
trois autres figures, pour repréfencer les trois autres mois, qui étoient ceux de
l ’inondation. Tout commerce d’une Ville à une autre étant alors interrompu,
par le défaut de chemins pratiquables , avant l’Invention de ces chauffées
magnifiques & affez élevées pour dominer la fuperficie des eaux, les figures
qui an n on c en t cette efpèce de divorce & de réparation occafionnés par
finondâtion, furent nommées Cheritout. D e ce Cheritout les Grecs ont formé
les Charités, que les Latins ont fort bien rendu par celui de Gratioe, & les
François par celui de Grâces. Ces trois mois'étoient des mois de repos, auffi
bien que de réparation ; c’eft pourquoi à côté des Mufes on repréfenta encore
îçs trois figures qui les annonqoient & qui en .étoient les fymboles, tantôt
comme emmaillottees, & ne pouvant faire aucun ufage ni des mains ni des
pieds , tantôt moitié femme moitié lézard ou poiffon, pour lignifier le
repos pris fur le bord des eaux. Telle fut la deftination & la repréfentation des
trois Ifis furnommées Cheritout en Égypte, & que les Grecs aimèrent mieux
voir repréfentées fous les figures de trois foeurs de la figure la plus aimable
fans attributs & fans autres occupations que de danfer & de fauter, en fé
tenant l ’une l’autre par la main. Voilà quelle fut l’origine des neuf Mufes
& des trois Grâces, &c celle d Apollon & d’Hercule ,-furnommés Mufagètes,
D e s Mufes SC des Grâces, félon i I lifo ir c , Ici Fable SC la Nunùfnaticjue,
L a Fable nous a donné neuf Déelfes fous le nom de M u fe s , & trois
Tous celui de Grâces. Elle fait les neuf Mufes filles de Jupiter & de Mné-
mofyne : elle attribue à chacune l’Invention d’une Science ou d’un A r t: on
leur donne Hercule pour Gardien de leurs retraites fur les monts Parnaffe ,
Helicon, Pierius & Pinde, afin d ecarter, par fa force & fa valeur tout ce
qui pourrait troubler un repos quelles confacrent à l’utilité publique. Leurs
noms font Grecs S i répondent, par leur lignification, aux Sciences & aux
Arts dont on leur attribua 1 invention, & aux fonctions qu’on leur a fup-
pofées. _ • r
aux Grâces y la meme Fable les fait defcendre de Jupiter de
Vénus , ou d’Eurynome : elle les appelle Euphrofine, Thalie , & A d am :
elle en fait les compagnes tantôt de Vénus, tantôt des Mufes, & quelquefois
ae Mercure. a u
Les Mufes font repréfentées à la face & au revers des Médailles ; à la face,
par une tete de femme, jeune, les cheveux artiftement arrangés & couronnée
de laurier. Derrière ces teces on remarque un fceptre, une couronne , une
etoile, une tortue, un foc de charrue, ou différentes autres chofes qui n’ont
aucun rapport aux Mufes, & qui ne peuvent paffer que pour des marques de
Monnetaires propres à diftinguer ou les Hôtels de la Monnoie, ou les coins
des differens Graveurs. A u revers, les Mufes font repréfentées fous la figure
- “P f debout, avec des coëffures & des attitudes différentes : on.leur
a diftnbue a chacune un Inftrument qui leur fert de fymbole, ou d’attribut
relatif a lA r t dont on les fuppofe Inventrices, ou à la fonction qu’on
leur prête. ■*
Calliope a le pas fur les autres : elle fe préfente debout, relevant fa robe,
& tenant un rouleau de papiers, qu’on fuppofe contenir des vers Héroïques,
dont on lui attribue 1 invention : elle eft accoudée fur une bafe ou petite
colonne. Orphee doit fa naiffance à cette Mufe, qu’on fait préfider à lHar-
morne, & aux Chants des Hymnes compofées en l ’honneur des Dieux.
Clio eft la fécondé : elle porte une Harpe ou une Guitarre à la main ,
quelle tient pofée fur une efpèce de C ip p e , dans l’attitude d’en jouer. La
doit-on regarder comme l’Inventrice de l’A r t, ou feulement de l’Inftrument,
ou même de tous les deux ? C ’eft ce qu’il importe peu d’approfondir ,
pourvu qu’on apprenne à la reconnoître à fes attributs. C ’eft cette même
MufeVque l’on regarde encore comme la Déeffe de la Gloire & de la Renommée.
; •
Le nom d’Uranie, qu’on place au troifième rang, fignifie le C ie l , en
Langue Grecque ; ce qui lui valutjp titre de Célefle. D ’ailleurs on prétend
qu’après s’être entièrement adonnée a l’Aftronomie, elle en apprit les règles
& les fecrets aux hommes. Auffi eft-elle repréfentée debout, tenant une baguette
, dont elle pofe l’extrémité fur le Globe Célefte, dans 1 attitude de
donner des inftructions fur cette Science.
Érato, quatrième M u fe , parait fur les Médailles fans avoir aucun Inftrument,
parce que c’eft à elle que l’on attribue l’invention de la Mufique vocale.
Auffi l’a-t-on repréfentée comme 11 elle chantoit des Hymnes & des
Vers en l’honneur des Dieux. Les charmes de fa voix lui firent donner le
titre £ Agréable ou à! Aimable.
Euterpe, Mère de la Tragédie, eft la cinquième. Comme cet A rt fut
dédié à Hercule, Euterpe eft repréfentée appuyée fur la maffue. Son attribut
eft une tête à deux faces, quelle tient fur Tune de fes mains.
Thalie eft la fixième : c’eft à elle, dit-on, que la Comédie doit fon origine
; auffi tient-elle un mafque, qui en eft le fymbole. Son titre fut la Flo-.
riffante.
Melpomène, qu’on compte pour la feptième, porte dans fa main gauche
un Inftrument de Mufique., qu on appelle le Barbiton, dans 1 attitude de
faire réfonner les trois cordes dont il eft compofe.
La huitième, qu’on nomme Terpfioore , inventa différentes fortes de
Flûtes , & l’A rt d’en multiplier & diverfifier agréablement les fons ; c’eft ce
que marque la Flûte qu elle appuyé de la main droite fur une efpece de
bafe. * 9
Enfin Polymnie , neuvième & dernière M u fe , fut ainfi nommee pour
avoir trouvé le fecret de multiplier les airs d une L y r e , Inftrument qu on
touche avec les doigts, comme il paraît par fa figure.
A la tête des neuf Mufes, que l’on donne à la planche IX e. rî°s. z$>. 30.
31. 31. 33. 34. 3J. 36. ôc 37. on pourrait mettre le revers d’un Médaille
de la famille Pomponius Mufa : il reprefente Hercule Mufagete, ainfi nommé
parce qu’en gardant les Mufes il fe divertiffoit à jouer de la Harpe : il y parait
dans l’attitude de jouer & de danfer au fon de cet Inftrument 3 mais ce revers
eft au ii°. 31. de la planche précédente, avec d autres de ce meme Dieu.
A u n°. z 8. de la planche IX e; on a mis la tête d’une des Mufes.
E C T I O N X X X V .
Des Déejfes appellées les Némèfes , félon f Écriture Hieroglyfi^ue.
En fuivant toujours le principe établi par M. Pluche, qui eft de chercher
1 origine des faux Dieux dans les figures de l’Écriture Hieroglyfique, & dans
1 ignorance ou l’oubli de leur lignification, nous trouvons celles de deux
Déelfes, l’une appellée Calliope & l’autre Némèjè. Calliope eft fans doute