
» d ’Idolaüs, ce fameux Compagnon des travaux d’H ercule, de Codrus &
» d’uneinfinité d’autres. A Delphes on voyoit celui de Néoptolème, àMégare,
» celui d’Alcathoüs ; chez les Oropiens, celui d’Amphiaaüs. Thèbes étoit
•» célèbre, non feulement par le culte de Bacchus, de Sémélé, de Cadmüs,
»■ d ’Hermione , mais aufli de toute cette célèbre Famille ; ainfi Ino &
» Mèlicerte y eurent des Temples & leurs A u te ls , aulfi bien qu’Hercule ,
» Jolaüs & Amphiaraüs. Dans l'Elide les femmes facrifîoient une fois par an à
» Hippodamie, fille de Pélops. Télefphore étoit honoré à Pergame ; Damia
51 ou Lamia letoit à Epidaure; Méméfis à Rhamnus ; Sancîus, ou Sangus
'■ * chez les Sabins ; Adramus & Palicus en Sicile ; Coronis, à Sicyone ;
=> Théagène chez'les Thafiens ; Borée en Thrace; Pater-Curis chez les
« Volfques ; Tellenus à Aquilée ; Tanaïs en Arménie; Ferentina , à Fe-
« rcntum ; Tagès , en Etrurie, aujourd’hui la Tofcane ; Féronia dans
« ;plufieurs lieux d’Italie ; Marica, à Minturne ; les Grâces, à Orchomène;
« les-Mules, dans la Pièrie, & à Lesbos ; & Amphiloque, à Oropos. La
” Theflalie facrifioit à Pélée, à Chiron, à Achille. L ’Ifle de Ténedos , à
« Ténès ; celle de C h io s , à Ariftée & à Drimachus ; celle de Samos, à
” Lifandre; celle de N a x e , à Ariadne ; les Eginètes, à Eaque ; ceux de
» Salamme, au fameux A ja x , fils de Télamon; l’Ifle de Crète, à Europe,
» à Idoménée, à Molon & à Minos. O n voyoit en Afrique les Temples
* de plufieurs Rois ; les Maures honoraient Juba ; ceux de Cyrène, Battus ;
” les Chartaginois, Did on , Amilcar , &c ; lesThraces, Orphée, & leur
« Légiflateur Zamolxis.
' O n ne finirait pas , fi l’on vouloit parcourir tous les autres lieux
=» célèbres par le culte de quelque Divinité particulière, puifque toute la
” T erre etoit remplie de Temples & d A utels , ‘élevés non-feulement aux
» grands Dieux , mais aulfi aux Indigètes, & que chaque‘Peuple & chaque
” Ville , généralement parlant, avoit mis au rang des D ieux & des Héros,
» fes Fondateurs & fes Conquérans. Si l’on croit avoir befoin de preuves,
5! Pour tout ce S116 Ie 'viens de dire dans ce dernier Article, on n’a qualire
» Paufanias, qui parle des Temples confacrés à tous ces Héros, Strabon,
“ & parmi les Modernes, Meurfius, dans fon excellent Traité des Fêtes de
» la Grèce, le premier livre de Voffius, & Rofin.
» Enfin, fi 1 on joint a tant de Dieux les Génies & les Junons, qui étoient
” comme les Anges Gardiens de chaque homme & de chaque femme, on
’> n’aura pas de peine à croire ce que dit Pline, que le nombre des Dieux
“ excédoit celui des hommes, ni ce que rapporte Varron , qui fait monter
I» ce nombre à trente mille ».
R é f l e x i o n V P . D e la Matière de ces Divinités, SC de leurs formes.
Apres avoir parle en général des différentes claffes des Dieux , il paraît
que c eft ici le moment de faire voir quelles furent les repréfentations de
ceux qui furent les plus célèbres en Ég ypte, en G rèce, en Italie, & en
particulier de ceux qu’on trouve fur les Médailles.
I l fa u t d a b o rd rema rqu e r q ue dans les com m en c em en s la p lu p a r t des
P e u p le s , o u d u mo in s leurs Sag e s fen tiren t b ien q u ’o n n e p o u v o ir n i v o i r , n i
c om p r e n d r e , n i d é fin ir c e q u e c eft que la D i v in i t é , & q u ’ils c ru r e n t , par-con-
fe q u e n t yq u il e to it impoffiDlc d e la repréfenter. L e s É g y p t ie n s , par e x em p le ,
n e d o n n è ren t dans les com m en c em en s au cu n e figu re a 1 Ê t r e fu p rêm e q u ’ils
adoraient : dès qu’ils voulurent en donner une idée & une image au Peuple
greffier, ce fut par une.flamme, ou par un cercle qu’ils crurent devoir le
repréfenter ; par une flamme, pour faire entendre que Dieu eft tout efprit,
& lumière ; par un cercle, pour montrer qu’il n’a ni commencement ni fin ,
qu’il renferme & comprend tout, & qu’il eft impoffible de le comprendre
ou de le renfermer lux-même. Les Grecs penfèrentà peu-près de même dans
des premiers temps. Les Romains, fous le règne de Numa, n’eurent ni
Statues, ni Peintures pour repréfenter leurs Divinités ; ce ne fut que plus
d’un fiècle & demi après la mort de ce Prince qu’ils coinmencèrent à les
adorer fous des Images & des Figures.
Mais après avoir employé tout ce qui eft de moins corporel, comme le
Feu & le Soleil pour repréfenter la Divinité, on fe fervit fucceflîvement de
diverfes matières, pour en faire des reprefentations analogues a l’idee qu’on
s’étoit faite, foit de la Divinité en général, foit des perfections, des attributs,'
des qualités, des productions qu’on lui prêtoit, & dont on fit des nouveaux
D ieu x , aufli bien que de beaucoup d’autres objets , où l ’on crut trouver
quelque chofe de Divin. O n fe fervit d’abord d’argille, comme d’une matière
fufceptible de toutes fortes de formes : on mit enfuite le bois en ufage, & on
en fit des Statues des D ieux , en obfervant de prendre un certain Bois pour
repréfenter les uns, & un autre bois pour en repréfenter d’autres ; car on pré-
tendoit que Priape préférait celui du figuier, Bacchus celui de la vigne ,
Minerve celui de l’olivier, &c. Il y avoit de ces Statues de bois dont le vifage,
les mains & les pieds étoient de marbre : il y en avoit d’autres qui etoient
dorées & peintes, avec le vifage, les mains, &c les pieds incruftés d’ivoire. Le
fe r , le cuivre., le bronze, le marbre, & enfin l’argent & l’or devinrent
bientôt les matières dont on fit des Idoles.
Quant aux formes qu’on leur donna, & dont nous ne parlons encore
ici qu’en général, elles furent d’abord fort groflières & fort imparfaites ; on
les laifla même toujours telles pour quelques Dieux ; mais on perfectionna
celles des autres. Une pierre brute & informe, une épée, un tronc d’arbre,
une colonne, une enfeigne grofliérement faite, furent en quelque forte, les
véritables & primitives Figures des Dieux. Dédale , qui vivoit un peu ayant
la guerre de T ro y e , fut le premier qui fépara dans les mafles informes ,
repréfentatives des hommes & des D ieu x , les bras & les pieds qui etoient
auparavant confondus ; ce qui fit dire qu’il les avoit animées. L Art de la
Sculpture fe perfectionna de jour en jour, & ce fut d’abord en faveur des
Dieux qui s’étoient déjà multipliés à l’infini, depuis que. l’on ne pou voit
plus penfer à eux fans les revêtir d’une forme humaine, & fans fuppofér
qu’après le triomphe des Géants fur eux, ils s’étoient cachés dans les corps
de différens animaux.
Le Polythéifme, c’eft-à-dire, l’opinion qui admet la pluralité des Dieux,
ayant fait des progrès étonnans chez les Grecs, inftruits par les Egyptiens ,
& enfuite chez les Romains, chacun de ces Peuples voulut avoir fes Dieux
repréfentés & caraCtérifés avec leurs attributs : afin même d’avoir leurs Statues
ou Figures plus parfaites , les Romains condamnèrent à une grofle amende
ceux des Statuaires, q u i, s’écant chargés de les faire, ne fe conformoient pas
aux règles de l’A r t , & trompoient ainfi l’attente de ceux qui les employoïent.