
chez eux par des pratiques fuperftitieufes, & par des fymboles indignes de la
Majefté de Dieu : on fe fit des Images fenfibles de l’Auteur de la Nature ;
chaque V ille , chaque famille eut les fiennes ; c’étoit devant ces Images qu’on
fe profternoit, qu’on priait, qu’on offrait des Sacrifices. La fuppofition qu’il
y avoit en elles quelque vertu, fit les premiers Idolâtres formels dans le Pays
de Chanaam & chez les Peuples voifins : ce qui acheva de les perdre, ce fut
la penfée de donner une compagne à Dieu ; penfée malheureufe & folle ;
mais qui fembloit autorifée par la tradition, telle que Moyfe nous l’a tranff
mife lorfqu’en parlant de la formation de l’homme, il d it, que Dieu le fit
a fa rejfiemblance , SC qu’il le fit mâle SC femelLe.
■ Voila ce qui a fait que les Chananeens & les différens Peuples compris
fous les noms généraux de Phéniciens, de Syriens & d’Arabes ajoutèrent au
feul Dieu qu’ils avoient adoré d’abord comme Ro i du C ie l, ou comme le
C ie l meme, fous le nom de B e l, ou de B a a l, ou fous quelqu’autre nom,
une autre Divinité , qu ils lui donnèrent pour compagne ; ils l’appellèrent
auffi B a a l, la regardèrent comme la Reine du Ciel. Ils fuppofèrent enfuite
que les Planètes & les Altres étoient ou des Parties, ou des Miniftres de ces
Divinités : aulfi-tôt même qu’on eut donné les noms de ces mêmes Divinités
a plufieurs des corps céleftes, ils les regardèrent &c les adorèrent tous comme
des Dieux ; ce qui caufa l’entière corruption de leur ancienne & première
Religion.
Quant aux Égyptiens, on peut dire que chez eux , comme chez la plupart
des autres Peuples , 1 Idolâtrie ne fut qu’une corruption & un abus de la
Véritable Religion, 6c que les faux Dieux qu’ils adorèrent prirent leur naif-
fance dans diverfes figures fous lefquelles ils reprefentèrent ou Dieu lui-même,
ou le Soleil, la L u n e , les Aftres, la Nature, lesElémens, le Temps, les
Mois, les Saifons, les Signes du Zodiaque, 1 Année dans fon commencement
ou dans fa fin, les différens Ven ts , le Labourage, l’abondance , ou la médiocrité
des Moillons, les différens Arts & travaux qui dévoient occuper les
hommes & les femmes au-dedans ou au-dehors de leurs maifons, les Eaux ,
les Vaiffeaux , la Navigation, en tin mot tout ce que les Peuples avoient à
efperer, a craindre & a faire : les Dieux de chacune des Provinces, des
V ille s , des Familles y furent d abord en petit nombre ; mais ces Provinces ,
ces V ille s , ces Familles fe communiquèrent dans la fuite refpedHvement
leurs Divinités. L Égypte eut en particulier un Peuple de Dieux que l ’on
y diftingua en trois claffes, ou trois générations, autrement en Langue
Grecque, trois Théogonies. Les premiers & les principaux furent le Soleil,
la Lune, les Planètes, les fignes du Zodiaque , Ifis, Ofiris fa foeur & fa
femme , Horus leur fils, &c. qui furent adorés fous des figures, des formes,
des attributs, des fymboles, & par des Sacrifices & des Cérémonies qui varièrent
félon 1 idee des Prêtres & des Peuples chez qui ils furent reçus. O n verra,
dans^ 1 explication des Médailles où la plupart de ces Divinités font représentées
, quelle fut leur origine, de quel Culte on les honora, en combien
de façons ils furent transformés, & ce que l’Idolâtrie & la Fable firent dans
des temps différens.
La^Grece, comme nous lavons dit, eut d’abord des Dieux qu’elle croyoit
tous égaux, & qu elle regardoit comme les Gouverneurs du Monde. Elle
reçut encore, dans la fuite, tous ceux de l’É g ypte, les uns après les autres.
Elle changea noms & le Culte de la plupart, pour leur donner des noms
& pour leur offrir des viétimes, qu elle crut avoir plus d’analogie avec les idées.
quelle s’en étoit faites., & avec les fondions quelle leur attribuoit. Les
Grecs en firent trois claffes ou trois, généalogies a l’imitation des Egyptiens ;
mais ils changèrent les rangs que les premiers leur avoient donnés : par
exemple Vulcain étoit en Egypte un des plus grands & des premiers Dieux,
comme un Dieu dont l’opération maintenoit l’ordre dans toute la Mature ;
la Grèce au contraire, en fit le fils de Jupiter, & ne lui donna que des.
fondions’ fubordonnées.. Les Égyptiens lui avoient donné M^erve pour
femme ! les Grecs lui donnèrent ou Venus, ou lune des Grâces. L U iin s
des premiers fut le Bacchus ou le Dionyfus des féconds ; flfis Egyptienne
devint laDéméter Grecque ; l’Ammon de ceux-la, fut le Zen de ceux-ci:
Pan fut appelle Mendès ; Oro s , Appollon; Taaut ou Tho ot ou Thot ,
Hermès ou M ercure, & Artémis ou D iane , Bubaftis , &c. . .
O n vient de dire que les Grecs avoient fart trois claffes, ou mus généalogies
de leurs Dieux : il faut ajouter qu’ils en firent comme trois régnés qui
donnèrent lieu à diftinguer chez eux trois differentes Religions, qui fe A ccédèrent
comme ces règnes, & comme ces Dieux-Rois quelles eurent pour
Le premier règne fut celui du Ciel & de la T e r re ; ils leur donnèrent pour
enfans l'Océan & Thétis, Coeos & Phoebé, Hyperion & Theia , Creios &
Furvbie qui eurent auffi d’autres enfans, mais qu’ils ne prenoient pas pour
des Etres naturels..Ce netoit ni le Soleil, ni la Lune, ni les Planètes, ni,
les Aftres ni aucune chofe qui put tomber fous les fens ; c etoient des Dieu?,
comme Métaphyfiques, fortis d’Ètres auffi Métaphyfiques que les Grecs
regardoient & qu’ils adoroient comme les Gouverneurs du Soleil, de là L u n e ,
des Planètes, &c. Tels furent les Divinités de la première Religion des Grecs.
Comme la Terre fe plaignit, félon la Mythologie Grecque, que le C ie l
maltraitoit fes enfans & toute fa Famille, il % détrôné & Saturne prit |
place • c’eft ce qui forma l’objet du Culte dans la fécondé Religion des Grecs,
i v e c ’ ce Saturne ( qui netoit autre que la Planete de ce nom ) les Grecs
adorèrent alors les Aftres & la plupart des, Planètes ; favoir le Soleil, la Lune,
é t o i l e du matin, &c. Saturne fut reconnu pour leur pere & leur R o i, peut-
être parce qu’il eft lui même la Planete la jffus elevee de la Terre, _
Mms ce Dieu étoit cruel : il ne vouloir lir e honore que par des viéhmes
humaines : o n l’accufa de dévorer fes enfanS, & on fe laffa de lui. O n changea
donc de Religion en Grèce, pour une troifieme f oi s ,&1 on en établit une
nouvelle fur les débris des deux autres qui avoient fubfifte enfemble en cer
tains endroits, & féparemment l’une de l’autre en d autres lieux. Il en coûta
aux autres Dieux-Rois pour l’élévation de Jupiter, Dieu de la troifieme
Religion. Saturne fut jetté dans les enfers ; les Titans qui avoient pris fon
» p a r t a g è r e n t fa difgrace , après avoir ete vaincus dans un combat contre
fe nouveau Dieu ; mais ceux des Dieux de la fécondé Rehgion qui s etoien
déclarés pour lui continuèrent â régner, & eurent part aux honneurs lupieme^
qu’on lui rendit, quand on eut reçu fon Culte & renonce a celui des autres
Les Divinités qui compofèrent la Famille de Jupiter furent e'jL § ran
nombre: M. J e I . L . , < W le Tome X VIII-, page £ . J » M m m «
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« les unes, d it-il, font allégoriques ;ce font des facultés, des intelligences, S autres ton, des Êtres U . - & D™“ * fcW“* elalTe, on comptoi. les Heures, les Grâce.v Proferpme C eres , le. Mufes ,
T ,.. 1 ____ I. dp res Divinités ont d u rapport a le lp r it -
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