
3 1 g ÏN T R . A 1 À S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . C hap. V .
anais: on transforma bientôt ce fymbole. en une femme réelle , & ^nfüiteifen
une Divinité que l’on regarda comme produdrice de tout® fchofesî Elle
paffa pour une femme, incomparable > pour une Reine bienfâîfanté^: pour la
mères de J’Abondance. O n ia maria LO fir is , & on lui-prodiguà’ tous des titres
de fon mari : on avôit anciennement. coutume, de faire fur des éminences,'&
auprès defs grands bois , lès facrifices que l’on offrait foit au vrai D ie u , foit
aux: Idoles ; ce fut auffi dans la même pofition que i ’on pla^a ces nouvelles
Divinités ;”mais comme ces Figures étoient repréfentées foit avec des faucilles
foit avec les cornes du Taureau., ou cellesrdu Capricorne, Ou quelquefois
avec une queue de Pôiffon, ou enfin avec quelque chofe.de relatif aux Signes
du Zodiaque, fuivant lesfaifons, onfe perfuada qu’îfis étoit une Déefl’e qui
préfidoit à la fécondité des troupeaux , a leur profpérité1 à la richelfe des
moiflons , & à l’abondance delà pêche. Cette idée lui acquit d’abord trois
noms; celui d’Aftarté , qui veut dire, Reine des troupeaux ; celui d’Ater-
gatis, qui lignifie, Reine des pdijfonsr, & celui d’Aphrodite, c’eft-à-dire, la
Reine des bLeds. O n réalifa dans laTuite ces; crois noms & ces trois qualirés,
d’où naquirent les trois Déeffies, dbnt nous venons de parler. Telle eft leur
origine, félon M. Pluche ; mais on va voir cé que LHiftoire, la Fable \ &
la Numifmadque nous apprennent d’Aftarté, qui eft la feule qui pâroilfe fur
les. Médailles, à»moins qu’on ne confonde Aphrodite avec les Néréides , à
l ’exemple des Grecs. Adonis doit aller avec Aftarté.
Adonis SC Aftarté ; félon les anciennes Hiftoires.
Aftarté, félon l’H iftoire, naquit à T y r , en Syrie ; elle fut mariée au jeune
Adonis : ils régnèrent l’un & l’autre en Syrie : ils firent un fi grand bien à
leurs Sujets, en leur enfeignantl’agriculture, & en réglaric l ’arpentage, le
partage & la culture des terres , par des Loix pleines de prudence & de fagefle,
qu on les mit au rang des Dieux après leur mort. O r , coin nie l’opinion de
ces temps-la éroic que lame des Princes., après leur mort, entroit dans quel-
qu un des aftres pour l’animer , on prétendit que celle d’Adonis & celle
d Aftarté avoient choifi le Soleil & la Lune pour-leur demeure ; ce qui porta
plufieurs à les adorer fous le nom & la;figure du Soleil qui fertilife la terre ,
tandis que d’autres les adorèrent fous la figure d’u nBoeuf& d’une Vache, qui
font auffi les*fymboles du labourage & de la culture des campagnes, dont on
fuppofe qu’ils avoient pris grand foin.
Adonis SC Aftarté de la Fable.
La Fable n’a pas manqué d’embellir le fond de leur Hiftoire par plufieurs
fi étions, qui enfirent untiftù de merveilles. Elle a fait naître Adonis du commerce
inceftueux de Cinyre avec fa fille Myrrha : .elle a fuppofé que Myrrha
fuyant la colère de fon Père, quelle avoir trompé dans le temps qu’il étoit
iv re , avoit obtenu d ’être changée en un Arbre qui porte la .Myrrhe ; que cet
Arbre s etoit ouvert pour donner le jour & la nailfance à Adonis ; que ce jeune
Prince, plein de grâces & doué d’une grande beauté, étant paffe à la Cour
de Byblos,^ Venus ( la même qu’Aftarce)en étoit devenue amoureufo.; quelle
avoir quitte la compagnie & le féjour des Dieux pour le fuivre dans les forêts
du Mont Liban ; que Mars jaloux & irrité de cetcé préférence, s’en étoit
vengé, en portant Diane à envoyer un Sanglier ..pour attaquer Adonis à la
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chaffè y & le bleffer à mortpqüe l’on.avoir lavé, la plaie de Ce Prince moribond
dans -les eaux d ’un fleuve qui en avoit rougi y &. qui., pour cet effet,
avoit été appelle le fleuve .dAdonis ; qu’Adonis étant mort y & defeendu
dans lé Royaume de Pluton y infpira des fentimens de tendreffe à Prùfer-
pine ; que Vénus en étant devenue jaloüfe, préfertta fa requête à Jupiter ■
pour Obtenir le retour de fon époux ; que ce üieu'scrant trouvé embaraffé
entre la demande de Vénus.& .lés^oppôfitions de Proferpine , avoit nommé
Calliope pour décider l’affaire; & qu’enfin cette Mufe, pour concilier les
parrieslitigantsesi, avoit. arrêté qif Adonis ffefteroit la moitié de l’année dans
les Enfers avec Proferpine., & qu’il viendrait paffer l’autre moitié fur la T erré
avec Vénus. - me . f . e : :
A u moyen de toutes.ces.fiftions & de plufieurs autres, Adonis fut adore
& fa femme Aftarté- partagea les honneurs-divins ..avec, lui y fous les différens
noms de Lune , de Vénus Céleftc , de Vénus de Byblos-, de.Junon, d’Europe,
de Decerto & d’Atergatis’; noms , que lui ont donné les. différens-
Peuples qui l’adorèrent.
Aftarté fu r les Médailles.
O n la voit fur les Monnoies de Carthage, ou placée- fur un char a deux
roues, ou affile fur un L ion , tenant la foudre de. Jupiter, d’une main, & un
feeptre de l’autre; Sur celles.de.Berytes,: de Céfarée., des Sidoniens & de
quelqu’autres'Villes -, elle eft debout, quelquefois habillée de long, &plus
fouvent d’une efpèce de tunique fort courte. O n la repréfente ordinairement,
for ces Médailles de Colonies & d eV ille s , dans le milieu drnn Temple, cou-,
ronnée de créneaux ou de tours , tenant une tête d’homme d’une main ,.
s’appuyant de l’autre fur une pique, & foulant d un pied la figure d un fleuve ;
ou debout, vis-à-vis d’une colonne formontée de la Victoire, quelle femble
vouloir couronner de laurier ; fans doute parce qu étant la Divinité & le Genie
de ces Peuples, qui avoient remporté quelques viéfoires for leurs ennemis,
on vouloit montrer par-là quon lui attribuoit des heureux focces .de fes adorateurs.
Souvent elle tient une tête, & foule un fleuve., fans etre placée
dans un Temple. ' " • r e ' .-
O n ne la donnera, à la planche V I I e. N°s. 1 4 .& i y. que de deux façons-;.! *
comme elle eft repréfentée for quelques Médailles des Empereurs, Sévère &
Caracalle, dont la légende eft, Indulgentia Auguftorum in Carthannenfes ;
c ’eft-à-dire, Indulgence, Clémence, ou Bonté, jBienfait des deux Âu^uftes,
en faveur des Carthaginois. O n verra dans la fuite quelles font les differentes
lignifications du mot d'Indulgence , for les Médailles. Sur la Médaillé donc -il
s’agit, Aftarté eft affife for un Lion en furie, qui la transporte aVec toute-la
vîteffe polfible. Elle paraît vêtue d’une robe longue, la foudre & le feeptre
en main. i° . la fécondé la repréfente couronnée de Tours.
S e c t i o n V. .
D u Dieu A ty s , de l’Écriture Hiéroglyfque.-
Atys & Oliris font les mêmes Divinités : leurs noms, dit M. Pluche, ne
différent que par le fon ou par la manière de les prononcer en -Egypte &, eu
Phrygie ; mais chez ces deux Peuples ils lignifient 1 un & 1 autre la merné
ehofe que Seigneur. C eft auffi l’Écriture facree qui a donne la.naiffancea tous