
1 1S IN T R . A L A S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . C hap. V .
les leux. Leurs figures fervirent de fymbole & d’enfeigne, avant que detrë
réputées & adorées pour des Divinités. S ’ils ont eu la même origine, on leur a
donne aülfi la même compagne & la même femme, qui e ftlfisou Cybèle :
il étoit donc plus quejufte de leur attribuer encore les mêmes inclinations,
les mêmes defordres & le même fort.
A ty s , fé lo n l’H ifto ire SC la F able.
L a Mythologie nous préfente plufieurs Atys. L ’un fut fils d’Hereule &
d’Omphale ; l’autre prêt à époufer lfmène, fille d’CEdipe, fut tué par T yd é e ,
avant fes noces. Mais il ne s’agit point de ces deuxAtys ou A ttïs , dans la
Numifmatique, non plus que de quelques autres qui ont porté le même nom,
Ce lui que nous avons fur les Types de quelques Médailles, fut particuliérement
adoré par les Phrygiens, qui le prirent pour le Soleil, & lui donnèrent
l’épithéte de Menotyrannos, mot grec qui fignifie, le Ro i, le Seigneur des
mois & le Maître de l’année ; ce qui convient au Soleil.
O n lui compofa une Hiftoire, & l’on en fit un jeune Phrygien d’une
grande beauté. La Déefl'e R h éa, autrement C yb è le , en devint, dit-on, éper-
duement amoureufe, & pour le trouver courut les montagnes & les forêts ,
avec fa Troupe éplorée & gémilfante. Lorfqu’elle eut réulh dans l’aocomplif-
fement de fes défirs, elle en fit fon Prêtre particulier, & lui confia le foin
des Sacrifices & des Fêtes quelle ordonnoit de faire à fon honneur, en exigeant
qu’il garderait la chafteté ; mais ce Favori obferva fort mal la condition qu’il
avoit acceptée, & fe laifla prendre aux appas de la Nymphe Sangaris ou
Sangaride. Honteux de fa faute, il fe mit hors d’état d’en jamais commettre
de femblables. Cette mutilation le rendit un ohjet d’horreur pour Cybèle,
qui le métamorphofa en Pin.
Depuis fon infortune, Atys s’habilla en femme, & fe comporta comme
s il eut changé de fexe. Plufieurs différens Monumens le repréfentent habillé
d une robe longue & femblable à celles que portoient les femmes ; mais on ne
le voit qu en habit court & couvert d’un bonnet Phrygien fur les Médailles.
C e fu t , a ce que 1 on fuppofe, avec 1 hahillement de femme qu’il courut le
Monde pour établir le culte de C yb è le , & pour en preferire la forme : il lui
dédia particuliérement un Temple en Syrie.
A ty s fu r les M éd a illes.
O n le trouve fur une Médaille de Fauftine, femme d’Antonin-Pie, &fur
une autre de Gordien, avec le bonnet Phrygien & couvert d’un habit court,
ouvert en plufieurs endroits. La Décile Cybèle eft aifife près de lui fur un
efpèce de Trône, avec un Lion à fes côtes. Voyez planche V I I e. N°. 16.
O n pourra auffi avoir recours à la Sedtion X 11 Ie. où l’on parlera de Cybèle.
S e c t i o n VI .
L e s D ie u x A u fp ices de l’É critu re H iéroglyfique.
Nous avons vu plus haut que les Égyptiens avoient ehoifi la Figure des O i feaux,
en general, pour fymbole des Vents, & celle des. Oifeaux d’une efpèce,
pour marquer en particulier certains Vents. Les. Prêtres Affropomes, voulant
avertir
D E S T Y P E S D E S M É D A I L L E S . n f
avertir le Peuple qu’un tel .Vent alloic fe lever & dominer, expofoient à cet
effet un fymbole, fur lequel ils avoient fait tracèr, peindre, ou graver la Figure
de celui des'Oifeaux que l’on ne voyoit dans lé Pays qu’au lever de ce meme
V en t, & quand il régnoit. Ils montraient, par exemple, comme on l ’a déjà
dit, la Figure.de l’Eperyier pour annoncer le retour du Vent du M id i, & de
la Huppe pour annoncer celui du Nord. Si donc quelque Égyptien devoir
femer ou planter quelque chofe, Ou s’il avoit à voyager par terreou par m er, il
regardoit auparavant ces fymboles & les confultoit, pour favoir s’il .aurait un
vent favorable à fes entreprifes., Cela s’appelloit confulter les Oifeaux ; ce
qu’on exprimoit chez les Latins par le mot de Avijpiaum, qui, à proprement
parler, fignifie regarder aux Oijeaux.
Ceux qui fuivoiént cet ufage s’en étant bien trouves par l’eVenement, Celle-
rent bientôt de regarder la Figure de ces Oifeaux comme de fimples fymboles, &
attribuèrent aux Oifeaux mêmes une vertu divine, qui donnoit non-feulement
les vents favorables, mais encore le fuccès aux opérations & aux entreprifes
qui avoient ete les fuites de ce regard & de ces confultations. Si l ’on n’en fit
pas d’abord des D ieu x , on les regarda au moins comme leurs Melfagers, &
l’on crut que les Dieux les envoyoient pour apprendre, par la variété de leur
ramage, & par les differentes routes qu’ils tenoient en volant, leur volonté aux
hommes j & pour leur faire connoître par ce moyen ce qu’ils dévoient ou ne
dévoient point entreprendre. Peu-à-peu on fe perfuada qu’ils étoient les fiçnes
avant-coureurs de tous les évenemens ; & pour lofs il n’y.eut plus qu’un pas
à faire pour , les mettre au nombre des Dieux. La reconnoiffance, l’ignorance
& la cupidité ne tardèrent pas d’opérer en leur faveur, comme en celle des
affres, des animaux & de beaucoup d’autres chofes, le miracle qui les plaça
dans le C ie l, avec Jupiter & fon nombreux Cortège. Le môt d’ Avifpicium,
?jui fignifie regard, inj'peclion des Oifeaux , examen du vol des Oifeaux ,
ut changé en celui d' Aufpicium, qui veut dire, Aufpice , Protection. Comme
on demandoit, & à tous les Dieux en général, & à chacun d’eux en particulier ,
cette protection, on s’accoutuma bientôt à leur donner à tous le titre de
Dieux Aufpices, D iis Aufpicibus, & on leur accorda à tous le même encens
les mêmes facrifices & la même confiance. Voilà donc l’origine des Dieux
Aufpices, félon M; Pluche.
Les D ieu x Aufpices, fuivant l’Hifioire SC ta Fable.
Le titre de Dieu Aufpice ayant été donné indifféremment à tous les Dieux ,
en general, & à chacun d’eux en particulier, ce fera dans chacune des Seétions,
ou 1 on traite de ces Dieux , que l’on apprendra ce que l’Hiûoire & la Fable
en ont dit. Ainfi il ne nous refte ici qu’à faire connoître ce qu’ils font dans la
Numifmatique, & comment ils font reprélentés fous ce. titre, fur les Médailles..
Les D ieu x Aufpices des Médailles.
Nous en avons quelques-unes, parmi celles qui ont été frappées à l’honneur
de Septime-Sévère, qui portent cette légende au revers, D iis Aufpicibus, c’eft-
a-dire, aux Dieux Aufpices. Ces Médailles, qui font de Moyen Bronze, repréfentent
du même côté deux Figures qui font debout ; l’une eft d’Hercule ,
avec la dépouillé du Lion fur fon bras gauche, &c Ja maffue à la main droite ;
1 autre de Bacchus qui tient fa coupe d’une main , & une pique de l’autre,