
Notre Auteur part de ces principes, pour expliquer tout Amplement plu-
fieurs types à peu près femblables, que d’autres ont trouvés énigmatiques. Si
fur quelques Médaillés de Chio on voit un quarré divifé en quatre autres'plus
petits, ou par deux bandes fort larges , & fur lefqüelles eft ordinairement le
nom du Magiftrat, c’eft que l’ouvrier a jugé à propos de faire ces bandes
plus larges fur la pièce que nous donnons ici ( a u n . i o ) , que d’autres n’ont
cru le devoir faire fur deux Médailles d’argent plus anciennes, qui font repré-
fentées { aux nn. 1 7 & 1 8 ) , dont l’une a d’un côté une aire en creux toute
Cmple, & la fécondé repréfente , au lieu de ces deux bandes larges, deux
{impies lignes qui fe coupent perpendiculairement, & qui divilent le champ
de la Médaille de Cnoflus ( n. 7 ) , de celles de Corcyre , de Dyrrachium,
& d Appolonie en Epire (dont deux aux nn. 21 & 2 1 ) , qui repréfentent d’un
côté un quarré chargé d’ornemens, & divifé en deux parties égales : ce font
là des operations de néceflité & de fantaifie, que les Monnétaires y ont mis, &
pour fixer le flan entre les coins, & pour orner une empreinte & un creux,
qui, fans cela, n’avoient rien qui put plaire aux yeux. Il ne faut pas chercher là
l ’idée de l’enclos, des compartimens, & desornemens des Jardins d’Alcinoiis ,
R o i des Phéaques, Peuples de l’Ifle de Corcyre, & Prince fort amoureux de
l ’agriculture.
M. l’Abbé Barthelemi finit cette première feétion par une obfervation, qu’il
eft bon de mettre ici. Il dit qu’il y a encore une autre forte d’empreinte en
creux, qu’on apperçoit fur les plus anciennes Médailles de la grande Grèce ,
& principalement fur celles de Colonia, de Crotone, & de Métapontum.
Ces Médailles, dit-il, ont deux types, l’un en relief, & l’autre en creux ; Sc
par-là elles ont quelque reffemblance avec les Médailles incufes, avec lesquelles
neanmoins il ne faut pas les confondre. Nous avons montré plus haut
que ces Médailles incufes ne doivent qu’au hazard ,**& à l’inadvertance des
ouvriers Monnétaires, la Angularité qui les caraôtérife. Il n’en eft pas de même
de ces autres Médailles, dont on parle ici : c’eft à delfein qu’on leur a donné un
type en relief & un en creux : ces types font fouvent différens l’un de l’autre.
Quelques Médailles de Métapontum ont d’un côté la tête d’un taureau, 8c
de 1 autre une epi de bled ; fur celles de Crotone , c’eft quelquefois une aigle
éployée, au revers d’un trépied ; fur une de Colonia, on voit d’un côté un oifeau,
dont il ne paraît aucun veftige furie côté oppofé ( V oyez n. 2 3 & 24 )r, & ce
qui eft de plus frappant encore, le mot de ka tao , abrégé de Colonia y eft
en relief de chaque cote. Il s enfuit de la que ces Médailles etoient frappées avec
deux coins différens, dont l’un étoit gravé en creux, & l’autre en relief; ce qui
eft une fuite de 1 ulage ou 1 on éto it, de frapper la monnoie de la forte, tant
pour retenir plus aifement le flan entre les deux coins, que pour épargner la
matière, qui fe trouve bien moindre ? pour les Médailles où il y a un relief,
& un creux , que pour celles où les deux types , font en relief.
Notre Auteur promer, après cette obfervation, de faire voir que les Médailles
qui ont des airs tn creux, font communément antérieures à l’an 400, avant
l’Ere vulgaire, & de tacher d indiquer en quel temps elles ont commencé.
Il donne enfuite l’explication des Médailles qu’il a choifi parmi grand nombre
d autres, qui ont des empreintes en creux, pour les faire fervir de preuves à
ce qu il a dit dans cette partie de fon mémoire , fur la fabrique des monnoies.
Vo yez l’explication qui eft à la fin du Chapitre troifième.
Dans la defcription que nous avons donnée ci-deffus de la Médaille &
des méthodes differentes que 1 on peut obferver dans la fabrique des monnoies,
nous
nous avons parlé de moules , & nous avons dit qu’on s’en fervoit auifi bien
que du marteau & du balancier, pour en fabriquer. Il eft donc à propos de
faire connoître au Leéteur ce que c’étoit que ces moules, & de quelle manière
on s’en fervoit autrefois. Pour cela, nous copierons ici ce que M. Mahudel
nous a donné fur la matière, la forme & l’ufage des moules, dans les réfléxions
qu’il communiqua à l’Académie des Infcriptions & Belles-Lettres, en 1 7 16 ,
à l’occafîon de quelques-uns que l’on venoit de trouver fur le penchant de la
montigne de Fodrvières, où etoit autrefois fituee la plus belle partie de la
.Ville de Lyon.
Observ at ions de M. M ahudel , fu r l’ufage de quelques moules antiques
de Monnoies Romaines découverts a Lyon 5 tirées du volume des
Mémoires de l’Académie des Infcriptions, êCc. page 218 SC fuivantes.
» La matière de ces moules eft une argille blanchâtre cuite : leur forme eft
» plate, terminée par une circonférence ronde, d’un pouce de diamètre :
« leur épaiffeur eft de deux lignes par les bords , & eft diminuée dans cet
» efpace de l’un ou des deux côtés du moule, qui a été cave par l’enfoncement
» de la pièce de Monnoie, dont le type eft refté imprimé. O n d it, de l’un ou
» des deux côtés du moule, parce que la plupart ont d’un côte l’imprèlfion
» d’une tête & de l’autre celle d’un revers, & que quelques-uns ne font
» imprimés que (l’un côte feulement.
» Chacun de ces moules a un endroit de fon bord ouvert par une entaille
« qu crénelure, qui aboutit au vuide formé par le corps de la pièce imprimée ;
» & comme la forme plate & l’égalité de la circonférence de tous ces moules
» les rendent propres à être joints enfemble, dans un arrangement relatif des
» types & des têtes, à ceux du revers dont ils ont conferve l’imprémon, &
,> dans une difpofirion où toutes ces entailles fe rencontrent, on s apperçoit
« d’abord que le fillon continué par la jonétipn de ces crénelures fervoit de
« jet au grouppe, ou rouleau, formé de Taifemblage de ces moules, pour la
« fiifion de la matière deftinée aux Monnoies;
» C e grouppe, qui pouvoit être plus ou moins long, félon le nombre des
« moules à double type dont on le compofoit, fe terminoit à chaque extrêr
» mité par un moule imprimé d’un côte feulement; & il eft facile de juger
,> par le refte de terre étrangère encore attachée aux bords de quelques-uns
» de ces moules, que la terre leur fervoit de lut pour les tenir unis , &c pour
« fermer toutes les ouvertures par lefqüelles le métal aurait pu s échapper ;
» ce lut étoit aifé à féparer de ces moules fans les endommager lorfqu après
» la fiifion la matière étoit refroidie.
« L ’imprelfion des types des têtes de Septime-Sévère, de Julia-Pia &
» d’Antonin leur fils, furnomméCaracalla, qui s’eftconfervée fur ces moules,
« rend certaine l’époque du temps de leur fabrique, qui eft celui de lEm-
5) pire de ces Princes, dont les Monnoies doivent être très-abondantes a L yo n ,
» puifque le premier y avoit féjourné affez de temps apres la victoire qu il
» y remporta fur Alb in , & que cette Ville étoit le lieu de la naiffance du
» fécond.
» Un lingot de billon, dont la rouille verdâtre marquoit la quantité de
« cuivre qui dominoit fur la portion d’argent qui y entrait, trouve en meme
» temps , & au même lieu que ces moules , ne laiffe aucun lieu de douter
» qu’ils n’aient fervi à jetter en fable des Monnoies d argent plutôt que d or.