarde allégoriquement
comme
D E S G L O B E S C É L E S T E E T T E R R E S T R E . î 4 ;
comme les quatre Saifons de l’Année. C ’eft fans doute cette Médaille qui
a fourni l’idee de la belle figure Coloffale du N il , en marbre, qu’on voit
au Jardin Royal des Tuileries, à Paris.
D u Rhin.
Le Rhin eft un des grands Fleuves de l’Europe : il prend fa fource an
mont Saint-Gothard, autrefois Adula , dais le pays des Grifons. Il tra*
verfe une partie de l’Allemagne & des Pays-Bas , & fe perd en grande
partie dans les fables de 1 O céan, au-deflous de Leyde. La partie qui
refte prend le nom de Leck & de Rhin-Meufe , parce qu’elle mêle les
eaux avec celles de ces deux Rivières.
O n le repréfente, comme la plupart des autres Fleuves, fous la figure
d’un vieillard à greffe barbe, la tête couronnée de rofeaux. Il paroît à
demi-couché fur des montagnes , non-feulement parce qu’il en fo r t, mais
encore parce que dans fon cours il arrofe le pied de plufieurs autres. I l
s’accoude tantôt du bras droit, & tantôt du gauche fur une urne renverfée ,
d’où coulent des eaux abondantes. Sur un revers de Jules-Céfàr, il a la
main gauche appuyée fur la pouppe d’un bateau,, pour montrer que ce
Fleuve eft navigable ; fur un autre de Drufus, il a un rofeau a la main
droite ; enfin, fur un de Domitien, cet Empereur le foule aux pieds,
comme s’il avoit vaincu les Germains , dont ce Fleuve arrofe les terres-
■ tandis qu’étant allé pour les fubjuguer il s’en retourna , & eut la vanité
d’en triompher fans même les avoir combattus ni rencontrés. C e Fleuve
eft fur trois revers que nous donnons aux nos. 16. 17. & 18. de la planche
X X V I e. . r
Le Tibre.
Le Tibre eft un Fleuve d’Italie : il prend fa fource dans l ’Apennin, dans
la partie Orientale du Florentin , vers les confins de la Romagne : il fe jette
dans la M er de Tofcane , à Oftie. O n l’a repréfenté de différentes manières,
fur les Médaillés. C ’eft toujours un vieillard à demi-couché , A couronné
de rofeaux. Sur un revers d’Hadrien , il eft accoudé près d’un tronc
d’arbre, à l’ombre de fon feuillage, & tient en main un fouet de Cocher.
Sur un revers d’Antonin-Pie, il eft couché de même, mais accoudé fur des
élévations , que l’on croit être les fept montagnes de Rome , par où il
paffe ; il a un rofeau dans la main gauche,, & pofe fa droite fur une nacelle,
ou un bateau. Voyez la planche X X V I e. nos. 19. 10. & z 1.
Les autres Fleuves font repréfentés à-peu-près de même, fur les Médailles
& autres Monumens : c’eft toujours un homme à demi-couché ou affis près
des eaux, nageant ou forçant des flots ; & c’eft fouvent de fon urne renverfée
qu’on voit couler fes eaux : il eft ordinairement couronné de rofeaux &
appuyé fur des bancs de fable , fur des montagnes, ou fur une proue de
bateau. O n joint quelquefois au Type ordinaire les fymboles du pays où
il prend fa fource, ou de ceux qu’il traverfe dans fon cours.
Le N il doit être excepté , puifque fur une Médaille Grecque de l’Empereur
Tite il eft repréfenté par une tête de vieillard , avec une barbe
courte. Cette tête eft couronnée d’une couronne radiale ; la fleur du
Lotus eft auprès d’elle. Sur une autre Médaille de Septime-Sévère, frappée
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