
ï i i IN T R . À L A S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . C hàp, V .
■ nades ou Porïeufes d'Affiches 3 de Thyades-, qui veut dire, Vagabondes 3 de
Bajfarides , qui lignifie VendangeuJ'es. V o ila , félon M. Plucïie, d'où i’oa
a -tire Baçchus & tout Ion Cortège.
Bacchus, filon l’Hifioire SC la Fable.
LHiftoire & la Fable comptent plufieurs Bacchus, qui, pour la plupart,
font peut-être le même, appellé O fin s en Égypte, Phanace chez les My-
fiens, Dyonifius par les Indiens, ou plutôt par les Grecs, Liber & Liber
Pater par les Romains, &c. Q u il y en ait eu, ou qu’on en ait fuppofé plufieurs
ou un feu l, cela importe peu pour l’objet que nous nous fommes
propofé, puifqife notre intention eft de traiter ici feulement de celui qui
«ft connu dans la Numifinatique, & que l ’on voit fur une grande quantité
de Médailles grecques & latines.
L’Hiftoire & la Fable le font fils de Jupiter & de Sémélé, Conquérant
des Indes, Voyageur en Égypte, où l’on dit qu’il enfeigna l’agriculture, 8c
-qu il planta la vigne ; ce qui le fit adorer comme le Dieu du vin.
Bacchus fu r les Médailles.
G n le trouve fur l’un & l’autre côté des Médailles. A la face des Monnoies ,
il eft ordinairement repréfenté par une tête de jeune homme fans barbe, &
d autrefois par une tête de vieillard avec la barbe. Cette tête eft couronnée de
lierre, ou de pampres & de feuilles de vigne. A u revers, on l’a repréfenté fous
la figure d un homme ou tout à-fait nud, ou à demi-couvert d’un manteau.
-Ses attitudes font fort variées ; mais il eft toujours aifé à reconnoître, parce
quil eft dépeint par tout comme un homme d’une humeur & d’un maintien,
tout-a-fait Bachiques : ou il eft ivre, ou il boit pour le devenir bientôt.
O n a beaucoup multiplié fes attributs. Tantôt il paroît avec un Thyrfe a. la.
main ; ceft-a-dire avec un grand bâton terminé au haut par “une pomme de
Pin : tantôt il dent des flèches ou une patère, qui eft une efpèce de plat propre
a verfer des liqueurs fur un A u te l, dans les Sacrifices, ou une grappe de
raifin, ou une coupe, une rafle, un verre propre à boire, ou un vafe propre
a mettre du vin : fouventil paroît fur un même revers avec plufieurs de ces
attributs ; il eft aufli quelquefois monté fur une Panthère, ou affis fur un
Char de Triomphe attelé de deux Panthères ou de deux Centaures. Il a
d autrefois la maflue d Hercule en main & une peau de Chèvre fur le corps.
Voila quels font fes attributs ; la plupart lui font venus des Figures & des Fêtes
fymboliques dont il a tiré fa naiflance.
Quant aux Bacchantes , que l’on appelloit aufli les Ménades & les Thyades,
la Fable en fait les Nourrices & enfuite les Compagnes de Bacchus, dans fon
expédition des Indes. Leurs fonctions auprès de ce Dieu étoient de bien boire ,
de bien fauter, de danfer, d entrer dans une efpèce de fureur Bachique, &
de fe comporter félon que leur didtoit un pareil enthoufiafme. Auffi font-elles
reprefentees dans les Bacchanales & à la compagnie de leur cher Nourriflon ,
toutes echevelees, & dans des attitudes qui montrent bien que le vin agit en
elles plus que la raifon. O n en voit quelques-unes fur une Panthère, â l ’imitation
de Bacchus. Ce Dieu eft reprefenté de cinq façons, à la planche V I Ie.
N ° s- 17- 1 19. 20. & 21. A u N°. 1 1 . il eft traîné par deux Centaures,
dont 1 un eft reprefente jouant de deux flûtes : Ariadne ou Sérapis eft près 4c
D E S T Y P E S D E S M É D A I L L E S . 123
lui fur le C h a r , avec le.muid fur fa tête. On trouvera Bacchus par-tout â
peu près comme il eft repréfenté fur ces cinq Médailles. Quant aux Silènes,
aux Faunes, aux Satyres & aux Sylvain», on en parlera dans la fuite, félon
l’ordre alphabétique, que nous fuivons.
S e c t i o n V Î I Î .
D u Bon Événement 3 origine de cette Divinité SC de quelques autres
.femblables , félon M . Pluche.
La Fortune, le Deftin, Fatum , le Sort, Sors , & le Bon Événement,
Bonus Eventus, ont été adorés comme quatre Divinités, différentes. C e fut
apparemment de l’Écriture Hiéroglyfiqùe, compofée-sde figures fymboliques,
dont on avoit oublié le fens & la lignification qu’elles tirerènt leur naiflance ,
comme bien d’autres : l’ignorance fut par-conféquent leur mère commune.
Mais de quelle figure Hieroglyfique font-elles nées? C ’eft ce que nous ne
pouvons affurer polîtivement : voici ce qu’on peut conjeéturer de plus vrai-
femblable. Surpris de certains événemens, bons ou mauvais , mais qui par-
roifloient extraordinaires , les Anciens, loin d’en chercher la caafe dans les
décrets d’uiie Providence qui fait ou qui laiffe agir les caufes fécondés en les
dirigeant avec douceur, avec force & avec fagefre à fes fins, aimèrent mieux
les attribuer à quelqu’autre Agent inconnu, q u i, félon eux, les produifoit
au hazard, & par cas fortuit, d’une façon conforme ou oppofée â leurs vues,
à leurs défirs& à leurs intérêts.
Cet A g en t, & cette Caufe , furent nommés par les urts le H azard, par les
autres le D e ftin , & par d’autres enfin , la Fortune ; chacun les reprefënta
félon les idées qu’il s’en étoit faites. Ceux qui fe trouvoientbien des effets de
cet Être imaginaire, fans pouvoir le définir, lui donnèrent le nom de Bonus
Eventus, Bon Événement. O n regarda cette Caufe, & cet Agent prétendu,
comme les Maîtres fouverains & abfolus des bons ou mauvais fucces dans
les entreprifes, & , par une eonféquence prefque néceffaire, on en fit les
arbitres du fort des hommes & même des Dieux. O n leur offrit des v ie u x &
des facrifices pour obtenir , foit le fuceès dans les entreprifes & les affaires,
foit la prudence, la fagefle & la force pour les conduire a une heureufe fin 3
d’où naquit le culte divin quon leur rendit fous le titre de Bon Evénement,
& que l’on multiplia, félon toute apparence, autant que lès-événemens parurent
bons & favorables 3 car dans ces temps de ténèbres chacun devenoit
le créateur de fon D ie u 3 chacun s’en faifoit a fon gré, & 1® Dieux quon
adoroit fous les mêmes noms , n’étoient point adorés fous la meme idée par
chacun, de leurs adorateurs : quelquefois ils changeoient de titres, félon le
goût & les intérêts particuliers 3 c’eft ainfi que 1 Événement adoré fous le
titre de Bon par les uns , pouvoit l’être à titre de Mauvais Événement,
Génie , de Deftin , de Sort terrible, & de Furie par les autres, fur-tout par
ceux qui fe trouvoient mal d’un Événement, dont plufieurs autres fe trou-
vpient bien.
Le Bon Événement de l’Hifiçire SC de la Fable.
Qu o i qu’il en fcât de l’origine du Bon Événement & des differentes idées
qu’ont pu en avoir fes adorateurs, l’Hiftoire & la Fable ne lui donnent ni
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