
ïé e s , les Peuples dont ils ont triomphé , & les Royaumes ou les Provinces
qu’ils ont fubjugués : delà les titres de Britannique, de Carpique, de Germanique,
de Judaïque, de Parthique , de Sarmatique, St tant dautres
donnes à leurs victoires : delà ces exprefhons de Britannis , de Caldeis^ ,
de Germants, dejudeis, de Partais, de Sarmatis , qui annoncent la défaite
des Caldéens, des Bretons, des Germains, des Juifs, des Partbes & des
Sarmates. L a Légende , Arabia adquijita , marque la Conquête de l’A rabie
fous le cinquième Confulat de Trajan ; celle à’Armema SC Mefo-
potamia in potefiate Populi Romani redaclæ, prouve la réduction de l'Arménie
& de la Méfopotamie fous le fixième Confulat du meme Empereur
celle de Judea capta ou devicia , indique la prife de Jérufalem, & l’entière
défaite des Juifs, fous le quatrième Confulat de Yefpafien, & le premier
de T ite ; ainfi d’une infinité d’autres.
O n diftingue dans les Légendes, comme dans les T yp e s , la nature des
fpeétacles & des fêtes, les chemins , les aqueducs, les remifes d’impôts &
les autres bienfaits de toutes efpèces dont les Princes ont bien voulu gratifier
leurs Sujets. C e font encore les Médailles, comme nous l’avons remarqué,
qui nous apprennent à fixer les époques-: quelquefois les mêmes
Légendes nous en indiquent plufieur, qu’il faut étudier pour diftinguer
celles des Empires, des V ille s , des Colonies & des Peuples, d’avec celles
des Règnes , des Vies & des Evénemens les plus confiderables & les plus
intéreflans. C ’eft aufli aux Légendes de ces mêmes Monumens que nous
femmes redevables de la connoiffance des différentes Dignités, Charges,
Magiftratures des Peuples Grecs & La tins, dans le Sacré, le C ivil Sc le
Militaire. Elles nous indiquent jufqu’aux Villes qui avoient le droit de
faire fabriquer la Monnoie, & le nombre d’Hôtels deftinés à eet ufage.
U faudrait s’écarter des bornes que nous nous forum es preferitès dans cet
Ouvrage, fi l’on vouloit entrer dans un plus long détail de toutes les reffour-
ces & de tous les avantages que les Sciences & les^Arts peuvent tirer de
la Numifmatique : le tableau quoiqu’à peine efquiffe que nous venons d en
offrir eft capable d’en convaincre ceux qui n’oferoient entrer dans cette
noble carrière. Pour ceux qui apporteront dans cette étude des difpofitions
& d u goût, avec quelles délices ne verront-ils pas leurs travaux couronnés ?
CHAPITRE
C H A P I T R E X X .
A r t i c l e u n i q u e .
Des moyens employés pour tromper les Curieux en Médailles , oC de la
manière de les découvrir âC de je mettre à l’abri de toutes fortes de fraudes.
I L eft d’autant plus néceffaire de terminér cet Ouvragé par l’objet qui
fait la matière de ce Chapitre, que les Médailles ne peuvent fervir
de point d’appui à aucune Science qu autant qu elles annoncent le vrai j
& elles ne peuvent l’annoncer fi elles font elles-mêmes marquées au coin
de la fauffeté : elles perdent alors tout le mérite & toute l’utilité que nous
venons de leur attribuer : rien n eft donc plus effentiel que de pouvoir
diftinguer les Médailles vraies d’avec les fauffes, afin de n’en placer que
d’authentiques dans les Cabinets qu’on fe propofera de former.
C ’eft fans doute une des premières connoiffances quon devrait donner
aux Curieux ; mais, malheureufementquelques règles quon puiffe p.refcnrg
à ce fu je t, elle eft une des dernières qui s’acquiert ordinairement dans ce
genre d’étude, où l’expérience feule & une pratique fuivie peuvent mettra
un nouvel Amateur à l’abri de toutes les fraudes que l’avidité du gain fait
'employer pour tromper. L ’oeil fe fait à l’Antique, & 1 habitude donne des
lumières préférables a toutes fortes de règles. Il y en a cependant quelques-
unes qui peuvent aider à reconuoître les différentes maniérés de frauder en
fait de Médailles : nous en ferons l’analyfe dans les Serions fuivantes.
S e c t i o n I.
Combien de manières on met en ufage pour frauder en fa it de Médaillés.
Nous emprunterons ici les termes d’un favant Prélat, qui a donné a
cette matière tout le jour qu’on pouvoir délirer : il compte huit efpeees
principales de fraudes en Médailles ; en voici le detail.
La première manière de frauder, ç’eft de frapper des Médaillés nouvelles
dans des coins nouveaux, à l’imitation des antiques : ceft c.e qu pnt fait tes
grands Fauffaires d’Italie qui nous ont donné ces belles Medaill.es contrefaites
, que nous connoiffons fous les noms du Padouan &c du P arme fan.
L e fameux Carteron & quelqu’autres Graveurs de Hollande les ont imites
dans leur fourberie , & ne leur ont cédé ni pour 1 A rt ni pour ladreffe.
La fecpnde eft de donner le faux pour le vrai, en moulant des Médailles
modernes fur d’autres qui font auffi de coins modernes.
L a troifième eft de mouler des modernes fur les antiques.
La quatrième eft de retoucher des Médailles véritablement antiques,
en changeant la face & les Types. ^ _
La cinquième eft de donner un revers nouveau a une Tete ou race
antique. ,
La fixième eft d’imiter les fentes & les autres defauts qui fe trouvent dans
les Médailles antiques.
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