
» principalement à faire le Sacrifice , font la Fable , l'Hiftoire & la Poéfie
“ indiquées par ces mots Grecs mtsos. iètopia, iîoihzis Mytkos mafculin
» en G re c , eft exprimé par un jeune garçon qui fert de Camille, & i uj
~=> tient d’une main une préféricule , & de l’autre une efpèce de patère : l’Hif-
» toire repréfentée en femme, facrifie en jettant quelque chofe fur l’Autel,
» & tenant de Fautre main un livre 3 d’autres veulent que ce foit une boîte,
» ou peut-être un Acerra. La Poéfie repréfentée auffi en femme, tient deux
m torches allumées, quelle élève en haut, comme on faifoit aux Sacrifices.
” Il y a peut-être de l’allégorieici ; mais ces allégories fe tournent comme
» on veut : nous les laiffons à développer à d’autres. Puis viennent la Tra-
« gédie & la Comédie’ , qui ont auffi leurs Infcriptions TPAr<iAiA,KQMaAi*j
» elles affilient au Sacrifice : l’une & l’autre ont puifé dans Homère. La
*> Tragédie eft voilée ; enforte que le voile faic une pointe fur le devant ;
elle eft vêtue avec plus de dignité que la Comédie, parce que fes per-
» fonnages font des Héros & des gens de la première qualité. La bande
.1 eft terminée par cinq figures mifes enfemble & indiquées par ces mots
« 4.TEIE,apeth,MAHMH.msTis:, s6*ia ; la Nature, la Vertu, la Mémoire, la Foi,
« la Sageffe : tout cela va en la compagnie d’Homère ; ces qualités font le
>V mérite de fes ouvrages. Là Nature eft reprefentee par un petit enfant
« qui tend la main à la Foi 3 la Vertu eleve fa main en haut ; la Mémoire
« eft la plus reculée de toutes 3 la Foi tient le doigt fur la bouche , & la Sa-
» geffie porte la main fous le menton. O n peut faire fur tout cela mille belles
» réfléxions ». ( Voyez cette piècê au n°. i- de la planche X X I I e ).■ ■
A P O T H É O S E S D E S R O M A I N S ,
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O u C o n s é c r a t i o n s des Empereurs, &c. après leur mort, tirées du
même Torne F *. de Montfaucon, page i y I . & fuiv., avec l’explication d’une
Agathe de laSainte-Ckapelle de Paris, qui repréfente l’Apothéofe d’Augujle.
*> Les Apothéofes ou les Confécrations étoient fort en ufage chez les
» Romains : ils confacroient leurs Empereurs morts & les mettoient au
» nombre des D ieu x , pour les honorer comme tels. Voici comme parle
» Herodien des cérémonies de là Confécration. Les Romains ont accou-
» tume de déifier ceux de" leurs Empereurs qui laiffent des enfans pour leur
» fuccéder 3 & cette confécration eft appellee chez eux Apothéofe. Cette
» fête, qui eft un mélange de deuil, de joie & de cu lte, eft célébrée par
» toute la Ville. O n enfevelit le corpsdu mort en la manière ordinaire avec
r> une grande pompe, & l’on fait une Image de cire tout-à-fait femblable à
» celui qui vient de mourir, qu’on met à l’entrée du Palais Impérial, fur
” un lit d’ivoire grand & élevé, couvert de tapis brochés d’or. Cette Image
» reprefente l’Empereur malade & pâle : à gauche de ce lit eft, durant une
» grande partie du jour, tout le Sénat vêtu de deuil, & au côté droit les
>> femmes de qualité ; elles ne portent ni or ni colliers, mais des habits blancs
» tout fimples ; en un mot, elles font auffi en habit de deuil. Cette cérémo-
y> nie fe fait pendant fept jours : des Médecins viennent tous les jours, appro-
» client du l i t , & apres avoir vifité le prétendu malade , ils difent toujours
» qu’il fe porte de plus mal en plus mal. Lorfqu’ils fuppofent qu’il eft mort,
» des jeunes gens choifis entre les Chevaliers & des Sénateurs le portent fur
« leurs épaules, par la Voie facrée, jufqu’à l’ancien marché, où les Magiftra
»
» trats Romains quittent leur Magiftrature. Il y a , aux deux côtés, des
dégrés mis en forme d’efcaliers 3 à l’un des côtés fe tiennent des jeunes
„ garçons des familles nobles, & à l’autre des femmes de qualité. Les uns
,, & les autres chantent en l’honneur du défunt des chants graves & lugubres.
» Après cela ils emportent le lit hors de la V ille , au lieu appellé le Champ
» de Mars, où eft dreffé un Catafalque quarré, qui a les côtés égaux ,
» & où il n’y a que la feule charpente de grandes pièces de bois qui
» forment une efpèce de maifon. Tout le dedans eft plein de matières les
„ plus combuftibles, & le dehors eft couvert de tapis brochés d’o r , d’Iraa-
„ ges d’ivoire & de belles peintures. Au-deffus de ce Catafalque il y a un
„ autre étage plus petit & orné de même , qui a des portes ouvertes : fur
„ celui-là il y en a un autre, & encore un autre ; c’eft-à-dire, jufqu’à trois
„ ou quatre, dont les plus hauts diminuent toujours & font de moindre
„ enceinte que les plus bas ; de forte que le plus élevé eft le plus petit de
» tous. Tout le Catafalque eft femblable à ces tours qu’on met aux Ports
& qu’on appelle Phares, où l’on met des feux pour éclairer les Vailfeaux,
» & leur donner moyen de fe retirer en lieu fûr. Ils mettent le lit dans le
» fécond étage , où l’on met auffi des aromates, des parfums & tout ce ’que
x> la Terre produit ; ils font des tas de fruits , d’herbes & de fucs de tout
» ce qui peut exhaler une bonne odeur. Il n’y a point de Nation,. ni de
„ V ille , ni d’Homme conftitué en dignité, qui n’envoie fes derniers préfens
„ pour faire honneur au Prince. Après qu’on a fait une grande pile de ces
» aromates, & que la Cavalerie eft arrivée, tous les Cavaliers courent avéc
» un certain ordre, en faifant des voltes, & gardant une certaine cadence ,
« comme dans la danfe Pyrrique. Les. chariots y courent auffi avec le même
» ordre, dans lefquels font des gens vêtus de la Prétexte ou d’habits bordés
„ de pourpre : autour de ceux-là font des figures de Romains qui ont brillé
,, ou dans la Guerre, ou dans le Gouvernement de l’Empire. Après que ces
„ cérémonies font achevées, celui qui doit fuccéder a 1 Empire prend une
,, torche , & met le feu à la machine ; les autres l’y mettent auffi de tous
» côtés : le feu prend aifément à tous ces aromates & à toutes ces matières
» combuftibles. Alors on fait fortir du haut du plus petit appartement, qui
„ eft comme le faîte de la machine, un Aigle qui monte en haut avec le
» feu, &c qui porte au C i e l , dit-on , 1 ame du Prince 3 & depuis ce temps-
» là on lui rend le même culte qu’aux autres Dieux.
» Il y a quelque endroit ( fuivant D . Montfaucon ) dans le Texte Grec
»> d’Hérodien qui paroît corrompu. C e qu il dit que ceux qui laiffoient des
« enfans pour leur fuccéder étoient mis au nombre des D ieu x , eft vrai 3
» mais il ne faut pas reftreindre la coutume a ceux-la feulement, y ayant
» eu plufieurs Empereurs qui ont mis leurs Predeceffeurs au nombre des
» Dieux, quoiqu’ils ne fulTent ni leurs pères , ni leurs parens. ^ J
»> Voici ce que dit Pline le jeune fur ces Apotheofes : Tibere a confacre
*• au Ciel Augufte, pour l’élever à la dignité d un Dieu 3 Néron a auffi
» confacré Claude , mais pour fe moquer de lui. Tite confacra Vefpafien ,
» & Domitien déifia T ite 3 mais le premier le fit pour paroitre fils, & le
» fécond pour paroître frère d’un Dieu. Pour vous ( il parle a Trajan) , fi
» vous avez déifié votre père, vous n’avez pas eu en vue d infpirer la crainte
“ au Peuple, ni de faire injure aux D ieu x , ni de vous faire honneur a
“ vous-même 3 mais vous l’avez fait parce que vous le croyez Dieu. . .
» Venons à l’incomparable Agate de la Sainte-Chapelle , que nous
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