
I JO IN T R . A I A S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . C hap. V.
aux figures déjà divinises & perfonnifiées dans l’imagination : ces noms s au
nombre, de trois, favoir IJis, Ofiris &c Horus, répondoient, par leur figni-
. ficatron,. a lidee quon s en étoit faite. O n fuppofa enfuite un mariage entre
UJms de J fis | comme le mari, dans un ménage, efl de droit le chef & le
gouverneur de la femme & de la maifon, fous le nom d'Ofiris on défigna le
gouverneur de la Terre, &fous celui d'Ifis, la Terre même, que le Soleil, le
.gouverneur, réglé & fertilife par le moyen de leur fils prétendu Horus, qui
lignifie le travail, & qui fe rapporte au labourage.
° f i ne k-contenta pas de ces trois Divinités : on en fit pour tous les befoins
& cela àvec la plmy grande facilité. Les noms d'Ofiris, d'IJis & d'Horus devinrent
des noms genenques, & leurs figures fervirent de canevas, fur lequel
on broda toutes fortes de Perfonnages & de Divinités. Par exemple, en ajuf-
tant une tête de Chien fur l’une des trois figures , on en faifoit un ’Anubis ■
un croiüant de Lune, avec la,torche a la main, en changeoit une autre en
o - a-ne. ' *J,ne f '5. MB ^ceptre 3 une couronne formée de tours lui donnoit le
npm de Cybde : il n'en coûtoit que quelques fleurs pour en faire la D.éelfe
Flora, & un pânnier de fruits pour la convertir en Pomone.
II naura pas été plus difficile de donner à la figure principale les noms de
bo/T, de Dejhnee, de BonÆvénement, de Fortune. Pour approprier le nom
de Fortune a Ofiris, il n en aura coûté que quelques coups de marteau, de
pinceau, ou de burin. Une baguette à la main, dont l ’extrémité touchoic
un globe , donnoit a entendre que la figure repréfentative de la Fortune devoir
être regardée & adorée comme ayant un pouvoir fouverain fur toute la
ierre & fur ie Monde entier. En ajoutant une roue , c’étoit marquer fon
inconfLance dans les faveurs qu’elle ne répend que par caprice, & fans accep-
non des perfonnes , des temps, ni des lieux. On peut fe rappeller ce qu’on a
dit aux titres de Bon-Evenement <U de Deftin. 1
D e la Désfie Fortune, félon l’Hifioire & la Fable.
La Fable qui erigea la Fortune en Divinité , la regarda moins comme un
Etre véritable, que comme une bizarrerie du hazard ; ou fi elle en fit un Être
iubiiltant, auquel elle attribua tous les biens & les maux qui arrivent les
Eyenemens bons & mauvais, la profpérité & l’adverfité, elle lui donna en
meme-temps une humeur capricieufe & inconteflante, fur laquelle il netoit
pas ponibie de compter. Quelques imperfections que cette idée attache à la
Fortune, les Païens ne laiflerent pas de l’admettre au rang des Dieux , & de
ns confier !e/foln & le gouvernement des Royaumes & des Empires. Ancus-
Mamus lui elevalepremier Temple quelle eut à Rome, fous le titre delà
Fortune courageufe, virile; Fortunoe virih. O n la fit, comme plufieurs autres,
de 1 un & de 1 autre fexe. Des idées différentes qu’ils en eurent, font venus
fes noms les titres les epithètes qu’ils lui donnèrent, les figures, les formes,
les attitudes fous lefquelles ils la repréfentèrent, & enfin les attributs , &
f S 1 M'A ' I F n0US remarT lons Lir leurs Monumens, & en particulier
La Fortune fu r les Médailles.
■ Ses noms ordinaires fur les Monnoies antiques font ceux-ci ; la Fortune
virile, Fortuna vtrdts-, la Fortune femme, ou féminine, Fortuna muliebris ;
k Fortune confiante ou permanente , Fortuna manenti ; la Fortune perpétuelle,
tuelle, Fortuna perpétua ; 1a Fortune Augufte ou d’Augufte , Fortuna Au-
gufta ou Augufii ; k . Fortune forte, Fortuna fora ; la Fortune heùreufe ,
Fortunoe felici ; k Fortune obligeante, & prête à fe rendre aux voeux de fes
Adorateurs, Fortuna obfquens ; k Fortune de retour, L ortuna r-ed.ua., ainfi
nommée, foitparce quelle fembloit revenir à fes Adorateurs, après une ab-
fence & les combler de bienfaits, après leur avoir étécontraire, foit par rapport
au retour heureux d’un Empereur , ou d’un Prince dont l’abfence avoit caufe
quelque dommage ou quelque inquiétude.
Lorfqu’on 1a repréfente comme Confiante , comme Permanente , ordinairement
elle efl afhfe ; mais quand on lui donne quelque titre quiluppofe du
mouvement St de l’adion , on 1a fait paraître debout & dans 1 attitude de
de marcher.
Ses attributs répondent aux titres & aux qualités qu on lui donne fur les
revers des Médailles, & ailleurs. On k voit tantôt avec une roue a les pieds ;
tantôt avec un gouvernail ; quelquefois pofée fur un globe : ce rnéme glooe
à 1a main, ou une corne d’abondance font du nombre de fes fymboles ordinaires
, & ne font pas moins fignificatifs : la roue marque fes caprices & fon
inconftance : le gouvernail & le globe annoncent fa prétendue toutfi-puifiance,
comme fi elle difpenfoit les biens & les maux qui arrivent dans le Monde :
1a corne d’abondance montre qu’on k regardoit comme k Mère & la fource
des biens & des fruits. Quelquefois on a raflemblé tous ces attributs fur un
même revers : d’autres fois on ne lui en a donné qu’un ou deux. Il y a encore
des Médailles où elle tient une patère, dans l’attitude d’en verfer la liqueur
fur un Autel : i l s’en trouve même d’autres , où elle tient un Autel fur une
main, & lève deux Cicognes du bras gauche au-deffus d’une corne d abondance.
O n lui voit auffi dn globe & le Caducée entre les mains. Enfin il y
a une Monnoie Confulaire de la famille Rujlta, qui reprefente deux bulles,
accollés , dont l’un eft fans habillement & avec le cafque fur la tête, & 1 autre
efl habillé & cocffé comme une femme ; on les regarde comme les figures
des deux Fortunes mâle & femelle. La Fortune mafeuline a demi nue, avec
le cafque fur 1a tête, étoit nommée k Fortune martiale, Fortuna mqruaas :
1a Fortune féminine, bien vêtue & coëffée, étoit appellee Fortune heureufe,
Fortuna fe lix . Elles eurent .enfemble un Temple chez les Antiates qui les
adorèrent l’une & l’autre particuliérement comme Fortune mafeuline & féminine
, d’où elles prirent le titre de Fortunes Antiates ou des Antiates,
Fortunoe Antiates , ou Antiatum.
L ’on donne quatre différentes Médailles de la Déeffe.Fortune, a 1a planche
VIIIe. n“ . 1 6. v j. 18. 19. La première efl celle des Antiates male & femelle,
comme on vient de le dire. La fécondé efl d unefamille Antonia, avec 1 Autel,
1a corne d’abondance & les Cicognes. Il faut remarquer que ces deux oifeaux
n’appartiennent point à k Fortune comme fes attributs ou fes fymboles, ;
mais on les a mis ici comme fymboles de k piété qu Antoine affeéloit au point
de fe faire repréfenter fous fon Image, avec fes ornemens & fon nom. La
troifième Médaille, qui efl de Domitien , montre 1a Fortune avec le gouvernail
pofé fur un globe. La quatrième efl d’Augufte : k Déeffe y paroit aflife,
ayant une roue près de fon liège & une baguette à 1a main droite, dont elle
touche un gouvernail également pofé fur un globe : elle a aufu une corne
d’Amalthée fur le bras gauche.