
9 j 6 IN T R . A L A S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . Chap. VII.
Une Médaille d’Augùfte, frappée à Cuines, par le Monnétaire P . Petro
nius Tiupilianus, reprefente une Sirène formant de la trompette, quelle porte
à fa bouche de la main droite ; de la gauche elle en tient une autre. La
partie inférieure de fon corps eft entièrement femblable à celle d’un Oifeau.
C ’eft la Sirène Parthénope, à laquelle Cumes fe vantoit d’avoir fourni la
fépulturer on trouvera cette Médaille au n°- 30. de la planche X X V I I e.
Des Néréides.
Les Mythologues fuppofent que Nérée, Dieu Marin , fils de l’Océan
& de Thétis, époufafa foeur D o r is , & qu’il en eut cinquante filles, qu’on
appella les Néréides. C e font des Monftres Marins que les Médailles de la
famille Haleria nous repréfentent fous la figure de filles, qui, depuis les
reins, fe partagent en une double queue de Poilfons. Dans un revers de
Pompée, il y a entre chaque queue de Poilfons trois' têtes de Chiens , qui
femblent fortir des entrailles de la Néréide. O n regarde cette Figure & ces
Monftres comme les fymboles de la Sicile. Nous en avons déjà vu d’autres
de ce pays, dans l’Article où l’on a parlé des Parties du Monde : nous
avons donné un de ces Monftres au n°. 6. de la X e. planche ; nous en
ajoutons un autre au n°. 31. de là X X V I I .
D es Tritons.
La Mythologie ne s’accorde pas plus fur le nombre & la qualité des Tritons,
que fur leur origine. O n ne donna d’abord ce nom qu’a un Dieu
Marin , que l’opinion la plus commune faifoit defcendre de Neptune & de
la Nymphe Salaria, & qui, par état, étoit deftiné à porter fur Mer les
mandemens du Dieu fon père. Dans la fuite on jugea à propos de groffir
la Cour de Neptune d’un nombre infini de demi-Dieux, qui, fous le meme
nom, lui fervoient de Trompettes. O n les voit la Conque a la main , fous
la figure humaine jufqu’au nombril, d’où la partie inférieure fe termine en
Poilfon La conformation de leurs oreilles ou nageoires met une différence
effentielle entre eux & les Néréides.
Héfiode dans fa Théologie, Hygin dans fa Préface , Peumélius dans fon
Livre de Pifcationibus, Lycophron, Claudien & plufietirs autres Auteurs
font tous de fentimens différens fur l’origine de cette efpèce de Divinités.
O n n’en trouve que fur les Médailles des Malfiliens. Nous en donnons
un à la planche X X V I I e. n°. 3 y. A peine le dittingue-t-on d’un autre
Monftre appellé Scylla , dont nous parlerons bientôt.
D E S G L O B E S C É L E S T E E T T E R R E S T R E . 3 5 7
Des Chevaux-Marins.
Les Chevaux-Marins, que l’on rèncontre auffi fur les Médailles, font
encore des Monftres à qui la Fable prête la forme de Cheval dans la partie
antérieure, & celle de Poiflon dans la poftérieure. O n peut en prendre 1 idee
fur un revers de la famille Æ l ia , que nous 'donnons au n°. 3 z. de la planche
X X V I I e. où Neptune eft repréfenté fur un char attelé de deux Chevaux
Marins. O n la déjà vu au n°. 3. de la planche X e.
D e la Stimphalide SC la Harpie.
La Stimphalide eft un oifeau fabuleux, qu’onfeignoit être dune groffeur
extraordinaire, & ne vivre que de chair humaine. C ’eft fa repréfentation
qu’on croit voir fur le revers d’une Médaille de la famille Haleria. Cette
figure a une tête de femme couverte d’un cafque ; le refte du corps eft en
offeau : elle tient une pique & un bouclier fur fon aile'gauche. J’appelle
cet animal monftrueux une Stimphalide, après M. Spanheim : Antoine.
Auguftin l’a pris pour une Harpie, & Fulvius Urfinus pour une Sirene.
Q u o i qu’en penfent des Auteurs auffi refperiables ; il femble que le fenti-
mènt le plus généralement reçu fur la Stimphalide, caradterife cet animal
fabuleux par le bec & les ongles de fer qu’on lui donne. C ’eft fous cette
forme qu’on les fait combattre par Hercule , dans un de fes douze, travaux,
& qu’il lés chaffa de l’Arcadie, par l’entremife'de Minerve.,Il ne paraît pas
qu’on en ait diftingué de cette dernière efpèce fur les Médailles,
Dans cette fuppofition, 1 animal qu on vient de décrire ferait une Harpie,
à moins qu’on ne veuille prendre le cafque, dont il a la tête couverte, pour
la marque diftinûive d’une Stimphalide d’avec une Harpie. O n montre
l’une & l’autre aux nos. 3 3. & 34. de la planche X X V I I e.
D e la Scylla. ‘
La Fable nous apprend que Glaucus s’étant attaché^ à Scylla , fille de
Phocrys , & ne pouvant la rendre fenfible à fa paffion, s adreffa a l Enchan-
tereffe Circé , pour la prier de toucher par fes charmes le coeur de fa Mai-
treffe ; mais Circé éprife elle-même d’amour pour Glaucus, au Iieu.de
déférer à fa prière, empoifonna la fontaine ou Scylla avoit coutume de le
baigner ; de forte qu’en s’y lavant elle fe vit tout-à-coup transformée en un
Monftre effroyable, tel qu’il eft repréfenté fur quelques Médaillés de I om-
pée : elle ne conferva de fon ancienne forme que la partie fuperieure.julqu au
nombril : l’inférieure prit divèrfes formes de chiens & d autres animaux ,
métamorphofe qui caufa tant d’horreur à Scylla quelle courut fe précipiter
dans le golfe de Meffine, où elle fut changée en rocher , vis-à-vis de celui
de Carybde. , .
O n fent affez ce qui peut avoir donné lieu à cette Fable : ce n ei irlen
autre chofe qu’un rocher du même nom, placé dans le détroit de Me me,
écueil fameux par un grand nombre de naufrages. Les eaux qui fe dégorgent
des cavernes de ce rocher., rendent un bruit épouvantable & pareil a celui
d’une multitude de chiens qui aboyent. M. Spanheim nous a donne a