
lui que la flatterie a commencé à trouver cette vertu, a la déifier, & à l’adorer
fous le titre de Patience de l’Augufte ; Patientia Augufti. O n la personnifia
en fa faveur, pour la faire paroître au revers d une de fes Médaillés d argent,
fous la forme d’une femme aifife & tranquille, qui tient la Patere & la Pique,
comme marques de la Divinité ; elle ne fit pas grande fortune parmi les Idolâtres,
car on n’en connoît point d’autres repréfentations fur les Médaillés.
S e c t i o n X X V I I .
D e la Peur êC de la Pâleur.
C e fut Tullus-Hoftilius qui éleva la Peur & la Pâleur au rang des Divinités.
La Crainte y avoit déjà été mife par les Grecs. I l ’ étoit de quelque
juftice que la Peur & la Pâletit, fes filles & fes effets , participaient aux
honneurs divins chez des Peuples fuperftitieux, qui ne faifoient aucune difficulté
d’en rendre à tout ce qui avoit quelque chofe de frappant & d’extraordinaire;';.
- - - . ' ‘ ; ‘
Nous ne trouvons point d’images de la Crainte , fur les Médaillés y mais
nous avons, dans celles de la famille Hojlilia, deux têtes ( planche X IV '.
nos. 19. & 30 ) , dont la première eft celle de la Pâleur, Pallor, & la fécondé
celle de la Peur, Pavor. L a Pâleur a près d’elle un Inftrument militaire
, appelle Lituus, qui étoit une efpèce de Trompette dont le fon aigre,
clair & fort, furprenoit, & étonnoit jufqu’à faire pâlir & 'tomber les cheveux:
la fécondé eft celle de la Peur ; elle a les cheveux hériffés, comme on les a
dans un grand péril : il y a un bouclier derrière elle. O n prétend que ceux
de la famille Hofiilia, qui croyoient defcendre du Ro i fullüs-Ho ftilius ,
ont voulu, par ces fymboles, rappeller & perpétuer la Mémoire de ce qui
fe paffa pendant un combat de ce R o i contre leS Veïens. O n vint avertir
Hoftilius que les Albains plioient ; ce qui le faifit, & fit pâlir les Romains
de peur. La Peur & la Pâleur, auffi bien que les deux Inftrumens militaires,
font donc deftinés à marquer ce qui arriva dans cette importante occafîon.
S e c t i o n X X X V I H ■
D e la Piété.
La Piété eft une grande vertu : elle a Dieu ou les hommes pour objet.
L a Piété qui fe propofe le culte & l’honneur de Dieu pour objet principal,
eft la même chofe que la Religion. Si c’eft envers les hommes qu’on exerce
la P iété, alors c’eft la même chofe que l’Humanité, la Compaffion, la Ten-
dreffe, laBienfaifance, la Généralité, & une certaine Humeur prévenante.
Elle eft prife dans ces deux fens, fur les Médailles où fés repréfentations
font différentes & analogues à ce qu’on a voulu leur faire lignifier.
A la face, elle eft repréfentée fous l’une & l’autre idée, par une feule tête
qui eft plus ou moins ornée, & quelquefois couverte d’une coëffe en forme
de voile, d’autres fois fans voile, coëffée de fés cheveux, avec des pendans &
un collier de perles, ayant une Cicogne devant elle, fur quelques pièces. Aux
revers, les Types font variés félon les différais objets que la Piété fe propofe
dans fes exercices, & même lorfqu’on ne la confidère que fous une1 feule
idée, c’eft-à-dire ou comme Religion, ou comme Humanité. <
Comme Religion, elle eft repréfentée par des figures, par des attributs,
par des actions ou par quelque Divinité qui faifoit l’objet particulier du
culte & de la Piété d’un Prince.
Les figures qui repréfentent la Piété comme Religion, font toutes naturelles
& fimples ; ce font des figures de femmes debout ou affifes, toujours
coëffées modeftemént& portant un voile fur leurcoëffure. Elles paroiffent tou- '
tes dânS l’attitude de prier ou de facrifier, ayant les mains elevées vers le Ciel ;
loi'fqtfè-'la figure n’en élève qu’une , elle tient de l’autre une patère fur un
autel eriflaftimé : quelquefois ces -figures ont la hafte ou un long fceptre
dune main & la patère de:l’autre; d’autres fois un petit coffre aux parfums
tient1 lieu de la patère. C e font-là les figures principales & les plus ordinaires
delà Piété, comme Religion. •
Les Symboles font tantôt’ un Temple, avec la légende Religio Augufti ;
tantôt un autel, avec la légende:; Prêtas Augufti ; tantôt les Inftrumens
dont les’Pontifes, les Prêtres & les Augures fe fervoient pour les facrifices,
avec la même légende. Si ce font des adions de Piété qu’on veut rendre, on
' la repréfente, Comme dans les Médailles des Empereurs Valérien & Gallien,
debout1 en habits & dans l’attitude des Sacrificateurs, devant un autel, avec
)&\tyzD.&.èl-Piétas Auguftorum. u' . . .
'Enfin on a quelquefois chargé le s revers des Médailles , ides Dieux qui
faifoient les objets particuliers & principaux d e là Piété des Empereurs ; &
en particulier de celles-de la reprefentation de Mercure, avec les fymboles
dè la Piété & de la Religion ; alors la légende porte, Religio Augufti, ou
Pietas Auguftorum, pour faire voir que ces Princes avoient une grande dévotion
énvers le D ieu des Chemins & du Commerce.
Il en fut de même de la Piété, comme de la Tendreffe, de l’Humanité, & de,
la Compaffion1 envers les1 hommes. Onia repréfenta par des figures, des fymboles
& des actions. Sa figure fut auffi celle d’une femme debout ou affife. Lorf—
qu’on voulut lui faire lignifier une Piété humaine en général, & abftration
faite de fés objets, on lui donna une ou deux Cicognes pour fymbole, parce
que ces oifeaux font plus attachés â leurs petits que tous les autres. Le
Gouvernail & la corne d’Abondance, qu’on y joignit, doivent être regardes
comme des fymboles d’accompagnemens, qui défignent les fruits de laPiete.
Lorfqu’il s’agiffoit de marquer la Piété comme Tendreffe d une mere envers
fes enfans, ou comme Charité & Généralité envers les malheureux, une
femme affife ou debout, portant, ou protégeant un ou plufieurs enfans , fervoit
d’emblème.
Enée emportant fon père A nchife, pour le fauver des flammes, forme
le fymbole de la Reconnoifïance & de la Tendreffe filiale des enfans envers
leurs Parens. Voilà ces deux fortes de Piétés, avec leurs attributs, leurs fymboles
, & leurs figures les plus ordinaires. O n en peut voir quelques repre-
féntations à la planche X IV e. nOT. 31 31- 5 3 > 34.3 J- 3^- 37' 3^-19- 4 ^’
& à la planche X V e. n°. 1. 1. 3.4. & y. O n a peut-être voulu reprefenter
l’une & l’autre Piété enfemble, par le revers du n°, y. L a femme tient une,
lampe delà main droite, & delà gauche une corne d Abondance, fur laquelle
il y a deux Cicognes : en effet une Lampe ardente eft le fymbole de la Religion,
comme les Cicognes forment celui de la Tendreffe.