
” vellement. Ces billets jettes dans une urne , le tout étoit bien remué
” L premier ■ qu’on en tirait, étoit gravement délivré à la famille affligée,
; » comme un moyen de la tranquillifer. Les moyens de divination meurent
Vi point de fin. Prèfque toute la Religion fe convertit en autant de pratiques
. .. pour connoître l'avenir. Certains endroits s’accréditèrent plus que d’autres
»» & telle eft 1 origine des Oracles. Cette matière a été fuffifamment traitée
>> par les -Savans. Il eft fuperflu de la reprendre.
” Il eft évident, pourra-t-on me dire, que les pratiques dont on vient de
» parler, etoient tout-a-fait propres à répandre par-tout cette folle perfua-
” lion, qui s entretient encore parmi le Peuple, qu’bn peut converfer ayec
” les Morts, & qu’ils viennent fouvent nous donner des avis:’.Mais quelles
» {neuves a-t on que ces pratiques fi étranges , aient été communes autre-
» fois ?
” Si je puis encore adminiftrer a mes Ledieurs les preuves de cet ufa<re , ou
" plutôt de cet abus fi pervers du Cérémonial Funèbre ; j’aurai, ce me femble,
-, ” fuffifamment fait voir que les opinions des hommes fur les D ieu x , fur les
» Morts, te fur les réponfes qu’on peut recevoir des uns & des autres, ne
» font qu une interprétation littérale & groffière qu’on a donnée à des lignes
très-fimples, & a des cérémonies, encore plus fimples, qui, tendoient à°ex-
” primer certaines vérités, ou à acquitter certains devoirs.
” C eft parce que tous .les Peuples couraient en foule fur les Hauts Lieux
». pour y verfer le fang^des vidimes dans une folfe, te pour converfer avec
• ” tel ou tel Mort, en éloignant les autres par la vue de l’épée, qu’il eft fi
» fouvent, & fi expreffément défendu aux Ifraëlites de s’ajfembler fu r Les
” Lieux Hauts ; o u , ce qui étoit fouvent la même chofe, de tenir leur ajfem-
» blée auprès dufang, ou de manger au tour d’une fojfe arrofée du fa n s des
L ufage d employer 1 epee dans ces facrifices mortuaires, pour fe déba-
» ralfer des ames^ que 1 on ne vouloit pas évoquer, eft attefté dans le reproche
quc le Prophète Ezechiel fait aux Hébreux, d’avoir mangé les chairs de
» leurs facrifices auprès dufang qu’ils ont répandu, ÔC d’avoir eu auprès d’eux
» ' Leur epee dans ce repas abominable. ( Ézech. 3 3. z j . te z6. Hebr. ).
Homere, plus ancien quÉzéchiel, nous montre les.mêmes pratiques
” CS ®cclc*eiltaux j & devient ici le Commentateur de l’Ecriture
” U1yffe voulant interroger fur fon retour en Itaque lame de Tiréfîas, qui
pafloit pour ^ etre tout autrement illuminée que le refte des Morts, com-
» mence par répandredans une folfe du miel, du v in, de l’eau, & de la farine
» en 1 honneur du commun des Ombres 3 afin qu’en s’exerçant à l’écart 3 elles
” lU', ^a^ ent champ libre : puis il fait ailleurs une autre folfe, où il verfe
” fpecialement en l’honneur de Tiréfias le fang d’une vidime choifie. I l
“ timt enfuue fu r le fa n g , ou auprès de ce fang X épée'a la main. I l difiipe
” Les Um?r\s legeres qui en étaient avides , & empêche quelles n’en goûtent
” avant ah confulté Tiréfias. Cette ame nommément évoquée arrive
” ,enfm : Prie le Héros de s’éloigner de la foffle, & d’ôter fon épée dont
” a vu® . ePouvante, afin quellepuiffe boire le fang verfé en fon honneur
” ^ enluite apprendre a Ulylfe la vérité qui l’intéreffe.
” Cette divination, comme toutes les autres, étoit donc fondée furie
» lens pervers qu on donnoit à d’anciennes cérémonies très-fimples", tel très-
” innocentes dans leur origine , & qui devinrent autant d’ades d’idolâtrie
» ou une occafion prochaine d’idolâtrie , par la faulfe interprétation qu’on
y
■ù ÿ ditoftia. Ainfi le tour que prirent les cérémonies dans l’efprit des Peuples,
•s» éft u te Nouvelle preuve de la façon groffière dont ils ont perfonnifie, ou
ft ï&lrffi les fyïhboïes mêmes ; & il rélulte de tout ce que nous avons v u ,
$ '<¥èè lîd'oiâtrie, l ’Afttologie \ les Augures, les Évocations, &: la Magie ,
$ ©ne ‘toutes pratiqués également abfurdës , également menfongères, pro-
y, pUr là fàilffe intèiligënce du cérémonial, occafionnées & entretenues
S p⟠la cupidité 'dès Peuplés, accréditées fàns examen par un ufage uriiverfel,
» te aidées par l’avarice des Prêtres. Peut-être ceux-ci étoient-ils perfuadés de
$ l'èiteêllénè'e deleùts prédidiôns, qui nè pouvoient guère manquer d’avoir
U qUblqUéfoiS une àppârèftqp d’accomplifTement. Il eft fort croyable que
■n rtüahd l’évenement les démentait, iis fe féduifoient eux-mêmes par 1 inter-
v, vention de bette foule de Puiffârices toujours appliquées à tout brouiller
» dâità le M onde, te qu’ils eftimoient de très- bonne foi un Art qui les mettoit
3> & Faire;
S Eli îéduifaht l’Idolâtrie & la Divination, qui ont fi étrangement des-
* h'onnoré la raifort, à des pures illufions, caufées par la cupidité &: par l’igno-
„ târtCe , je fuis bien éloigné de penfer que les malins efprits n’aient pas
» èxërcé fût les hommes la mefüre de pouvoir que Dieu leur a donnée,
s» felôn lés vues impénétrables, & toujours adorables de fa fageffe. Au-con-
»i fcràirê, je fuis ttès-convaincu de leür exiftence, comme auffi de leurs efforts
» pour notre ruine, & fpecialement des vexations qu’il leur a été donné
» d’exercèr fur ies corps des Énergumènes pour la manifeftation de la puif-
î> faheé dé la grâcè du Siuvèur. J’avoue de plus que Dieu a quelquefois permis
U aux Efprits dé ténèbres de répondre, par quelques apparences équivoques,
» âûk délirs de Magiciens & de Peuples féduits. Mais ce qu il accordoit a des
Ü cupidités crimiftèlles, en étoit la punition. Tous ces Arts n’en font pas
yi moiris trompeurs, moins vuides de réalité , ni moins dépourvus de réglé,
»» puifqtfils doivent tous leur naiffance à l’oubli du fens des, premières infti-
A tutions, qui Ont été données aux hommes fur le cours du Soleil & de la
» L u n e , fur le Labourage, fur les règles de la Société, & fur la reconnoiffance
i> auè à l’Auteur de tous lès biens ».
Voilà Une digréffion longue, mais néceffaire, pour faire connoître la véritable
ofigirie des Mimes, leur nature & 1 ufage auquel on les^ appliquoit.
D ’ailleurs tout ce que l’on vient de tranferire de M. Pluche a leur fujet,
Édhnera, dârts là fuite, du jour à plufieurs réfléxions fur les Oracles, les A u -
güres, &c. & l’dh aura occafion d’y renvoyer plus dune fois le Leéteur.
D è s Génies, Lares, Mânes , Pénates , SC autres femblables Divinités
Païenrles , feloû l ’ïhjloire , là Fable , SC la Numifmatique en meme
TetûpS.
L ’Hiftoire te la Fâble n ont pais ajouté beaucoup à ce que nous venons
dé dire fur les Diètrx qu’on appelle Génies, Lares, Pénates & Mânes, dans
la cfaffé défquéls on peut ranger ceux que l’Antiquité nommoit Dieux Gé-
hitâtes', D i t Gertital'es ; Dièiix Nourriciers, DU Nutritores ; Dieux de la
Patrie, D it Patrit. La Numifmatique paraît n’avoir jias fuivi la Fable en
tbtft point, à l’égard de ceux de ces Dieux qu’elle a reprefentes, ou dont elle
■ rtfcnis à Cottfërvé les noms fur les Médailles. Nous allons rendre en détail ce
què l’ufïe & l’autre nous apprennent fur chacun d eux , fans nous aftreindre
à ftiîvrè ici l’ordre alphabétique;