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» Voient également l’Etre , l’Éternel) lePère de la vie, le Fort, leTres-haut.
» Cétoittur-tout devant cette figure qu’ils fe profternoient dans leurs facri-
.. fices. Ils adreffoient leurs remercimens & leurs prières au Très-Haut,
„ dont cette Écriture devoir les entretenir. Mais l’oe i l, l’oreille & l’efprit
» étant toujours occupés du Soleil dans les actions publiques de Religion,
» le Peuple rapporta tous ces grands titres, fes remercimens & fon adora-
» tion au Soleil même. Dès que Dieu fut confondu avec fon ouvrage, une
» première illufion ouvrit la porte à mille autres extravagances.
• » A côté du Soleil qu’on préfentoit au Peuple fur la tête des figures
» fymboliques, & au haut des peintures facrées, fe voyoient tantôt une ou
» deux Anguilles, caraélèrè de la vie dont Dieu eft l’Auteur ; tantôt
» certains feuillages, fymboles des libéralités dont il eft le Diftributeur ;
1 cantôt des ailes°de Scarabée ( ou de Papillons) , Symbole deS change-
b mens de l’A ir , dont Dieu eft le Difpenl'ateur. Toutes ces ekofés tenant
» à. l’objet de fes adorations, il conçut une forte de vénération pour l’An-
» guille ou le Serpent, qu’il vôyoit d’ailleurs placé honorablement dans le
b coffret mémoratif de l’état des premiers hommes , & dans d’autres céré-
b monies, dont le fens fe perdoit de vue. Il prit de même une' idée avan-
« tageufe du Scarabée , du Lotus, & de certaines plantes. Il lès honora
» fans y rien comprendre. O n chercha enfuite des raifons jiour autorifer le
« rang & l’eftime qu’on leur accordoit. Les explications allèrent toujours eu
b fe multipliant; & , bien entendu, en empirant.
b Le Peuple Égyptien, après avoir déjà pris l’habitude dè confondre le
b Très-Haut avec le Soleil qui en étôit le ligne, prit peu-à-peu lé' Syriï-
b bole du Soleil même, l’Ofiris, le Modérateur de l’Année, ou tè Cou-
b verneur de la Terre, pour ce qu’il préfentoit à l’oe il, c’eft-à-dire, poui
b un homme. Ils prirent de même Ifîs pour une femme ; & 1 enfant qü elle'
b nourrit avec une tendre affeétion, ils le prirent pour Un enfant, pour le
b fils d’Ofiris & dlfis. C ’étoit entièrement pervertir l’ufage de Cês figures.
b Car un Homme Symbolique n’eft point dëftiné à figfdnef un homme.
b Ifis n’étoit point une femme ; &c Horus , foit Enfant, foit Homme fait,
b foit qu’il fut armé d’une flèche, ou qu il portât une cruche de v in , étoit
b toute autre chofe qu’un Enfant, ou un Homme fait, ou un Chaffeur,
b ou un Buveur. Prenant donc Ces figures au pied de la lettre, ils les regar-
b dèrent comme des Monumens de leur hiftoire nationale. Ils ne déliés-
b rèrent pas longtemps fur l’application qu’il en falloir faire'. Ils prirent h
b figure la plus diftinguée, l’O firis, le R o i, ou le Modérateur dès Saifons,
b pour le Conduéteur & le Père de toutes leurs Colonies' qui éfoif Cnam,
b & qu’ils appelaient H am , Amoün, Hammoft, & ThàmmüS, félôri f e
b diverfes prononciations des Provinces.
b Ofiris, de Lettre ou de Perfonnage fyttïbôliqüé qu’il étoit auparavant,
b étant devenu dans l’efprit des Peuples une peflbfine réelle, un homme qui
b avoit autrefois vécu parmi eux, on fit fon hiftoire relativement aux àttri-
b buts que portoitla figure. O n la mélangea de quéfqües traits dé la vie de
b Chant : on devina le refte, & on imagina autant de faits quil y avoit de
b pièces à expliquer dans le fymbole, ou dé cérémonies dans les fêtés ou
b l’on portoit le caraélèrè du bel Aftre, par lequel Dieu nous diftribue les
b fecours de la vie. Diodore de Sicile & Plutarque,- tout judicieux qtfil|
« font, nous ont confervé ces ennuyeufes légendes. Étant, comme vous
b voyez, venues après coup, & lorfqu’on avoit négligé la lignification du
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» fymbole, elles ne font guère que des contes populaires, & des puérilités
b dont il n’y a aucun profit à tirer. Souvent ce font des infamies fcanda^-
b leufes & conformes aux inclinations déteftables de ceux qui les ont
b imaginées. _ . . . . ,
b Les Égyptiens, qui avoient pris l’habitude d’adorer le Soleil comme
o Dieu comme l’Auteur de tout bien', & de regarder Ofiris comme leur
b Fondateur, donnèrent dans un troifième précipice. Ilsfavoient, par un
b fouvenir confus & par un ufage univerfel, que cette figuré d’Ofiris avoit
b rapport au Soleil ; & ce n’étoit en effet rien autre chofe dans fa première
b Inftitution. Ils voyoient de plus le cercle, la marque de D ieu , affez fou-
b -vent placé fur le front d’Ofiris. Ils uniffoient donc perpétuellement l’idée
b d’Ammon avec celle du Soleil, & toutes les deux avec celles de D ieu ,
b de l’Être tout-puiffant & bienfaifant. Ils n’honorèrent plus ni D ie u , ni
„ je Soleil, fans chanter en même temps les bienfaits d’Ofiris ou d’Ammon.
b L ’un tenoit toujours inféparablement à l’autre ; ce qui leur fit publier
b qu’Ammon ou Ofiris avoit été tranfporté dans le Soleil pour y faire fâ
» réfidence, & que de là il ne ceffoit de protéger l’Égypte, fe plaifant à
b répandre une plus riche abondance fur le Pays qu’habitoient fes Defcen-
» dans, que fur une autre Contrée de rUnivèrs. Ainfi, après avoir peu-à-
b peu attribué la Divinité, & offert leurs adorations à ce Roi ■ repréfentatif
b des fonétions du Soleil, par un nouveau furcroît d’abfurdité, ils le prirent
» pour leur premier Roi. É)e là cet affemblage étrange de trois idées incorm-
b patibles, je veux dire, de D ieu , du Soleil, & dun Homme mort, quil
b eft cependant certain que les Égyptiens confondoient perpétuellement » .
L e Soleil, autrement l’Ofiris des Égyptiens, confidére comme le Guide
de l’A nnée, des Affres & de toute la Nature, fut repréfenté fous l’idée
d’un-Cocher avec le fouet a la main. Sur quoi il faut remarquer, avec
Pluche, que cette idée n avoit rien de bas dans ces temps-la , ceroit
au-contraire une fonétion très-honorable, dans 1 Antiquité , que celle de
gouverner un char : c’étoit l’exercice chéri des Rois & des plus grands
Guerriers. Les Égyptiens crurent donc qu ils ne deshonoreroiënt pas leur
Dieu en le peignant de la forte. Mais » les Grecs, ajoute M. Pluche ,
» Hiftoire du C ie l, Tome I. page 178 , plus imaginatifs que les autresPeu-
» pies, en adoptant la figure du Soleil, ne fe contentèrent pas de lui mettre
» 'un fouet à la main; mais au fouet qui étoit très-fuffifant pour lignifier la
» conduite de l’Année, dans l’ancienne Écriture ( l’Ecriture Hiéroglyfique),
» Üs ajoutèrent un char,' des Chevaux pleins de feu, & un équipage com-
b plet. Ils peignirent leur Dieu Soleil avec une face rayonnante, allis fur
» un char, & gouvernant, le fouet dans une main & les renes dans 1 autre,
b quatre Chevaux ailés. Voila Ofiris ou Ammon fort embelli. Mais quoi-
b qu’on lui ait ôté fon air Égyptien, & qu il acquière de nouveaux orne-
» mens d’un Pays à l’autre, il conferve le caraétere de Gouverneur ; & au
» travers de cette pompe on réconnoît Ofiris. C e n eft toujours que le ligne
» du Soleil, auquel ils joignent l’idée de la toute-puiffance. LesPheniciens
» le nommoient Helion, le‘ Très-Haut. Les Grecs le nommèrent Helios.
» C ’eft toujours le même nom & le même blafpheme.
» Depuis que les Grecs eurent multiplié leurs Dieux , comme les. fym-
» boles qu’ils laiffoient introduire chez eux fans en comprendre le fens y
» ils donnèrent à chacun de ces prétendus Dieux un équipage a- peu-pres
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