
a que des toiles fuffent finies par le lever de la Canicule , ou d’Anubis. Le
» Peuple, en badinant fur ces figures, compofa la Fable d’Ifis changée en
» Va ch e , de fon gardien Argus, & du bel exploit de Mercure qui enfiic
« furnommé Argiphonte, le meurtrier d’Argus. O n trouve dans Piérius que
» les Égyptiens donnoient aulli le nom d’Argus au Paon placé à côté de
» Junon ou d’Ifis ; & dans les Mythologues, que Junon, après la mort
» d’Argus, prit les yeux qu’il portoit, & quelle en embellit la queue de lo i-
» feau qu’on lui avoit confacre. C e Paon placé auprès d’Ifis, n’eft qu’un attri-
>> but propre à défigner le temps des veillées , par une agréable imitation, ou
•> du Ciel étoilé, ou plutôt d’une multitude d’yeux toujours ouverts. Le nom
” d’Argus , c’eft-à-dire, de TiJJèranderie, qu’il portoit alors, en eft la preuve,
■* & montre l’intention de l’Enfeigne. « Paffons à Junon delà Fable & de
la Numifmatique : fon origine eft alfez connue.
La D é e fe Junon , félon l’Hifloire SC la Fable.
L’Hiftoire & la Fable relèvent Junon plus qu’aucune autre Divinité. Elles
la font fille de Saturne & de Rhéa, foeur & femme de Jupiter, fceur aulli
de Neptune, Pluton, Vefta & Cérès. Il n’eft pas néceflaire d’entrer dans tout
Ce que la Mythologie en rapporte, dès qu’on conçoit fon origine. Venons
à ce que la Numifmatique nous en apprend.
Junon fu r les Médailles.
O n trouve fauvent Junon fur les Médailles, & de plufieurs façons, foit au
revers, foit à la face. Elle y a des figures, des habilletnens, des ornemens,
des attributs , des fymboles , des noms & des titres différens. Ils répondent
aux fonctions quon a jugé à propos de lui attribuer, aux divers endroits qui
le font difpute la gloire de lui avoir donné la naiflance, au noms & titres des
Villes ou des Peuples qui l’ont adorée plus particulièrement, & qui lui ont
bâti des Temples.
Ceux de Samos l’ont appellée Samienne, Juno Samia, parce qu’ils la regar-
doient comme originaire de leur Ville. La même prétention lui a fait donner le
titre d Àrgolique , Juno Argiva par ceux d’Argos. Les épithètes d’Augufte ,
de Grande Reine , de Lucine , de Sofpite, de Monnétaire, de Martiale , de
Viétorieiïfe, de Salutaire & deConfervatrice, lui ont été également données;
celui d Augufte, non-feulement à caufe de fa naiflance, quelle tiroit des Dieux
femblables à elle, mais encoTe relativement à la vanité de plufieurs Impératrices
& PrincelTes, qui, en prenant fa forme, lui ont communiqué leurs
titres & leurs qualités ; celui de Reine & de Grande Reine, parce qu’on la
regarda comme Mère des D ieux , & comme Maîtreffe Souveraine des Royaumes
& des Empires ; celui de Lucine, parce que l’on croyoit quelle préfidoic
aux acçouchemens, & qu’elle donnoit le jour aux enfans ; celui de Mon-
netaïre ou de Monete, parce que, félon les uns, elle donnoit les avertillè-
mens neceflaires a ceux qui étoient ménacés de quelque furprife & de quelque
danger, & , que, félon les autres, c’étoit cette Déelfe qui préfidoic à la Monnoie,
dont elle avoit inventé l ’Art ; celui de Martiale , de Viétorieufe, de Con-
fervatrice & de Salutaire , jaarce que l’on fuppofoic quelle alfiftoit fes Adorateurs
dans les combats, ou elle les protégeoit, &-leur donnoit même la victoire.
Juno Augufla, Juno Regina, Magna Regina, Juno Lucina, Sofpita,
Juno Moneta, Juno Martialis , Viclr ix , Salutaris , Confervatrix. Ce
font là fes titres, fur les-Médailles,
Toutes les repréfentations qu’on en trouve, répondent & aux idées qu’on
s’en étoit faites , & aux titres qu’on lui avoit donnés. Junon Augufte, ou
Reine, parole fur les Monnoies , la Patère , le Palladium, le Sceptre, ou la
Pique à la main : elle a auprès d’elle le Paon , fon oifeau favori : quelquefois
elle eft fur un char fait en forme de nacelle, traîné par deux Paons.
Junon appellée Sofpita tire ce titre de la dépouille de Chèvre dont elle eft
coëffée : on lui a donné auffi celui de Salutaire, fous la même coëffure, &
on lui a mis en main un bouclier marqué de la foudre , parce que- ce lont
des armes qui la rendent Salutaire à ceux pour lefquels elle s’intérefle dans
les combats. Junon Lucine, qui préfidë aux couches , tient un enfant fur
le bras, & en a deux encore à fes côtés. Quelquefois elle eft affife dans
une efpèce de fauteuil, avec une pique & un fouet a la main : le fouet marque
l’aélion par laquelle fes Prêtres pretendoient donner la fécondité aux femmes
ftériles , à coups de lanières, dans fes Temples. Junon Martiale eft affife
& tient une pique : elle a auffi un Paon auprès d’elle ; c’eft ainfi qu’on la
voit foùvent dans un Temple. Junon Viétorieufe tient des trophées de guerre
& des lignes de paix ; c’eft-à-dire quelle a en main la hafte, le bouclier
& une branche d’olivier. Junon Confervacrice paroît ou avec une Patère,
ou avec une Hafte & un Paon ; quelquefois le C e r f ou la Biche lui fervent
de fymboles. Si elle n’a pas toujours tous ces attributs & tous ces fymboles,
avec ces titres , elle en a du moins quelqu’uns qui la rendent très-reconnoif-
fable par-tout, quand meme fon nom ne fe trouverait pas dans les légendes.
Il y a une Médaille où elle eft couverte de la peau de Chèvre, dont la légende
confifte en ces quatre lettres initiales J. S. M. R. qui lignifient, Juno
Sofpita Magna Regina. Nous la donnons de trois différentes façons , à la
planche IX e. n0s. i . z . & 3. ; 1 o. comme Sofpita Magna Régna ; z°. comme
Lucine ; 30. comme Reine. »
S e c t i o n X X V I I I.
D u Dieu Jupiter , de l'Écriture Hiéroglyfique.
C e D ieu , le premier, le plus grand , le plus puiflant & le plus redoutable
de tous les faux Dieux,-félon l’idée que s’en étoient faite les Idolâtres., a pris
naiffance, comme les autres , dans une Affiche fymbolique compofee de'si
lettres & des figures de l’Écriture Hiéroglyfique, & deftinée a pronoftiquer
ou à annoncer quelque chofe aux Peuples, aux yeux defquels 01^ 1 expofoit.
O n le fait fils de Saturne & de Rhéa, & on lui donna Neptune & Pluton
pour frères. C e n’eft pas fans quelque apparence de raifon que les Idolâtres les
ont tous faits lî proches Parens ; car Jupiter, Neptune & Pluton ne furent
d’abord qu’un meme & unique fymbole générique, ou principal de 1 Annee
Solaire, que l’on diverfifia par des ornemens & des fymboles fubalternes &
acceffoires, félon les faifons, les temps & les circonftances. Ce fut cette diver-
fité & cette variation de fymboles q u i, dans la fuite, fournit 1 idee d en faire
trois' D ieu x , tous trois fils d’un même Père & d’une même Mere : nous
apprendrons bientôt à les connoître, félon l’ordre alphabétique de leurs noms.
Enattendant, v oici, -félon M. Pluche lptymologie du nom dejupiter; &en