
». celles-ci. J’ai vu celles du deffus, & je les ai parcourues. Pour ce qui
» eft de celles du deffous, je n'en fai que ce que j’en ai pu apprendre par
» le récit des autres ; car les Gouverneurs du lieu ne voulurent jamais
» nous y mener , nous affûtant qu’on y voyoit les fépulchres des Rois
» qui avoient bâti ce Labyrinthe, & ceux des Crocodiles facrés qu’il ne
»„ leur étoit pas permis d’expofer à nos yeux..................Tous ces bâtimens
» ont des toits de pierre : les murailles font auffi de pierre , & toutes
» orneeS; d’ouvrages en fculptures , ; faits fur les murs mêmes. Chaque
» Salle eft bordée d’une colonnade de belle pierre blanche. A un angle du
» Labyrinthè, il y a un Obélifque de quarante toifes , orné de grandes
» figures d’animaux ; on y va par un chemin fouterrein, &c. »
Voilà ce qu’on entendoit par le nom de Labyrinthe. Il s’en falloit beaucoup
que les autres fuffent auffi vaftes , & auffi fomptueux ; car celui de
Crète, félon Pline , ne faifoit que la centième partie de cèlui d’Égypte.
Cependant l’étendue & la magnificence de ces Édifices les égaloient aux
plus grands Palais. Celui de Moeris étoit peut-être le feul dans.lequel on
n’ofoit s’engager fans guide, dans la crainte de fe perdre. Nous donnons le
plan du Labyrinthe de C rè te , à la planche X X V I I I e. n°. z 5
S e c t i o n X L I I.
D e s Colonnes, des Pyramides SC des Obélifques repréfentés fur les
Médailles.
O n trouve^ fur les Médailles plufieurs fortes de Colonnes : les unes
deftinées à foutenir , orner & enrichir les Palais, les Bafiliques, les Cirques
& autres grands Édifices publics, étoient dans les proportions néceffaires à
de pareils bâtimens. Nous en avons vu de plufieurs Ordres fur le revers des
Médaillés, où l’on a donné le deffein de ces différens Édifices ; ainfi il ne
fera plus ici quëftion de cette efpèce de Colonnes : nous traiterons feulement
de^ celles que l’on élevoit pour marquer certains événemens & pour
en perpétuer la mémoire. Il y en avoit de deux ou trois fortes. Les unes
n’étoient pas plus hautes que les Cippes des grands chemins , dont nous
parlerons dans la Seftion fuivante ; d autres s’élevoient à une très-grande
hauteur , comme celle de Trajan , & celle d’Antonin-Pie enfin f 0n
conftruifoit des Colonnes roflrales, appellées de ce nom parce qu’il en fortoit
des proues de vaiffeau, qui leur fervoient d’ornemens. Les Médailles d’Au-
gufh & de quelques-uns de fes fucceffeurs nous en fourniffent plufieurs
modèles.
Les Colonnes les plus baffes, qui reffembloient à des Cippes, fervoient
a marquer le nom des Empereurs , & autres perfonnes qui avoient faic
célébrer les Jeux féculaires ou millénaires, avec l’époque du temps auquel
on les avoit donnés, en comptant par les Confulats des Editeurs. O n parlera
de ces Jeux dans la fuite; en attendant, nous donnons, à la planche X X V I I I e.
n°. 1 4 , une Médaillé de l’Empereur Domitien , au revers de laquelle on
trouve un de ces Cippes, ou une de ces petites Colonnes, qu’on érigea en
1 honneur de ce Prince. O n lit fur une des faces cette Infcripdon , Lud.
Soec.fec. , & aux cotes, Cos X I I I I . ; Ludos foeculares fecït Conful X I I I I. ;
c’eft-â-dire, l’Empereur Domitien a fait célébrer , ou bien fous l’Empire
de Domitien, & pendant fon quatorzième Confulat, on a célébré les Jeux
féculaires.^ O n voit plufieurs autres de ces Cippes fur les Médailles ; mais
il fuffit d en avoir donné un, pour les faire connoître tous.
Il y avoit une autre forte de Colonnes beaucoup plus hautes : elles étoient
ornées de bas-reliefs. C ’eft cette fécondé efpèce qu’on doit regarder comme
des Monumens ériges pour perpétuer la mémoire des conquêtes, des
victoires & des grands faits d’armes de certains Empereurs. Celle de Trajan,
qu’on voit encore à R om e , a cent vingt-huit pieds de hauteur, non compris
la Statue Coloffale qui ia termine, & à laquelle elle fert de bafe ou de
piedeftal. Le Sénat la lui confacra lorfqu’il faifoit la guerre en A f ie , pour
lui fervir de trophée à l’occafion des avantages & des victoires qu’il avoit
remportés fur les Daces. O n y lit cette Infcription.
S enatus P opulus que R omanus
Imperatori C æsari D iv i N ervæ Fi l i i , N ervæ T rajano
A ugusto , G ermanico ,
D acico , P ontifici M aximo , T ribunitiæ P otestatis X V lL
Imperatori VI.
CoNSULI V I . PaTRI PATRIÆ. A d DECLARANDUM QUANTÆ ALTITÜDINI
MONS ET LOCUS TANTIS EX OPERIBUS SIT EGESTUS.
Il feroit certainement auffi utile qu’agréable de donner cette Colonne
dans fon entier , & d entrer dans le détail de tous fes ornemens ; mais
1 exécution de ce projet nous feroit fortir des bornes que nous nous fommes
prefcrites. D ailleurs , fi l’on eft curieux d’en voir le deffein avec fon
explication, on peut confulter plufieurs Auteurs qui ont donné l’un &
1 autre. Nous nous contentons d’obferver que quelques Écrivains penfent
que ce ne fut qu’au retour de Trajan à Rome s après fa double victoire
fur Decebale, Roi des Daces , & la réduction de fon pays en Province
Romaine , que cet Empereur commença à faire élever cette fuperbe C o lonne
, qui ne fut achevée que fepr ans après, & qui a toujours paffé pour
un des plus grands efforts de l'Architecture. Sixte’V . la fit relever fous fon
Pontificat, & fit mettre au-deffus la Statue de S. Pierre. O n trouvera la
repréfentation de cette Colonne fur le revers d’une Médaille de Trajan à
la planche X X V I I I e. n°. zy .
La Colonne d’Antonin-Pie lui fut confacrée , après fa mort, par Marc-
Aurèle fon fils adoptif, fon gendre & fon fucceflèur. Il la fit orner de
bas -reliefs , qui forment l’Hiftoire des guerres de cet Empereur, & de fes
heureufes expéditions contre les Quades, les Marcomans & autres Peuples
Germaniques. Cette Colonne , plus haute de quarante pieds que celle de
T ra jan , fervoit de bafe à la Statue Coloffale d’Antonin-Pie. Elle avoit
beaucoup fouffert de l’injure des temps , lorfque, dans le X V I e. fiècle, le
même Pape Sixte V . la fit redreffer, & plaça deffus la Statue de S. Paul.
Nous donnons la Colonne Antonine à la même planche, n°. z é e.
Quant aux Colonnes roftrales, dont nous avons parlé , elle fervoient de
Monumens a 1 occafibn des exploits militaires, & des avantages remportés
dans quelque combat naval. Celle que nous donnons au n°. z 7 . de la
planche X X V I I I e., fut érigée en l’honneur d’A ugufte, après qu’il eut triomphé
de Pompée fur la Mer de Sicile.
On fait affez ce que c’eft que des Pyramides & des Obélifques. L ’Égypte
a furpaffé tous les autres pays par la grandeur, la folidité & la beauté de
A a a ij