
« _ tant qu’il y a une Médaillé Confulaire où elle' porte la tiare Phrygienne
-» ou un calque qui en a la forme: ici tout l’habit eft Phrygien. Je conviens
» fur ce point avec Triftan & Rubens. Je conviens auffi avec M. de Pei-
»» refc & Jacques le.,Roi fur Jules-Céfar, qui paroit derrière Enée, tenant
un bouclier.& couronné de laurier ; fa tête a allez l’air de Jules-Céfar
» que nous voyons furies Médailles : Triftan a prétendu que c’eft JVero-
» Claudius-Drufus-Germamcus. Celui qui va au Ciel monté fur Pégafe me
» paroit être Augufte , & non pas Nero-Drufus ni Marcdlus : je fuis en
« cela du fentiment de Triftan -, tout le delfein de la pierre même femble
“ le perfuader. C ’eft Tibère qui occupe le milieu de la pierre avec fa troupe,
>» & qui règne fur la Terre tandis que fon Prédécelfeur eft reçu dans le Ciel
» pour y regner, comme marque le globe célefte que lui préfente Énée.
» Cette Apotheofe dans une Image où Tibère paroit fur fon Trône ,
» convient mieux à un Empereur fon Prédécelfeur qu’à tout autre. On a
» beau dire qu’Augufte paraît trop jeune j il paraît de même dans les Mé-
» dailles, avec lefquelles cette tête a alfez de rapport.
» La partie du milieu, qui fait comme un autre tableau, eft bien plus
u aifée a expliquer que la précédente. L ’Empereur Tibère eft affis fur fon
=> T rôn e , couronné de laurier, tenant un fceptre de la main droite , & un
» bâton augurai de la gauche : il eft nu jufqu'à la ceinture, & couvert de
» la ceinture en bas d’une égide environnée de Serpens : Triftan a nié que
» c’en fût une ; mais il eft rejetté de tous les autres. A là droite de Tibère
» eft aflife L ivie, que Triftan a mal prife pour Antonia. Livie couronnée
» de laurier tient des pavots comme la Déelfe Cérès. O n voit fi fouvent
” dans les Médailles les Impératrices porter les fymboles des Déelfes, que
» cela ne peut faire aucune peine.
” L Empereur Tibère parle à Germanicus, qui fe tient devant lui armé
” de pied en cap , & qui porte la main fur fon cafque, tandis qu’Antonia
” fa mere, qui eft a côte de lu i, couronnée de laurier, lui palfe le bras derrière
” le cou , comme pour 1 embralfer. Triftan a pris mal-à-propos Antonia
» pour Livia. Germanicus fe préfente à L ’Empereur après fon expédition
” de Germanie , félon Triftan , dont le fentiment paraît fort plaufible ;
” de la vient, a ce que je crois, qu’après les Victoires qu’il a remportées fur les
” Germains, tant 1 Empereur qui en devoit avoir l’honneur, que Livie &
” Antonia, font couronnes de laurier. Antonia qui embralfe fon fils femble
* aulfi favorifer ce fentiment. T ous les autres, hors T riftan, croient que
” Germanicus reçoit les ordres de l ’Empereur Tibère pour l’expédition en
” Orient. Derrière Germanicus eft fa femme Agrippine alfife, qui porte
>> une chlamyde&tient un rouleau entre fes mains. Devant elle, eft le petit
” Caius Caligula, fon fils armé dune cuiraffe & d’un bouclier, & portant
” une chlamyde ; il fe tient fur un tas d’armes, marques des Victoires que
” fon pere vient de remporter. Germanicus & Caligula portent une elpece
>> de chauffure qui n’eft ni la caliga ni le campagus ordinaires , mais c’eft
” ou ce qu on appelloit pero, ou une efpèce de bottines qu’on portoit dans
» les Pays froids & dans les terreins bourbeux ; c’eft une efpèce d'ocrea qui
” , he trouve ailleurs dans les anciens Monumens. Trajan, dans fa guerre
” contre les Daces reprefentée fur la colonne, en porte quelquefois dallez
» femblables à celles-ci.
« D e 1 autre cote, on voit un Arménien captif, alfis, qui repréfente
” 1 Arménie réduite en la puilfance des Romains par Tibère. Le timon qui
» eft auprès marque que c’eft une Région tranfmarine. Quant à l’homme
,» armé qui vient apres., qui regarde la troupë d’en haut, & qui tout
» attentif à ce qui sly palfe , tend une main vers Enée , & tient de l’autre
„ main un trophée | peut-être préfente-t-il à la troupe déifiee les trophées
„ qu’Augufte a érigés-en cette vie. Triftan a cru que c’eft Numerius-Atticus,
| Sénateur , qui avoir été Préteur, & qui affina & jura avoir vu Augufte eleve
» au C ie l , & fut bien récompenfé par Livie d’avoir rendu ce témoignage ;
» mais fon témoignage eft rejetté avec raifon par tous les autres qui croient que
» - ceft Drufus fils de Tibère : je ne vois pas qu’on puilfe rien oppofer à ce fenriment.
Il tient, difent-ils , un trophée , marque de la Victoire qu’il a
„ remportée lui-même. Je ne m’oppolerai pas non plus à cela, pourvu qu’on
„ puilfe prouver que Drufus , fils de Tibère avoit déjà remporté des vie-
» toires lorfque Germanicus revint, de fe.s expéditions de la Germanie ; car
» je penche fort à croire que cette pierre a été gravée au retour de Germa-
« nicus de la Germanie. La femme alfife fur un liège orné de fphinx, eft,
». à ce que je crois, Liville, foeur de Germanicus, femme de Drufus , fils
». de Tibère. Triftan l’a prife pour Julie, femme de Tibère ; mais outre
v - quelle avoit depuis long-temps été chalfée & bannie de la Cour Impériale,
»> elle étoit morte allez long-temps avant que Germanicus revînt de fes expé-
»> dirions dé la Germanie.
». Le troifième rang de figures mifes au plus bas étage, avec une fépa-
». ration ou un bord allez large qui avance hors de la pierre;, contient des
». images de Captifs & de Provinces domtées. Rubens croit que ce font
». des prifonniers Germains ménésen triomphe par Germanicus, nommes,
». par Strabon, Ségimond Prince des Chérufces, fils de Ségefte, & Thufnelde
.» feeur de Ségimond , & femme d’A rminius, avec fon fils Thumélicus âgé
=. de trois ans, qui fe voit repréfenté, dit-il, avec fa mère fur cette pierre.
». Les autres font, Séfithiacus, fils de Ségimer, autre Prince des Chérufces,
». fa femme R amis, fille de Veromer Prince des Cartes ; Deudorix Sicambre,
». fils de Bætoris, Libys Prêtre des Cattes; ' ‘
.. Jacques le Ro i prétend que ces Captifs ne font point Germains ; il n y
» reconnoît ni les habits, ni les armes de cette Nation. Il aime mieux croire
». que ce font des Arméniens & des Parthes vaincus par Tibère : il y a plus
». d’apparence, dit-il, qu’on aura marqué ici les viétoires.du principal Per-
»» fonnage repréfenté dans la pierre, qui eft Tibère : or il prétend que la plus
»» grande action de ce Prince eft celle dont parle Suetone en ces termes :
» Ayant amené une Armée en Orient, il rétablit Tigranes dansjon Royaume
» d’Arménie , âC lui mit le diadème , étant ajjis fu r fon Tribunal. I l f e fit
». rendre auffiles Signes militaires, tpie les Parthes avoient pris fu r Marcus-
» Crajfus.
■ j ». Il eft vrai, comme dit le R o i , qu’on a peine a reconnoître ici des Ger-
» mains captifs ; ce qui fait la difficulté n étant pas tant 1 habit, que les
»> boucliers qui reffemblent à des peltes plutôt qu’à des boucliers Germains,
». hors un qui eft ovale : les boucliers Germains étoient hexagones ou ovales.
>» Mais je reconnois encore moins ici les Arméniens & les Parthes ; il n y a
» qu’à regarder l’Arménien aflis au-deffus , auprès du Trône, du cote de
» Livie , & les Images que nous voyons fur un grand nombre de Médaillés
» & de Monumens. Pour ce qui eft des Germains, leurs habits & leurs
>» armes varioient beaucoup. Plufieurs alloient à demi nus, comme trois ou
ù quatre que nous voyons ici j un grand nombre alloient la tete nue j on