
a. 4 i n t R . A L A S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . C hap. y
S e c t i o n X X I X .
D e la Providence.
■ La Providence doit être regardée ou comme divine, ou comme humaine ;
c’eft-a-dire, pour parler le langage des Idolâtres, on doit la confidérer dans
les Dieux comme une de leurs vertus, & comme une Divinité , ou bien
dans les hommes comme une de leurs bonnes qualités : dans ce dernier fens,
c’eft cette fage prévoyance qui leur fait prendre de juftes mefures pour éviter
certains maux , & fe procurer quelques biens a foi-meme & aux autres.
L a Providence confidérée comme une Divinité, comme une vertu, &
une perfection des Dieux , eft repréfentée par des fymboles tirés des chofes
quelle gouverne, ou qui ont été érigées en fon honneur.
Nous la trouvons fous la figure d’une femme qui tient une baguette, dont
elle montre & touche quelquefois un globe pofé devant elle, ou vers lequel,
fur certaines pièces , comme fur celles dePertinax, elle élève les mains : les
légendes des Médailles où elle paraît de la forte portent,; la Providence, ou
ja Providence des D ieu x , Providentia, ou bien, Providentiel Deorutn. Le
globe marque l’Univers ; la baguette dont elle fe 'fert pour le montrer, apprend
qu’il eft confié à fes foins ; la hafte eft un attribut ordinaire de la Divinité
& définie le fouverain pouvoir , comme la corne d Amalthee indique
l’Abondance^ dont nous fommes redevables à la Providence. Tels font fes
figures & fes attributs les plus ordinaires.
L a Providence emprunte quelquefois la foudre de Jupiter, pour nous faire
entendre, par cet attribut du Souverain des D ieu x , qu elle partage avec lui le
Gouvernement de l’Univers. La figure du Soleil à tête rayonnée lui fert également
de fymbole ; mais quand cette figure du Soleil tient un globe d’une
jnain & lève l’autre au-deffus de quelques enfeignes militaires, c eft pour
montrer que la Providence, qui règle le Monde en général, veille en particulier
fur tout ce qui regarde le Militaire. Les légendes font femblables à
celles que nous avons déjà rapportées.
Les foins de la Providence ne s’étendent pas feulement fur le Monde en
vénérai & fur le Militaire ; elle defeend auffi dans le détail, & préfide aux
Moi fions, dont les pavots & les épies qu’on met à la main de la figure ou des
deux figures de la Providence, font le figne. U n Mercure couvert du Pétafe,
ayant le Caducée d’une main & la Bourfe de l’autre, eft encore un fymbole
de la Providence qui influe fur le Commerce, & qui lui procure cette
profpérité qui fait la félicité des États. Les Anciens ont confacre des Temples
I la Providence, & ont érigé des Autels en fon honneur. Les légendes des
Médailles où l’on en rencontre, font, Providentia, ou Providentiæ, &c.
Lorfqu’on a regardé la Providence comme une vertu, & comme une bonne
qualité dans les Empereurs, alors on lui a donné la même forme que celle
que nous venons de décrire ; c’eft-à-dire, qu’on 1 a reprefentée au revers de
plufieurs Médailles, fous la figure d’une femme qui tient un globe, une
pique, une corne d’Abondance avec le globe, ou une baguette au-deflus
du globe, ayant la même corne d’Abondance fur le bras gauche, dont elle
s’appuie fur une petite colonne : on lui voit auffi des épies à la main, au-deflus
d’un muid, dont il en fort encore quelquefois d’autres : elle a auffi foit la
corne d’Abondance, foit une ancre. Quelques fois ce font deux femmes, fur
, un
D E S T Y P E S D E S M É D A I L L E S . x ty
un même revers, dont l’une a le globe & des pavots, & l’autre des épies. La
légende dé ces derniers revers porte, Providentia Deorum ; requies Auguf-
torum ; & celles des précédens, Providentia Augujli. Toutes ces Médailles
annoncent la prévoyance & les foins des. Princes pour procurer l’Abondance
par terre ou par mer à leurs Sujets, & ce qu’ils ont fait pour fe procurer a
eux-mêmes le repos, & la tranquillité. WÊ
Vefpafien, en défignant Tite pour fon Succeffeur & lui donnant le Globe ,
fvmbole de l’Empire, fut cenfe pourvoir à la tranquillité & au bien de l’État
• c’eft pourquoi on a confacré quelques revers de Médailles à cette efpèce
Je Providence, & ces revers portent, Providentia Augujli. U n Sénateur
préfentant àNerva le Globe, fymbole de l’Empire, paraît fur un autre revers
avec la légende, Providentia Senatus. Enfin la figure de l’Afrique debout,
vis-à-vis de l’Empereur Commode, à qui elle femble offrir des épies, eft un
emblème qui fait honneur aux foins de ce Prince pour faire venir de l’A frique
des grains en abondance, & pourvoir aux befoins de 1 Empire ou de*l Italie,
l’une de fes portions effentielles.
On trouve, à la planche X V e. n°s. 6. 7. 8. 9. 10. 1 1 . ia . 13. 14. iy .
16. 17- & t 8. des revers de Médailles, avec des Types de la Providence.
U eft bon d’avertir qu’il y a quelques Types , au revers de certaines pièces,
oui avec une légende de la Providence, femblent néanmoins n’avoir aucun
rapport avec cette Divinité. Telle eft la tête de Médufe, furies Monnoies
de Sévère.
S e c t i o n a a a .
D e la Prudence.
Nous ne trouvons qu’une feule Médaille, au revers de laquelle il foit
queftion de cette vertu déifiée. Elle y eft repréfentée comme la Providence
l’eft fur certains revers, dont nous avons parlé ; c’eft-à-dire fous la figure
d’une femme accoudée du bras gauche fur une petite colonne : elle a fur le
même bras une corne d’Abondance, & de la main droite elle tient un feeptre
ou un bâton fort court au-deflùs d un globe place a fes pieds. La legende
eft, Prudentia Augujli. On la voit à la planche X V e. n°. 19. C e Type eft
le même dont nous parlerons dans la SeéHon X X X I I . , fous le titre de la,
Sageffe : par ce qu’il en fera dit alors, & ce que nous avons rapporté dans la
Seéfion précédente de la Providence, Ion verra le rapport qui! y a entre
ces trois vertus, ou ces trois Déeffes, Providence, Prudence & Sagefle.
S e c t i o n X X X I . .
D e la De'ejfe Pudeur.
La Pudeur, Pudicitia, a été diviriifée & confidéree en elle-meme comme
une belle qualité & une vertu, fans attention aux perfonnes en qui elle pou-
voit fe trouver. Elle a auffi été honorée, dans certaines Impératrices, comme
une vertu conjugale dont elles étoient, ou dévoient être ornees. Lors meme
qu’on a cru reconnoître cette vertu dans quelques Empereurs, on lui a rendu
non-feulement le refpeét qu’elle mérite , mais encore un culte d adoration,
comme à une Divinité ; c’eft ce qui fa fait repréfenter fur les Médaillés