
» femblable, pour leur procurer la facilité des tranfports, & le foutien de
.» leur dignité. Ils varièrent leurs ornemens, la livrée & l’attelâge, félon
» la bienfeance du rang & de l’etat.
« Le comble de toutes ces folies, & c’eft une folie qui devint univerfelle,
» étoit non feulement de confondre Dieu avec ce Gouverneur des Aftres
» & de la Terre, c’eft-à-dire, avec le Soleil, mais même de chercher par-
•• mi leurs Héros ou leurs Fondateurs ce Ro i devenu le Conducteur de la
« Nature. Ainfi les Egyptiens y trouvèrent leur Ammon, les Syriens leur
» Bélus, les Crétois leur Aftérius, les Arcadiens un autre Jupiter ; ou plu-
« tôt ce Jéhov, parce qu’il avoit une forme humaine, palfoit pour avoir
» été Roi de tous les Pays où fon culte étoit reçu, quoiqu’il n’eût réellement
»> vécu nulle part, puifqu’il n’étoit que le ligne de la courfe du Soleil, s
Voilà l’origine de la fauffe Divinité dont il s’agit ici. M. Pluche nous a
parfaitement bien découvert par quels dégrés , & par quels moyens le Soleil
eft devenu un Dieu pour la plupart des Peuples de la Terfe. PalTons à ce
qui regarde ce Dieu dans la Fable & dans la Numifmatique.
D u Dieu So le il, félon HHiJloire SÇ la Fable.
Si la Mythologie n’a pas donné le Soleil pour un Dieu univerfel, adoré
par la plupart des Peuples fous différens noms , elle l’a fait regarder comme
un Dieu duquel tous les autres, ou du moins la plus grande partie, ne furent
que des écoulemens, des émanations, & des fymboles fous lefquels on lui
décerna un- culte. Apollon, Bacchus , ou Liber Pater, Adonis , Sérapis ,
Ifïs , Ofiris, Efculape, Mars , Mercure , Mithra, Jupiter même , félon la
Fable, ne font autre chofe, à certains égards, & par rapport à certaines
fonctions, que des Soleils ou des Aftres, fur lefquels le Soleil domine, &
qui en reçoivent les influences qu’ils communiquent a la T erre avec lu i, ou
dépendamment de lui.
Le Soleil fu r les Médailles.
Nous favohs à préfent l'origine & les raifons du culte que les Anciens ont
jugé à propos de rendre à cet A ftre , & de quels fymboles ils fe font fervi
pour le repréfenter ; nous l’avons déjà vu , dans notre Section IIIe. fous le
titre & la figure d’Apollon. La Numifmatique nous en donne encore la
même idée fous la dénomination de Soleil, qu’elle femble avoir emprunté
des Egyptiens & des Grecs ; car fur la plupart des Médailles, le Soleil eft
debout, un fouet ou un globe a la main : quelquefois il eft place fur un char
dont il conduit les Chevaux, comme nous l’avons dit dans le commencement
de cette Seétion : il préfente aulfi toujours l’idée de quelqu’un qui
gouverne. Quelquefois c’eft une tête rayonnée dont la lumière fe répand de
toutes parts. Sur un revers d’Elogabale, une greffe pierre terminée en cône,
& placée fur un char de triomphe attelé de quatre Chevaux, lui fert de Symbole
: la legende lui donne le titre de Saint, Sanclo Deo Soit. Ailleurs, on
l’appelle Confervateur, Compagnon, Invincible, Seigneur de l’Empire
Romain, Soleil Orient d’Augufte, le Reftituteur ou Réparateur de l’Orient,
&c. Soli Comiti, Soit Conjervatori Augufti, Soli Inviclo Oriens Augufli,
Sol Dominus Romani Imperii , Rejlitutor Orientis, &c. O n le donne de
quatre façons, à la planche X„. n"s. 33. 34. 3 y. & 3 6. Avec ces quatre
Médailles, & l’explication qu’on vient de donner, il fera aifé à reconnoître
fur tous les anciens Monumens.
S e c t i o h X L V I.
D es Dieux Sorts, ou de la Déejfe Sort , félon t Ecriture Hiéroglyfique.
Nous nous fommes affez amplement étendus fur le S o r t, les Sorts &
autres Divinités femblables, en parlant du Bon Evénement & du De ftin ,
pour apprendre aux Lecteurs ce qu’il faut.en penfer, Sc ce qui donna.lieu
a les mettre au rang des Dieux. Q u ’il nous fôit donc permis d’y renvoyer,
pour éviter les répétitions : il en eft déjà allez d’inevitables dans la matière
que je traite. ’
D u So rt, félon IHifioire & la Fable.
Soit que les Anciens aient regardé le Sort, qu’ils paroiffent avoir identifié
avec le D e ftin , la Fortune & le Hazard & même avec fes effets ,
comme une Intelligence, ou une Providence, qui préfidoit aux Jeux des
dés, pour en faire tirer des préfages heureux ou funeftes, à l’ouverture des
Livres pour y faire rencontrer l’avis de ce qu’on avoit à faire, à craindre ou
à efpérer, & enfin aux Oracles des prétendues Sybilles, pour faire connoître
l ’avenir ; foit qu’ils en aient eu toute autre idée, il eft certain que les Sorts
dePrénefte, Sortes Prcenefliance, & ceux d’Antium, Sortes Andates , ont
été dans une haute réputation.
Ces Sorts de Prénefte & d’Àntium ne pouvoient être que la Fortune
même, ou les Fortunes 3 à moins qu’on ne veuille les prendre pour la déci-
fion , l’avis , ou les promeffes que ces Fortunes mâle ou femelle donnoient,
ou étoient cenfées donner, lorfqu’ellesetoient confultees 3 car l’art & l’artifice
; concouraient à faire mouvoir les ftatues de ces Divinités, de façon que,
par un mouvement de tête, leurs Adorateurs croyoient apprendre ce qu’ils
avoient à faire, & quel ferait l’événement & le fort de leurs entreprifes.
D u Sort fu r les Médailles.
O n ne peut nier que le Sort n’ait paffé pour une Déeffe , & qu’elle n’ait
eu fes Temples. Nous trouvons, dans les Médailles de la famille Ploetoria ,
le bufte de cette Divinité qui eft entièrement femblable à celui de la Piété.
O n peut en juger par la repréfentation que nous en donnons, a la planche
X VQnue°'l' qu3e7s' Auteurs ont pri. s aufïi pour la tête de la Deefle S o r t, -celle qui
eft à la face d’une autre Médaillé delà même famille, qui montre, au revers,
le frontilpice d’un Temple, avec la figure d’un Triton au dedans. Mais il
paraît que M. Morel en a jugé plus fainement, en donnant cette tete pour
celle de Proferpine, ou d’une des Sybilles que l’on confultoit affez indiftinc-
tement, pour apprendre quel feroit fon Sort. La Médaille que nous donnons
ici porte pour légende, Sors, mot que le Père Hardouin a lu comme fi
les quatre lettres qui le compofent fuffent les initiales d’autant d autres mots
qui duffent lignifier toute autre choie que le S o r t, ou la Divinité de ce