
S e c t i o n I V .
D e s Combats d’Homme à Homme , ÔG de ceux d ’Hommes contre des
Animaux.
Dans le nombre des , Médaillés Confulaires nous en trouvons une de la
famille Minutia , deux de la famille Servilia, & une de la famille Kifellia,
aux revers defquelles on voit bien deux Hommes qui font aux prifes en-
femble ; mais la différence des habits qu’on remarque dans les Combattans
préfente moins l’idée des Jeux d’Exercices & de Spedtacles , que d’un
Combat férieux, dans lequel deux Peuples ou deux Armées, repréfentés
par ces deux Hommes, fe difputent, l’épée à la main, la Victoire. Nous
avons placé un de ces revers au n°. zo. de la planche X X X I e.
Les Combats qui fe donnoient au Cirque, dans les Jeux. & les Speétacles,
étoient tout autre chofe : c’étoient des Combats d’Hommes contre des Lions
des Léopards, des Ours, des Sangliers & d’autres animaux les plus furieux.
La Numifmatique nous en fournit un exemple dans le revers d’une Médaille
de la famille Livineia, que l’on trouvera au n°. 9. de la planche X X V I Ie.
On y voit deux de ces Combats , l’un contre un Lion , l’autre contre un
Léopard. Sur certains revers, on diftingue un Ours ; fur d’autres un Taureau.
A cette efpèce d’éxercice on doit joindre celui des Gladiateurs ; mais il
n y avoit guère que les Efclaves qui paradent dans l’un & dans l’autre ,- &
l’on peut regarder la profcription de ces cruels Spectacles comme le premier
fruit de la converfion des Empereurs au Chriftianifme. Il eft étonnant que
l’Angleterre ait été aufli long-temps à abolir les Combats des Gladiateurs,
dont 1 idée feule fait frémir l’humanité.
S e c t i o n V.
Des Courfes iHommes à Cheval ou fu r d'autres Animaux , SG fu r des
chars à. deux, a quatre ou a f i x Chevaux.
Outre les Courfes a Cheval repréfentées fur les Médailles, on y trouve
des Hommes montes fur des Éléphans, des Lions, des Béliers, des Chèvres
& d autres Animaux 3 mais ils ne paroiflênt pas avoir de rapport aux
Courfes que 1 on donnoit dans le Cirque, foit pour divertir le Peuple , foit
pour exercer les Hommes & les Chevaux.
5 Ces Courfes ou Exercices peuvent fe réduire à trois fortes : dans l’une,
1 Homme couroit a Cheval ; dans 1 autre il fautoit d’un Cheval fur un
autre ; dans la troifîème il conduifoit un char attelé de deux , de quatre
ou de fix Chevaux. ^
Le çremier de ces exercices s’appelloit Decurfio ; ce font les Médailles
eUes-m-emes qui nous 1 apprennent. Il confiftoit en ce que deux, ou plufieurs
Cavaliers bien montés- fe difputoient à l’envi le prix propofé à celui qui,
en partant enfemble d un même but, arrivoit le premier à l’endroit marqué
pour le terme de la Courfe , après un certain nombre de tours faits dans le
Cirque.
Nous avons deux Médaillés de Néron, où cet Empereur jaloux à l’excès
de
Je ces.fortes d’Exercices , ne rougit point d’entrer en lice avec un fimple
Athlète. VoyezTes nos, a i. & a i. de la planche X X X Ie.
Dans le fécond de ces exercices , le Cavalier couroit à toutes brides
avec deux Chevaux , & fautoit, en courant, de l’un fur l’autre avec une
léséreté & une adreffe merveilleufes. Ces Hommes s’appelloient Defultores.
Les Médailles d’Augufte & de Marc-Antoine nous fournifTent le Type de
cet Exercice. Voyez le n°. 13. de la même planche.
Le troifième étoit formé des Courfes de chars attelés de deux, de quatre
ou de lîx Chevaux, qui partoient d’un but pour arriver à un autre, après
plufieurs tours que les Conduâeurs étoient obligés de faire dans le Cirque.
On diftribuoit des prix à ceux des Cochers qui les premiers atteignoient au
but de la Courfe. Ces prix confiftoient en palmes, en couronnes de hache
ou de laurier, & en plufieurs autres chofes à-peu-près de même efpèce
défignées par le Prince ou par celui qui donnoit le Spcétacle. Le n°. 14.
de la même planche X X X Ie. repréfente ces Courfes en chariots : on voit
aux nos. i f . & z 6. les Vainqueurs Eutymius & Philocomus les palmes à
la main : leurs Chevaux mêmes font décorés de ce prix honorifique de la
Victoire ; je dis honorifique-, car il y en avoit d’utiles, mais dont il n’eft
fait aucune mention fur les Médailles.
S e c t i o n VI .
Des Courfes de Chevaux SC d autres Animaux que les Empereurs faifoient
paroître dans le Cirque.
On voit aux revers de plufieurs Médailles, fingulierement fur ceux de
la famille Marcia, un Cheval qui court feul ventre a terre , & Ion regarde
la petite colonne qui eft au-deflus de lui comme celle qui, dans le Cirque,
fervoit de but, foit à la Courfe des Hommes, foie a celle des Animaux.
Souvent même au lieu de cette petite colonne on remarque une palme &
des couronnes. L ’explication de ces Types nous apprend que certains Chevaux,
drefifés par leurs Maîtres, couroient fans Cavaliers pour le prix que
l’on adjugeoit dans ces Exercices à celui à qui appartenoit le Cheval Vainqueur.
On donne deux de ces revers aux nos. z j . & z8. de la planche
X X X Ie. { ' . , .. . .
Il y avoit une autre forte de Spectacle que les Empereurs fe plailoient
à donner au Peuple, parce que rien n’étoitplus propre a étaler leur magnificence
, & à leur attirer l’affeétion publique. Ce Spectacle confiftoit a fai re
paroître dans le Cirque les Animaux les plus rares, qui de furieux & indom-
tables étoient devenus doux & familiers, & aulfi aifes a monter, a atteler,
à animer, à retenir & à conduite que des animaux domeftiques. C eft
dans ce genre de Speétacles que les Empereurs Philippe & Gallien femblent
avoir voulu l’emporter fur tous leurs Prédéceffeurs. Les Lions, les Cerfs,
les Éléphans, les Chèvres fauvages , les Tigres, les Léopards , les Panthères,
le Rhinocéros & autres Animaux les plus finguliers y parurent en
grand nombre. Les Médailles que nous avons rapportées a la fin de la planche
XX VIe. & au commencement de la fuivante, en font une preuve. On y
trouvera la plupart de ces Animaux, fur-tout aux revers des Médaillés qui
portent là légende, Soeculares Augufii.