
' 1 1 4 IN T R . A L A S C IE N C E D E S M E D A IL L E S . C hap. V .
u nN o e ’Inventeur du labourage, un Abraham, un Juge d’une équité incorruptible
, un Ro i plein de douceur, un Mangeur d’enfans, enfin un
Monftre qui ne pouvoitfe repaître que de vi&imes humaines, &dont l’Jm-
meur fanguinaire n'épargna ni fon père, ni fon fils.
D u Dieu Saturne, félon l’Hifioire ÔC, la Fable.
Saturne, félon la Fable, fut fils du Ciel & de la Terre. Père inhumain
il voulut dévorer tous fes enfans, comme le T emps, dont il eft le Symbole’
dévoré & engloutit les Années, les Mois & les Jours. Son fils Jupiter échappé
a,fa voracité par les foins de fa Mère, le détrôna dès qu’il fut grand. Saturne
craignant qu’il ne le fît mourir, s'enfuit en Italie , où il enfetgna à cultiver
la Terre. Quoiqu’il eût pour femme Rhéa, il n'en aima pas moins la
Nymphe Philyre ; il fe métamorphofa en Cheval pour en jouir. Chiron
fut le fruit de ce commerce inceftueux.
Saturne fu r les Médailles.
La Numifmatique femble ne l’avoir regardé que comme le Dieu du
Temps, ou plutôt comme-Ie Temps même ; auflî le repréfente-t-elle avec
une tete de vieillard, dont la barbe & les cheveux font frifés. Cette tête eft
couronnée de lauriers, fur quelques Médailles de la famille Calpurnia & fur
d autres : au lieu de cette couronne, elle eft couverte dun voile, fur certaines
Monnoies antiques frappées par les Habitans d’Héraclée : pour faire voir
que ce ft la tete de Saturne , du Dieu & du Maître, du Temps, il y a urte
fau r , ou une faucille auprès d’elle. Sur d'autres Médailles, un aviron nous
apprend qu’il pâlie les hommes d’un Monde à l’autre. Plufieurs autres lui
donnent un fablier, dont il fe fert pour mefurer les heures & le temps de la
vie des hommes : s il tient une faux dans l’attitude de couper , c’eft le fil
de nos jours, auquels il en v eu t, qu’il fe prépare de trancher. Enfin un
oerperit, qui, en fe mordant la queue, forme un cercle parfait, fert encore
de lymbole a Saturne fur les anciens Monumens. O n le donne de trois
façons, a la planche X '. n°*. 1 7 . 1 8 . & 19. D ’abord c’eft une tête de vieil-
k id couronnée de laurier ; enfuite c’eft une figure avec un voile, comme
fur les Médaillés dHeraclee ; enfin on le montre fous la forme & dans
Iattitude dun Faucheur.
S e c t i o n X L I V .
D u Dieu Sérapis, félon l’Écriture Hiéroglyfque.
O n peut recourir à la Se&ion fécondé, qui traite du Dieu Apis : on v
trouvera 1 étymologie du nom de Sérapis, avec l’origine de cette kuffe D ivinité.
Mous n avons rien à ajouter au détail que nous en avons déjà fait.
D e Serapis , félon l ’Hifloire SC la Fable.
La Fable ne donne ni père, ni mère, ni femme, ni enfans à ce Dieu
pris tous le nom de Sérapis 3 mais comme ce mot., & celui de Sarapis ne
iignifioient autre chofe, en Egyptien, que la retraite ou la mort dn Dieu
D E S T Y P E S D E S M É D A I L L E S .
Apis , qui étoit originairement un Boe u f, cet animal aura eu, fans doute
I fon père , fa mère & fa famille dans les troupeaux de l’Égypte. Sérapis,
après avoir fignifié la retraite d’Apis , devint quelque chofe de plus
qu’une fimple lignification. O n en fit un homme , & à la fuite des temps
j un D ieu , que l ’on confondit fouvent avec d’autres à qui on donna fon
nom, comme au Soleil, à Pluton, &c. ; nous ne parlerons ici que du Dieu
| Sérapis proprement dit.
Élevé au rang des Divinités de l’Égypte, comme Ifis, Ofiris, Apis & plu-
| fieurs autres, il ne fut cependant, félon quelques Auteurs, qu’un Symbole, I fous lequel les Égyptiens honoraient le Patriarche Jofeph, & dont on fe fer-
! voit pout rappeller a la mémoire de ces Peuples la prudence, la fagefTe-& la
| bonté de ce grand homme, qui les avoit fauvés de la mort, en leur procurant
! des grains en abondance, pendant les fept années que leurs terres furent
I entièrement ftériles. C ’eft pourquoi on repréfente Sérapis avec un boillèau
Ifur la tête.
Sérapis fu r les Médailles.
On le voit parmi les Médailles d’Élogabale, frappées en Égypte , fous la
I figure d’une tête rayonnée , avec un boiffeau fur le fommet, une palme &
■ le caducée devant lui. Celles de Pofthume le repréfentent avec le titre de
a Sérapis Compagnon d’Augufte ou de l’Empereur, Serapidi Comiti Augujtil
f il tient une toife & le pan de fa robe de la main gauche ; la droite eft
»élevée, comme s’il parloit à quelqu’un ou qu’il donnât des ordres. Il eft auffi
fur plufieurs Monnoies de l’Êmpereur Commode, tantôt de bout & feul,
»tantôt avec Ifis , & donnant la main au Prince que la Victoire couronne,
■ tandis qu’Ifis l’alfure de fa conquête, en jurant fur fon fiftre qu’elle préfente
fau meme Prince, au-deffus d un Autel. O n le trouvera de trois façons, à la
planche X e. nos- 3 0. 3 1. & 31. Il y eft en regard, puis accollé avec Ifis, &
»enfin feul avec le muid fur la tête , ayant la toife en main, &c. Sur l’une
de ces pièces il a le titre de D ie u , DeoSérapidi.
S e c t i o n X L V .
D u Dieu So le il, félon l ’Écriture Hiéroglyfque.
I O n a déjà parlé plus haut du Soleil ; mais pour ne rien laifler à défirer,
|& pour faire voir comment le Soleil eft devenu un Homme & un D ieu ,
Idans lidee des Peuples Idolâtres , de fimple Symbole deftiné, dans fon ori-
Igtne , a reprefenter la Divinité fous la figure d’un cercle, d’une tête , ou
|d un homme à tête rayonnée, nous allons donner ce que nous en apprend
IM. Pluche, dans fonHiftoire du C ie l , premier Volume, page 141 . & fui-
Ivantes , ou il démontré comment les idées de Dieu & du Soleil fe font
[confondues.
1 » Les Égyptiens , d it- il, voyoient par-tout, & principalement dans le
lieu des Aflemblees religieufes , un cercle, ou la figure du Soleil. Cette
|" figure étoit fouvent au haut de chaque tableau deftiné à les inftruire,
” fouvent fur la tête des oifeaux , des ferpens & des perfonnages fymboli-
ques les plus diftingués. Comme le Soleil étoit le corps de ce Symbole,
" ils le nommoient fouvent le Soleil ; & l’Être tout-puiflant étant Taine où
* le fens de la lettre, au lieu de nommer cette figure le S o le il, ils l’appel