
î j i TNTR. A L A S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . C hap. X V l l .
S e c t i o n X I I L
jO u T itr e de P i e u x , f u r les M é d a i lle s Impériales.
L e Titre de Pieux, exprime en grec par le mot et^eboe , & en latin par
celui de P l u s , fis trouve fur plufieurs Médailles. Il fut d’abord réfervé
aux Rois de Syrie &c d’Afie. Le grand Pompée le prit : Antùnin fu t le
premier Empereur à qui on le donna. C ’eft à fon extrême bonté qu’il dut
un titre fi glorieux, que fes Succeffeurs , leurs Femmes & le Sénat même
affectèrent rie s’en para: par la fuite.
Parmi ces Princes, les uns le reçurent à caufe de leur piété envers les
Dieux ; d’autres à caufe de leur affeétion pour leurs Parens ; quelques-uns
par rapport à leur bonté envers leurs Sujets ; quelques-autres enfin en confi-
riération de leur heureufe inclination pour la paix j mais combien y en eut-
il , pour qui ce ne fut qu’un titre fans réalité ?
S e c t i o n X I V .
D u T itr e d ’H e u r eu x riC de tr è s -H eu r eu x , f u r les M é d a ille s>
Le Titre d’Heureux fut donné par le Sénat à l’Empereur Commode ,
à l’occafion de la peine de mort dont il punie P e r e n n i s , Préfet du Prétoire
& Miniftre d’E t a t , pour avpir cruellement abufé de fon autorité.
Plufieurs de fes Succeffeurs voulurent conferver ce titre, qui fèmbloit annoncer
dans les bons Princes la douce fatisfâétion qu’ils goûtoieht en fajfant
le bien , &c dans les Mauvais le cruel plaifir qu’ils avoient à écrafer & à
tourmenter leurs Sujets. Le Sénat voulut auffi y avoir part ; mais on en
abufa bientôt. Les Peuples accables fous le poids dès charges publiques , fe
faifoient un bonheur imaginaire & cherchoient à flatter les Princes fous
lefquels ils vivoient, comme s’ils leur eulfent en effet procuré une félicite
réelle.
Telle eft l’origine de cès Légendes fiatteufes , Félix■ Auguflus ; Feli-
ciffimi ; BeatiJJimi , &c. ; Félix Senatus ; Félix Berytus ; Félix Carthago ,
&c. ; Felicia Tempora ■ Félicitas Augufli, Publica, Imperii, Temporum ,
Orbis, Soeculi , 6cc.
S e c t i o n X V .
D e s T itr e s de tr e s -G ra n d SC de tr e s -B on -, p r is p a r p lufieurs P r in c e s .
Les Empereurs, les Rois & les Princes qui fe croyoient en droit de
prétendre aux honneurs divins, ne pouvoient manquer de prendre fur les
Monumens publics les titres de Bons, de très-Bôns & de Bienfaifans. Les
Arfacides ont fur leurs Médailles ceux de Grands & de Bienfaifans. L ’Empereur
Trajan reçut celui de très-Bon, que la reconnoiffance & l’amour de
fes Sujets lui donnèrent •: plufieurs qualités éminentes paroiffent avoir jufte-
rnent acquis à Conftantin celui de très-Grand ; mais il faut avouer que
dans le nombre de ceux qui fe font parés eux-mêmes, ou que l’on a décorés
des beaux titres de Grand , de tres-Grand & de très-Bon , il y en a eu
beaucoup qui ne les ont jamais mérités.
5 E C T I O N X V I.
D u T itr e de R e c le u r du M o n d e .
Prefque tout le Môndé connu étoit fournis aux Empereurs : ce qui
Forme aujourd’hui des Empires , des Royaumes , desj- Republiques Si
autres Etats gouvernés par dès Souverains différens, ne faifoit que les parties
des Provinces de. l’Empire Romain. Il ne faut donc point être ftirpris
de trouver fur les Médailles de Didius-Julianus, de Caracalla & dElû-
gabale , le titre de Reéteur dii Monde , R e c to r Orbis. Ces Princes fe re-
gardoient comme les Souverains & les Maîtres du Monde entier, puif-
. i . V l "p , , ,, quils ne mettoient aucunes bornes a leur lsmpire.
S e c t i o n X V I i f s j l
D e s T itr e s de Re ftitu teur SC' de Réparateur des Provinces-.
O n trouve fur quelques Médailles lés Légendes, R ep à ra t ioR e ip u b licæ ;
R e ftitu to r A c h d ioe , A f r i c a , D a c ioe , E x e r c itu s , O r icm ïs , O rb is , U-rbis ,
&c. C e font de nouvelles expreffions que la juiiice Si la 'flatterie erm
ployèrent tour-à-tour ; Car s’il y eut des Empereurs qui acquirent ce titre a
grands frais , il y en a beaucoup d’autres à qui on le donna pour ainfi dire
gratis. Trajan , par exemple, qui fit rebâtir douze Ville? de 1 Afie mineure,
renverfées par un tremblement de terre , pouvoir bien être regarde comme
le Reftituteur & lé Réparateur de l’A fie , Reftitu tor A ftoe : Probus dun
autre côté n’àvoit-il pas bien mérité le titre de' Réparateur de 1 A rmee,
R ep a ra to r ,E x e r c i tu s , qu’on trouve fur fes Médailles, parole retabliffeiTient
de la difeipline • militaire ? Mais peut-on penfer de meme fur celui dé
Réparateur ou Reftituteur de la V ille , -donne a Severe, pour avoir réparé
à peu de frais quelques Edifices ?
S e c t i o n X V I I I
D e plufieurs autres T itr e s fla tteu r s p r is ou reçus p a r les Em p e r eu r s , f u r
leurs M é d a ille s i,
Ces titres font, celui de Sauveur, ou Libérateur du Monde & du Cerné
humain , de Vainqueur dès Nations Barbares & de toutes- les Nations :
ils font exprimés par les Légendes, S a la s Generis k um a n i, Liberatori O r b
is ; E xu p e ra to r omnium Gentium ;■ D'ebellatori Gentium Barbararum , o n t
nous trouvons dans Galba, T ra jan , Conftantin & plufieurs de leurs Sue-
ceffeurs, dont les Titres préfentent le même fens fous differentes formes:
O n peur ranger dans cette claffe la Légende d Hadrien, Locu pletaton O rb is ;
celle de R eparatio T em p o rum , pour Magnence ; cèlles de Victor, omnium
Gentium ; Reftitutor U r b i s , L ib e r ia d s ; Fundatori Q u ie tis , & une infinité
d’autres données à différens Princes , &c.
O n ne fe propofe pas d’examiner ici quels font ceux qui ont mente des
titres auffi glorieux , & par quelles a&ions ils ont pu les acquérir : ceft un
détail qui appartient moins à la Numifmatique qua lHiftoire ; mais on