
.-Prêtres & : des Prêtrefles particulièrement confacrés au culte des Divinité
Païenneà, &prépofés pour les Sacrifices & les Cérémonies qui en dépendoient-
: mais cela n’empêchoit pas que très-fouvent dès perfonnes de tout rang, gj
id e tout fexe, ne fi lient elles-mêmes des Libations, des-Offrandes, des V oeux
des Sacrifices à leurs Divinités , doit publiquement, l'oit en particulier ■
& cela fans le miniftère de leurs Prêtres ou Prêtrefles : c’eft ce que les Em-
spereurs, dès Princes, les Princefl'es, les Généraux, les Armées , les Soldats
: & plufieurs Particuliers ont fait autant de fois qu’ils l’ont jugé à propos
.--comme on le voit par les Médailles mêmes. Alors ces Sacrificateurs extra-
: oidinaires ne prenoient fouvent d’autres babillemens que ceux qu’ils portoient
qui cônvenoient a leur fexe , à leur rang , à leurs charges &• à leurs
^dignités. .
t " Après, ces obfervations , on peut dire, en général, & l’on verra parles
îTypes des Médailles , que la fonction des Prêtres & des Prêtrefles; dans les
-Sacrifices d’encens, de liqueurs & de libations, étoient de jetter l’encens
:& de verfer les liqueurs fur le feu de l’Autel. ■ Pour verfer les liqueurs ils Je
..fiervoient de la Patère , comme il paroît par les Médailles où ils font représentés
dans cette fondtion. Quant aux Sacrifices fanglans, le devoir de Prê-
-tres', ou Prêtrefles , étoit d’être préfens lorfque les Vidtimaires aflommoient
ou- égorgeoient la Vidtime,. & qu’ils en découpoient lès chairs. O n remarque
;aufli fur. les .Médailles, & .mieux encore fur d’autres Monumens qui repré-
:fententces Sacrifices plus-.en grand , qu’ils recevoient le fang des Vidtimes
■ dans la Patère, pour le verfer enfuite fur le feu de l’Autel.-Pendant q u é l’on
^préparait les .Vidtimes , ils offroient aflèz ordinairement de l’encens , des
.-parfums & des liqueurs.
- L ’habillement-.le plus ordinaire des Prêtres, dans ces Cérémonies, étoit
un grand voile dont ils fe couvraient la tête- Quelquefois ils formoient; ce
.'vpiîé d’un des pans de leur robe qu’ils retrouflbient. Pour, certaines Divinités
;ils a voient, au lieu de voile, des couronnes de laurier, de fleurs ou de fruits;
-pour d’autres, ils avoient la tête nue. Ils étoient vêtus d’une robe longue,
fouvent même de la toge des Confuls & des Sénateurs , par un Privilège
attaché aux Prêtres de quelques-uns des Dieux. Les Prêtrefles, ou les femmes
-qui facrifioient, retenoient leur habillement ordinaire ; mais elles mettoient
fouvent un grand voile fur leur tête. O n trouvera encore dans la fuite de
cet Ouvrage quelques détails que l-’on n’a pas jugé à propos de placer ici,
pour éviter les redites. Voyez les n°«. i z . 13. 24. z y . 2 6. 27. 28. 29. 30. 16.
38. 39. & 4c. delà planche X X e., les n9S; 1. 2. 3. 4. iy . 1 6. 17. 19/ &
-20. de la planche X X I e., & enfin les nos-, 12. ■ & 13. de la X X X I e. planche.
Les deux vignettes marquées 1. & 4. de la planche X IX e. montrent aulfi
quelques Sacrifices, où l’on verra mieux les habillemens & fondtions de plufieurs
fortes de Sacrificateurs, Prêtres & Prêtrefles.
S e c t i o n V I I .
D e la dignité d'Augure, SC de tout ce qui la concerne.
Avant que de parler de la dignité des Augures , il eft à-propos de faire
connoître ce que l’on doit penfer de l’A rt d’Augurer, & du peu de fonds que
les Païens mêmes faifoient fui les Augures, les Arufpices & les Oracles-
Vç>ici comme M . Pluche s’en explique.'
»> Pour
» Pour peu que l’on connoifle l’Hiftoire ancienne, on peut fe rappeller,
» dit cet Auteur ( Hiftoire du C ie l , Tome Ier. page 432. ) d’avoir fouvent
„ vu les Romains, les Sabins, les Ëtrufques , les Grecs & bien d’autres
» Peuples fart attentifs à ne rien entreprendre d’important , fans avoir
» confulte les Oifeaux , & fans tirer pour l’avenir des conféquences favo-
» râbles ou défavantageufes, tantôt du nombre , tantôt de la qualité des
» Oifeaux qui traverfoient l’air , ou de l’infpedtion du côté d’où ils par-
» raient, & de la route qu’ils tenoient. O n peut encore fe fouvenir que,
» pour n’être pas livrés à la longue attente d’un Oifeau trop lent à fe pré-
» tenter , les Prêtres des faux Dieux avoient introduit l’ufage des Poulets
» facrés , dont on pofoit la cage au milieu de l’aflemblée des Peuples, &
» dont les Magiftrats obfervoient gravement les façons brufques & les mou-
» vemens les plus fantafques. On avoit réduit en A r t , & rappellé à des
» règles confiantes, toutes les confequences qu’il falloit tirer pour l’avenir
» des differentes maniérés dont ces animaux capricieux laifloient tomber
» ou avaloient la mangeaille -qu’on leur avoit prefentée. Combien de fois
« n’a-t-on point vu les Prêtres du Paganifme , foit par intérêt, foit par
» entêtement pour ces réglés chimériques, troubler ou arrêter les entre-
» prifes les plus importantes & les mieux concertées , par la confidération
» du caprice d’un Poulet qui avoit refufé de manger ? Augufte, & bien
» d’autres perfonnages éclairés fe font moqués des Poulets & des Divina-
» rions, fans aucun accident fâcheux. Mais quand les Généraux d’Armées ,
» dans les Siècles de la Republique, manquoient une èntreprife, les Prêtres
m & les Peuples en rejettoient la faute fur la négligence avec laquelle on
« avoit confulte , & plus communément encore fur ce que le Général avoir
» préféré fes lumières aux avis des Poulets facrés. Ce n’efl pas fans quelque
« indignation qu’on voit ces dangereufes petitefles fubfifter dans le, plus
» haut crédit chez des Peuples pleins de grandeur dame, & les plus beaux
« efprits en faire en apparence des Apologies férieufes.
» Cicéron nous a confervé [D e Naturâ Deorum, L. IL) le bon mot
)> de Caton , qui avouoit qu’uné de fes furprifes étoit de voir un Arufpicé
» en regarder un autre fans rire ; & je ne doute pas que quand cet Orateur
» fi judicieux faifoit fes fondrions de Prêtre des Augures, il ne fût prêt à
« perdre contenance toutes les fois quil fe rencontrait vis-à-vis de quel-
» qu’un de fes Collègues, marchant d’un air grave , & hauflant le bâtôn
» Augurai pour déterminer les efpaces du ciel & de la terre , hors defquels
» les accidens de l’air ceffoient d’être prophétiques. Cicéron fentoit par-
» faitement le vuide de ces ufages. Après avoir remarqué , dans le fécond
=> Livre de la D ivination, que jamais un plus grand interet n’avoit remue
« les Romains que la querelle de Céfar & de Pompée, il rihéfite pas à
» confefler que jamais on n’avoit tant confulté les Augures, les Arufpices
» & les Oracles ; mais que les réponfes , qui étoient fans nombre, n’avoient
» pas été fuivies des évènemens qu elles promettoient, ou avoient ete fûmes
» d’évènemens fort contraires. Après cet aveu , qui met en poudre tout
» l’A rt des prédictions, Cicéron ne laiffè pas, par unefaufle prudence, den
» maintenir la pratique. Il aimoit mieux laifler le Peuple dans l’erreur, que
» de courir le rifque de l’irriter en travaillant à le délivrer d’une fuperftition
a pernicieufe & criminelle. «
C ’eft; de cette fuperftition que les Païens avoient fait un A r t , & ce fut de
cet Art trompeur que les Romains firent une des principales de leurs Dignités
facrées 3 c’e ft-à -üie, la Dignité d’Augure.