
C H A P I T R E V I I I .
jl ) es Jeux , des Spectacles , des Danfes , des Guerres , des Combats \
des Victoires, des Trophées , des Triomphes , des Couronnes ÔC des
Récompenfes che\ les Romains; le tout par rapport a la Science des
Médailles.
CE Chapitre fera partagé en deux Articles. Dans le premier on fera
voir le nombre d’exercices corporels dont il eft fait mention fur les
Médailles , & leur qualité. Dans le fécond on traitera de ce qui peut avoir
rapport à la Guerre, fur les mêmes Monumens.
A r t i c l e p r e m i e r .
D es Exercices corporels dont il ejlfa it mention fu r les Médailles.
Ç E t Article aura VIII Seétions, dans lefquelles nous entrerons dans le
détail de ces différens Exercices.
S e c t i o n T.
Des Fêtes SC des Jeux confacrés aux Divinités.
O n célébroit chez les Païens des Fêtes en l’honneur des Dieux : comme
la multitude en étoit grande & ne permettoit pas de rendre ce culte à
chacun en particulier , on le rendoit du moins^aux principaux, relativement
à l’opinion de leurs Adorateurs, qui .fouvent plaçoient au premier rang leur
Divinité favorite.
Nous avons déjà vu dans les endroits où nous avons parlé des différens
Dieux des Anciens, plufieurs chofes qui ont rapport aux Fêtes & aux Jeux
par lefquels ils croyoient les honorer. Il faudrait à préfent entrer dans un
détail plus particulier de ces Fêtes, des ceremonies dont elles étoient accompagnées
& des Jeux qu’on y célébrait | mais la Nutnifmatique ne nous
fournit a cet egard que des notions generales : ainfî, dans cette première
Section, nous nous contenterons d’éclaircir trois objets qui paroiffent liés à
notre delfein ; on verra le refte dans les Sections fui vantes, afin qu’on n’ignore
rien de ce qui eft néceffaire pour s’initier dans la Science des Médailles.
Les Fêtes dont il s’agit avoient d’abord leurs préparatifs, dans l’annonce
qu’on en faifoit à tout le Peuplé 3 elles avoient enfuite leurs cérémonies
religieufes, dans les Sacrifices dont elles étoient accompagnées ; enfin les
Repas , les Jeux & les Monumens qui fervoient à faire connoître à la
Poftérité l’époque de leur célébration, en étoient les fuites. Ces différens
objets font exprimés fur les Médailles.
Les préparatifs de ces Fêtes confiftoient en trois chofes. i°. On les faifoit
annoncer au Peuple par des Hérauts ou Crieurs publics. z°. Après cette
annonce, on diftribuoit tout ce qui étoit néceffaire pour la célébradonde la
Fête. 30. On faifoit enfin des expiations pour les fautes & les crimes qui
auroient pu irriter les Dieux"', objets du culte.
Sans faire attention à la différence des temps auxquels ces Fêtes fe célé-
broient, je prendrai pour règle ce qui fe pratiquoit dans les Fêtes féculaires
ou millénaires. Quand le temps de leur célébration apprôchoit, on envoyoit
par toute l’Italie un Héraut, pour les annoncer avec les Jeux qui dévoient
fuivre. Par fon habillement & les différens attributs qu’il portoit, il fembloit
faire connoître les Dieux en l’honneur de qui on alloit les célébrer, & le
Temple où la cérémonie devoir fe faire.
11 eft incertain fi les Hérauts etoient des Officiers que l’on nofnmoit exprès
pour remplir cette fonction, ou fi on les droit du nombre des Prêtres. On
croit voir un de ces Hérauts ' fur une Médaille d’Augufte, & fur une autre
de Domiden. Le premier a fur la tête un Pétafe, &*tient le Caducée de
Mercure de la main droite : il a au bras gauche un bouclier qui montre le
fymbole du Soleil. Ces attributs réunis à la légende, qui annonce les Jeux'
féculaires , pourraient faire penfer que les Fêtes dévoient être célébrées en
l’honneur du Soleil & de Mercure. Voyez ce revers au n°. 6. de la planche
X X X P .
Le revers de la Médaille de Domiden nous préfente une figure qu’on
pourrait prendre auffi pour un de ces Hérauts. Son çafque orné d’une doublé
aigrette , & fon bouclier chargé de la tête du Dieu Mars, annoncent un
des Miniftres de ce Dieu, dont on rapporte l’inftitution a Nu'ma-Pom-
pilius. Leur Collège étoit compofé de douze Prêtres, qu’on appelloit Saliens,
du mot de Saliendo, parce qu’une de leurs principales fonétions étoit de
danfer par la Ville, & de frapper en cadence leurs-boucliers d’airain d’un
petit javelot qu’ils portoient. à la main gauche, comme on peut le voir au
n°. v. de la même planche X X X I e.
Quand le Peuple étoit arrivé de toutes parts & affemblé pour certaines
Fêtes, l’Empereur faifoit diftribueren fa préfence des flambeaux, du foufre
& du bitume, chofes qui, fans doute, dévoient fervir ou aux Sacrifices,
ou aux Jeux ; peut-être aux uns & aux autres. On voit, fur un revers de
Domiden , cet Empereur qui diftribue lui-même du foufre ou du bitume,
& autres drogues qui dévoient fervir à la luftration ou purification du Peuple
, & à l’expiation des crimes qui auroient pu déplaire aux Dieux de la
Fête ; car il y en avoit certains de nature à ne pas révolter ces Divinités:
Voyez ce revers au n°. 8. de la planche X X X I e.
La légende ne permet pas de douter de ce que nous avons avance : on
y lit en mots abrégés , Ludos Soeculares (fecit eft fous-entendu )'; c’eft-ài
dire, l’Empereur Domiden a fait célébrer les Jeux féculaires ; plus bas
il y a, S. P. Q. R. Suf. P . D . : ce font des lettres initiales que l’on
rend par ces exprelfions latines , Senatus P opulufque Romanus, fujfmenta
Populo data ; & en françois , l ’Empereur de concert avec le Sénat SC le
Peuple Romain a fa it la diflribution ordinaire ( en fous entendant des
chofes nécefaires aux Fêtes féculaires). Deux grands vafes qu’on voit aux pieds
de l’Empereur, qui eft affis , contenoient apparemment ce qui étoit 1 objet
de fes libéralités. Souvent c’étoit du froment, de l’orge & des fèves ; cette
diftribution n’empêchoit pas toujours l’autre.
Ces alimens ne fe diftribuant que la veille des Fêtes, il y a apparence
que c’étoit pour foulager les Peuples, ou du moins les pauvres qui vénoient
de loin & qui auroient pu fans cela manquer de fubfiftance pendant les
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