
avec un Tigre à fes pieds. Cec i confirme ce qu’on vient de dire, favoir que
le?Dieux Aufpices ne font pas des Dieux particuliefs, & que tous les Dieux ,
ou du moins la plupart, ont été invoques fous le titre d'Aufpices ; titre que
chacun donna a fon Dieu favori.
O n prétend que Bacchus’ & Hercule l’ont reçu dans les Médaillés de
Septime-Sévère, parce que ce Prince les regardoit comme fes Protecteurs &
fes Aufpices contre P ejctnnius Niger-&t fes Alliés. Bacchus, félon la Fable ,
avoir triomphé des Indes ; Hercule avoir dompté les monftres, & vaincu plu-
fieurs Tyrans ; c’eft pourquoi cet Empereur envifageant Pefcennius comme u n
T y ra n , s’étoit mis fous la protection de ces Dieux, avant de partir pour le
combattre. Il fe fit meme repréfenter au revers des Monnoies, dont il eft ici
queftion, fous la figure d’H ercule, & fon fils Caracalle fous celle de Bacchus;
& pour montrer la pleine confiance qu’il mettoit dans le fecours de ces
deux Divinités, il les fit regarder comme fes Dieux Aufpices, en faifant
graver pour légende fur ces Monnoies, D û s Aujpicibus. Il feroit inutile de
donner ici la Médaille ou ces Dieux font qualifies & Aufpices ; il fuffit de
l’avoir décrite : d’ailleurs ces Divinités font allez connues, & la légende ne permet
pas de s’y tromper.
S e c t i o n V I L
D e Bacchus -, félon l ’Ecriture Hiérogyfique » oC par occafion , des Bacchanales,
des Bacchantes, des Faunes, des Sdenes, des Satyres, des Sylvains ,
SC de tout ce qui peut y avoir quelque rapport.
Des figures, des fymboles, des noms, des mots, des cris, des fêtes bruyantes
& des travaux annuels ont donné lieu à la naillance de Bacchus, des
Bacchantes, des Bacchanales, des Ménades, des Balfatides , des Satyres, des
Faunes, des Silènes, des Sylvains & de toute cette foule de Divinités toujours
prêtes à boire, à fauter, à danfer & à rire. Voici comme s’en explique M.
Pluchê, que je fuis le plus exactement qu’il m’eft polfible, dans tout ce qui
regarde l’origine des DieUx.
Parmi les Figures de l’Écriture Hiérôglyfique, & les fymboles que l’on repré-
fentoit, & que l’on montrait aux Peuples pour les inftruire fur ce qu’ils avoient
à efpérer, à craindre, ou à faire , il y avoit celle d’H orus, qui paroiffoit
fouvent. Mais dans ces apparitions, on le montrait quelquefois habillé, orné
& accompagné de tout ce qui pouvoit repréfenter l’état, l’habillement &
l’occupation des hommes, avant le Déluge. Dans ces premiers temps, le
labourage etoit comme dans fon enfance : auffi Horus étoit-il repréfenté
fous la figure d’un Enfant. Dans la repréfentation fymbolique, on le plaçoit
ou fur un van propre à vanner des grains, ou dans un pannier , avec un
Serpent. Le van & le pannier fignifioient ou la Moilfon ou la Vendange ; le
Serpent etoit le fymbole delafanté, dufalut, & d e la v ie, que l’on demandoit
au vrai D ieu , immédiatement après le D éluge, dans les Fêtes commémoratives
de l’ancien état du genre humain, tel qu’il étoit avant cette révolution. Quand
il s’agilfoit de repréfenter les chaffes deNemrod.& de quelques autres Chalfeurs,
alors l’Horus paroilfoit en habit & en équipage de chaffe, pour annoncer des
Fêtes que l’on devoit célébrer par des chalfes d’animaux : ces chaffes, comme
ces animaux, étoient quelquefois réelles ; d’autrefois elles étoient figurées &
repréfentées feulement. Si l’on vouloit apprendre aux hommes, après le
Déluge
Déluge, comment étoient habilles ceux'qui l’a voient précédé, loifqüe les
pluies étoient encore rares & douefes, l’air tellement tempere qu’on pouvoit
fe paffer de maifons, & qu’il fuffifoit d’avoir pour habit des peaux fort courtes
& préparées à cet ufage, alors l’Horus étoit habillé de la même façon, c’eit-à
dire avec des peaux de bêtes : les figures qui l’acèompagnoient étoient aulîî
fous le même habillement.
Rappelions notre principe, c eft-a-dire qüe l’oubli de la Lignification de ces
fymboles & de ces repréfentations fymboliques, & par conféquent l’ignorance
formèrent les D ieux des Païens, & en peuplèrent le Ciel & la T erre. A u milieu
des Affemblees ou l’on expofoitcés fymboles, on loüoit le vrai Dieu, dans les
premiers temps, & l ’on s’adrelfoit à lui pour lui faire des Sacrifices, pour lui
offrir des voeux, pour lui demander ce dont il eft le Maître, l’Auteur & lé
Principe, c’eft-à-diré, la fanté, la vie & tout ce qui fort à les entretenir. Les
prières que l ’on faifoit étoient adreffées au C ie l, où eft fon T rôn e, au milieu
desfoupirs, des pleurs & des cris : on crioit à voix haute, ioBacche , io Bacchot;
ce qui figuifie, Seigneur ■> voyeç nos pleurs : ou pleurons devant le Seigneur.
Infenfiblement on oublia la lignification des fymboles que l’on voyoit & qué
l ’on n’avoit expofés que pour inviter à ces Fêtes, & pour apprendre quels en
étoient l’objet & le fujer: on s’attacha & o n fe fixa aux Figures repréfentées,
fans monter plus haut : on transféra le culte & les voeüx qùi ne font dus
qu’à l’Étre fuprême, aux Images que l’on avoit fous les yeux. Quand on eut
une fois oublié la lignification des chofes, on ne fe fouvint bientôt plus du fonS
des noms & des mots. Io Bacche ne lignifia plus, Seigneur, ou, D ie u , voye£
nos pleurs ; on interpréta ces cris & cecte prière comme fi on les adrelfoit à
un Dieu qui s’appelloit Bacchus ; comme fi on difoit, Seigneur, Dieu Bacchus,
voyc[ nos pleurs. C e mot io ne palfa plus pour un gémilfoment, pour
un foupir, pour une invocation ; mais pour un cris de joie, dont on faifoit
retentir le lieu de l’Alfemblée, en préfence du Symbole divinifé. Les Fêtes
changèrent d’objet, & bientôt elles répondirent à l’idée qu’on s’étoit faite du
nouveau Dieu que l’on adorait. O n ne penfa plus qu’à boire, à fauter,
à danfer & à rire. La Divinité que l’on venoit de créer, fut repréfentée dans
l ’attitude d’un homme qui eft de la meilleure humeur. La Vigne, les Raifins,
les Pots & les Coupes devinrent fes ornemens, fes attributs & fes fymboles.
Les Alfomblées dégénérèrent en Mafoarades où s’introduifirent la débauche,
le libertinage & toutes fortes de diffolutions. Après s’être habillé des peaux des
animaux, dont on v ivo it, on voulut repréfenter les animaux memes ; l’un
fit la Chèvre, l’autre le Bélier, &c. De-la les Faunes, les Satyres, les Silènes
& toutes les autres Divinités enjouées & ridicules, qui forment ordinairement
la fuite de Bacchus : de-là le Dieu Jardinier ou Vigneron, qu’on nomma
Sylvain, peut-être parce qu’il avoit encore foin des bois appellés, fÿlvoe, en
latin. L ’un fe peignit la face avec le jus de -la vigne, l’autre avec le fang des
animaux. A ce premier fard fuccédèrent les Mafquès. Les femmes confacrées
à ce culte furenc employées, lés unes à porter le coffret & les corbeilles facrées,
ou l’on mettoit tout ce qui fervoit à la repréfentation & à la fête ; les autres
à fuivre & à accompagner les premières avec des piques de chaffe, appellées
Thyrfes, ou avec des branches de Pin, donc on faifoit des torches pour éclairer
la marche & la danfo qui fe faifoiént en criant, en hurlant, & avec des
des geftes, des attitudes ridicules , & un enthoufiafme Bachique qui tenoic
de la furie. Le nom de Bacchantes, que ces femmes avoient d’abord porté,
& qui fignifioit des pleureufes ou gémiffantes, fut changé en ceux de M e -