
dont la coëffure de Serpens femble annoncer la cruauté ; mais le fond de
cette Mythologie ne vient que de la repréfentation de la Lune environnée
de Serpens , comme Symbole de PalLas, & du nom de Preffurage, q u i, en
Langue Égyptienne & Phénicienne , s’exprimoit par celui de Médufe.
Minerve SC P allas , de l’Hifioire SC de la Fable.
La Fable a compté jufqu’à cinq Minerves , a chacune defquelles on a
donné une naiffance & une patrie différentes. O n n en fera point ici l’énumération
: après ce qu’on vient d’en dire, elle deviendroit inutile. D ’ailleurs, des
cinq, la même Fable n’en a fait qu’une, que 1 on adoroit, & que laNumifma-
tique repréfente tantôt fous le nom de Minerve , & tantôt fous celui de
Pallas.
O n a fuppofé quelle étoit l’Inventrice de plusieurs machines & fecrets
néceffaires pour cultiver les Arts : ces prétendues découvertes parurent fi utiles,
fi néceffaires & fi admirables , qu’on la regarda comme une émanation de la
fageffe des Dieux , &c comme un fécond principe de toutes chofes , émané
du premier. De-là vint l’idée ridicule qu’on fe fit au fujet de fa naiffance. O h
fuppofa que Jupiter l’avoit conçue dans fon cerveau ; & que tourmenté d’un
grand mal de tête pendant qu’il la p o r t o i t i l eut recours à Vulcain , q u i,
en lui fendant le crâne d’un coup de hache, devint fon Accoucheur. Pallas en
fortit habillée en Amazone , la pique à la main , le bouclier au bras, & le
cafque en tête. Dès-lors on ne douta pas quelle ne fut la DéefTe de la Guerre
& des Arts. O n lui attribua, dans la fuite , la production meryeilleufe d’un
Olivier forti tout-à-coup de la terre , revêtu de fes feuilles & chargé da
fruits, origine du culte qu’on lui rendit fous le titre de Reine de la Paix.
Minerve SC Pallas fu r les Médailles.
C e fut de fes fondions , de fes qualités & de fon habillement que la N u-
mifmatique tira & les titres & les formes quelle adonnés à cette Divinité, fur
les Médailles , où on l’a repréfentée , comme ailleurs , fçus la figure d une
fille d’une taille haute & élégante, avec un cafque fort orné, un bouclier, la
pique, le fceptre ou la branche d’Olivier à la main. Quelquefois elle porte
un trophée fur l’épaule droite, & l’Égide, autrement le bouclier avec l’empreinte
de la Médufe au bras gauche. O n lui a mis aujfi d’autrefois un Serpent
à fes pieds, comme Symbole de la Prudence. Lorfqu on a voulu la faire
regarder comme l’Inventrice des A rts , on a placé auprès d elle quelques inftru-
mens de Métaphyfique. Ses titres font ceux d Augufte , Augufta ; de Compagne
de l’Augufte, Cornes Augufli ; de Pacifique ou de Porte P a ix , Pacifica,
Pacifera ; de Vidorieufe & de Sainte, Minèrva Ficlr ix , Sancla.
Nous en donnons trois différentes repréfentations, à la planche IX . N 05- z.y.
Z4 & z y : l’une d’après une Médaille de Caracalla ; la fécondé d après un
revers de l’Empereur Albin ; la troifième tirée de la famille Clovia. Sur
la première, elle eft appellée Minerve la Vidorieufe ; fur la fécondé , elle a
le titre de Pacifique ; lur la troifième , elle n’a ni titre, ni légende propres
mais fes habillemens , fon bouclier , & fes javelots l ’annoncent pour la Guer-
rière , fon trophée pour la Vidorieufe & pour la Pacifique, & le Serpent pour
la Mère de la Sageffe & de la Prudence. C e font auflices dernières qualités
que défigne particulièrement la Chouette, un de fes Symboles ordinaires.
Section
D E S T Y P E S D E S MÉ D A I L L E S .
S e c t i o n X X X I I I .
D e la Déeffe Monnoie, de /’ origine de cette Divinité, <$G de ce qu’elle fu t , félon
l ’Hifioire & la Fable.
Eft-ce ici une Divinité particulière, que 1 on aura faite, après l’i nvention
de la Monnoie , par reconnoiffance de fa commodité & de fon utilité dans
le Commerce ? O u bien, eft-ce la même que Junon ? Si c’eft Junon, on a
v u , à la Sedion X X V I I e, quelle fut fon origine, & nous n’avons rien à
ajouter à ce que nous en avons dit. Si c’eft une autre Déeffe, elle aura trouvé
fa naiffance dans l’inclination des Peuples livrés aux ténèbres du Paganifme,
qui deifioient tout ce qui pouvoit leur être utile, ou flatter leurs pallions.
Mais il y a bien de l’apparence que Monnoie eft la même Divinité que
Junon ; du-moins les a-t-on fouvent confondues l’une avec l ’autre : l’épithète
de Moneta, donné à Junon, a fans doute fourni l’occafion de chercher,
& de faire de la Monnoie, une Divinité particulière fous fa propre dénomination
de Monnoie. Qu o i qu’il en fo it, Junon fut appellée Monete,. Moneta,
duver.be monere, avertir, parce que l’on a fuppofé quelle avoir fouvent averti
les Romains des dangers ou fe trouvoit la République , & des moyens que l’on
devoir employer pour les détourner. Ceux quelle indiqua contre les Gaulois,
furent des facrifices, fingulièrement celui d’une laie prête à mettre bas, quelle
confeilla d’immoler aux Dieux , pour obtenir leur protection. Contre Pyrrhus
, elle fit affurer ces mêmes Républicains inquiets fur les reffources dont
ils avoient befoin pour foutenir la guerre, que 1 argent ne leur manqueroit pas
tant qu’ils feroient juftes 6' équitables. La deférence de Rome pour les confeils
de la Déeffe mérita fa délivrance ; Pyrrhus fut châffé de l’Italie, & le Sénat,
par gratitude, fit bâtir & confacrer un Temple à Junon Monete. C ’eft dans
ce lieu facre ou la Republique dépofa, dans la fuite, fes tréfors en argent & en
or monhoyes. La confiance des Romains dans la Déeffe, les reffources qu’ils
crurent avoir trouvées dans fes avis & dans fa protection, enfin l’habitude
flu ils fe formèrent de regarder le Temple de cette Divinité comme untréfot
public, à la garde duquel elle préfidoit, donnèrent lieu à confondre l’idée de
Junon avec celle de la Monnoie, & à faire de l’une & de l’autre une même
Déeffe, que l’on repréfenta tantôt d’une façon & tantôt d’une autre, toujours
avec des attributs qui répondoiènt aux parures & aux fonctions qu’on lui
prêtoit.
La même D é e fe fu r les Médailles.
O n a vu les différentes formes qu’on a données à Junon, fous les titres de
Mere, de grande M ère, de Reine, de grande Reine, & d’autres. Voici comme
on 1 a reprefentée en qualité de Junon Monete, ou plutôt de Junon Monnoie
pu Monnetaire. Quand ce n eft qu’une tête, à la face des Médailles, c’eftlme
tete de femtneornée d un collier de perles. Lorfque Junon paroît en Statue, au
revers de ces Monumens, c eft une Divinité fouvent repréfentée fous la figure
de trois femmes, dans la même attitude & avec les mêmes attributs , la
balance & la corne d abondance J celle-ci pour faire adorer Junon comme
^n.e tcffqurce publique ; cêlle-là non-feulement comme un outil néceflaire
a la fabrique des Monnoies, pour leur donner l égalité du poids, mais encore
comme unfymbole de la Juftice avec laquelle on doit en régler le prix,