
zîo IN T R . A L A S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . C hap. V .
dimène, d’Idéenne, de Mère des Dieux , de grande Déeffe, & plufieurs
autres;car perfonne n’ignore que ce font autant de noms différens donnés àla
même figure divinifée, que le grand nombre de fes fonctions & de fes fmnj_
fications, & la variété de fes ornemens & de fes attributs, ont fait multiplier
dans des temps & des Pays différens. Mais puifque la Numifmatique a fuivi
la Fable fur l’article de R h é a , quelle a regardée comme une Divinité réelle
& diftinguée des autres, nous ne nous écarterons pas de cette idée, & nous
traiterons en particulier de cette prétendue Déeffe.
La Fable la fait femme de Saturne , & Mère de Jupiter. Prête à mettre
au jour ce fils, & fachant que le Père dévorait tous fes enfans mâles, dans
la crainte d’en être détrôné, elle voulut lui dérober la connoiffance de fon
accouchement. Pour cela elle convoqua les Corybantes, afin que le bruit de
leurs tambours & de leurs armes cachât à Saturne les cris que la douleur
pourrait lui arracher, & ceux-même de l’enfant qui, par ce moyen, devoit
échapper à la cruauté & à la voracité de fon père.
Rhéa fu r les Médailles.
Cette Fable eft repréfentée de différentes façons, fur trois revers de Médailles
, que l ’on trouve dans l'ouvrage de Seguin, intitulé Selecla Nu-
mifmata &c. Le premier revers eft d une Médaillé frappée dans l’Ifle de
Crete, pour 1 Empereur Trajan. O n y voit Rhéa qui tient l’enfant dont elle
vient d'accoucher , & les Curètes ou Corybantes dans l’attitude de frapper
leurs tambours. Le fécond, eft d une Médaiüe d Antonin-Pie, où l’accouchement
de fa femme Fauftine eft repréfente fous l’emblème de Rhéa ; un
Corybante éleve entre fes mains le petit Jupiter emmaillotté ; deux autres, dont
l’un fonne de la trompette & l’autre bat du tambourin, font auprès d’eux ;
un ^quatrième parait dans 1 attitude d un Accoucheur, avec une femme def*
tinee a 1 aider ; derrière 1 Accouchée on voit un Satyre qui poire dans un
vafe quelque liqueur confortative. Le troifième revers eft d’une Médaille de
Trajan-Dèce, où trois Corybantes frappent de leurs armes, & battent de
leurs tambourins près de Rhéa , qui tient au milieu d’eux l’enfant dont elle
vient d’accoucher. Ces^ trois Médaillés font à la planche X e. n°*. 18. 19.
& 10. Voila tout ce qu on peut donner de Rhéa en particulier.
S e c t i o n X L I I .
D e la Déejfe Rome fu r les Médailles.
Les Anciens ne fe font pas contentés de perfonnifier les V ille s , & de les
reprefenter fous des figures de femmes ; mais ils les ont encore adorées comme
des Divinités. Entre ces Villes élevées au rang des Déeffcs, Rome a tenu
le premier rang. O n la voit repréfentée en cette qualité fur un grand nom-
bre de Médaillés, foit à la face, foit au revers.
A la face des Médaillés, ceft une tête de femme toujours repréfentée
belle & jeune pour infinuer que cette Ville & la République étoient toujours
dans la fleur & la vigueur de la Jeuneffe. Elle a quelquefois une couronne
murale fur la tete ; plufieurs Monoyeurs y ajoutent un voile. Mais
ordinairement on la trouve couverte d’un cafque , dont la forme varie beaucoup.
Alors elle reffemble fi fort à Minerve ou à Pallas, que, fans la légende,
D E S T Y P E S D E S M É D A I L L E S 1I t
il ferait affez difficile de la diftinguer de cette Déeffe, furies pièces qui la
repréfentent de la forte.
A u revers des Médailles, Rome paraît fous la forme d’une jeune femme,
belle & grande, tantôt afffe ou debout fur un char à deux ou à quatre
chevaux, tantôt fur un amas de boucliers & d’autres armes, quelquefois fur
un liège ordinaire, fur des rochers, ou à l’entrée d’un Temple. D ’autres fois
la Déeffe debout reçoit ou couronne un Héros, un Conquérant, un Général
victorieux. O n la trouve d’une infinité de façons fur les revers des Médailles
Confulaires & fur d’autres.
Par-tout où l’on puiffe la rencontrer elle a la tête couverte d’un cafque ,
ou d’une couronne muralé , comme nous l’avons obfervé : elle eft toujours
accompagnée des marques de fes Guerres, de fes Conquêtes & de fes Triomphes.
Elle tient à la main un fceptre ou une pique, une couronne ou une
palmé , fouventjune petite figure de la Victoire, ou quelque autre chofe
de relatif au titre de D éeffe, de Maîtreffe du Monde, de Guerrière victo-
rieufe & triomphante.
Les titres quon lui a donnés répondent aux attributs & aux ornemens
avec lefquels on l’a repréfentée : tels font les principaux ; Rome la Déeffe,
Dea Roma ; Rome Sacrée, Roma Sacra ; Rome l’H eureufc, Roma Félix ;
Rome la Bienheureufe, Roma Beata ; Rome l’Éternelle, la Perpétuelle-,
Roma Æterna, Perpétua ; Rome la Victorieufe , Roma Victrix ; l’invincible
, I n v i c l d Rome Renaiffante , Roma Renafcens ; Rome Reffufcitée
ou Reffufcitante, Roma Refur gens , &c.
O n trouvera la Déeffe Rome de fix façons, à la planche X e. nos. z 1. zz.
1 3 .1 4 . zy . & z 6. D ’abord ce font deux buftes couverts d’un cafque: enfuitece
font quatre ftatues affifes, dont la première tient une petite Vi&oire fur fa
main droite, & un fceptre dans fa gauche ; la fécondé eft fur un amas d’armes,
la pique à la main droite, & un bouclier fous fon bras gauche ; la troifième
eft viélorieufe, & tient une branche d’olivier ou de laurier de la main droite ,
& appuie l’autre fur un gouvernail, près duquel eft le globe terreftre ; enfin
la quatrième eft afffe auprès des trophées d’armes ; la Louve allaitant Remus
& Romulus eft à fes pieds, & deux oifeaux femblent voler vers la Déeffe,
qui paraît attentive à confulter le deftin fur le fort de ces Princes. Rome
eft repréfentée de plufieurs autres façons, fur les Médailles ; mais elle y eft
toujours très-aifée à reconnoître.
S e c t i o n X L I I I .
D u Dieu Saturne, félon lEcriture Hiéroglyfique.
Ori va voir ici jufqu’où la fuperftition a pouffé le ridicule au fujet de
Saturne. M. Pluchele fait toucher au doigt : nous le fuiyrons, à notre ordinaire,
& nous le copierons en l’abrégeant, autant qu’il ferapoffible. Il faut
dire d abord que Saturne ne fut dans fon origine qu!une figure fymbolique,
comme la plupart des autres faux Dieux. Cette figure étoit cel le d’Horus
repréfenté quelquefois comme un vieillard, avec une barbe grife & deux ailes, .
tenant une faux à la main, ouayant une faucille près de lui : d’autres fois il étoit
dépeint arrêté & garrotté comme un prifonnier, ou enfin dégagé de fes liens
comme un homme libre. Outre les attitudes & les attributs dont on caradtérifa
cette figure , on lui donna encore des noms qui achevèrent d’en déterminer
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