
S e c t i o n X .
D e la Dignité des Duum-Virs, SC de celle des Quindecim-Virs prépofés
aux chofes focrées..
Le premier des Tarquins, connu fous le nom de Tarquin l'ancien J Loi
de Rome , inftirua la Dignité des Duum-Virs. Gérait un Ordre de
Prêtre? établis pour être les Dépofitaires & les Gardes des Livres Sibyllins
dont ils dévoient étudier les Oracles, & les faire connoître quand on les con-
fuïtoit. Ils furent en grand crédit chez les Romains, tant qu’ils les purent
tromper.
Le grand pouvoir & les privilèges dont ils jouifloient firent que les fouve-
Tains Pontifes ne dédaignèrent pas cet emploi, dont les fonctions étoient, premièrement
, de garder foigneiflement ces Livres , & de ne les laiffer ni lire
ni tranfcrire à perfonne, fous peine d’être coufus & liés dans un fac pour être
précipités dans un fleuve. Secondement, leur devoir étoit de lire ces meines
Livres, & de les confulter dans certains cas preffans ; & cela fuivant les ordres
du Sénat. Troifièmement, ils dévoient rendre la réponfe au même Sénat
en lui apprenant ce qui pouvoit réfulter de la confultation de ces Livres
myftérieux, & quel ferait l’évènement de l’affaire fur laquelle on les avoir
confultés. ,
Ges Prêtres eurent toujours grand foin de rendre des réponfes ambiguës
& a double fens ; car n’étant pas Prophètes , ■ & leurs Livres n’étant rien
moins que prophétiques , il falloit avoir recours à l’ambigüité pour mafquer
leur ignorance & leur fupercherie ; ce qui ne pouvoit fe faire qu’en compo-
fant les reponfes de telle forte, avant l'évènement, que tel qu’il pût être, il
fe trouvât conforme au prétendu fens de l’Oracle.
Ces Prêtres relièrent au nombre de deux, jufqu a Sylla : il en ajouta huit
aux deux premiers ; ce qui forma l’Ordre ou le Collège des Decem-Virs,
dont on tirait cinq du Corps des Patriciens , & cinq de celui dès Plébéiens.
O n en créa encore cinq autres fur la fin de la République. Ils fe nommèrent
alors Quindecim-Virs J'acris faciundis ; c’eft-à-dire, les Quinze Prêtres pré-
^iofes aux chofes facrées. Ces Miniftres attachés ^ dévoués particulièrement
a la confervarion , & a la confultation des Livres Sibyllins, furent auflî fenfés
etre oonfacres au culte d Apollon ; car les Sibylles étant regardées-; comme
les Interprètes & les Propheteffes d Apollon , dont elles rendoient les Oracles,
il falloit aufli que les Quindecim-Virs fuffent les Prêtres de toutes ces
prétendues Divinités, c cil- a-d ire d Apollon & des Sibylles en même temps.
C e f t pourquoi on leur a donné, fur les Médailles, pour marque de leur
Dignité le Trépied, Symbole favori de ce Dieu. O n voit fur ce Trépied
un Globe furmonté d’un Dauphin, & un oifeau deflous. La légende X V -V ir .
facr. fa c ., fignifie Quindecim-vir facris faciundis. O n trouve au revers de
Vitellius, ce Type & cette légende. Voyez le n°. 1 1 . de la planche X X I e.
Section
S e c t i o n XI .
Des Sibylles êC des Livres appelles Sibyllins.
Une tête de femme placée fur des Médailles de [las famille Manha , au
milieu d’une couronne de laurier, avec ces lettres initiales, Sibyl. , reprefente
rie des Sibylles. Il y a d’autres têtes des mêmes Déeffes fur les Monnoies
M familles Confulaites Garifia & Valeria ; mais leur nom n y eft point
comme fur celle que nous venons de citer. Nous ne rencontrons
r i e n de plus au fujet de ces Divinités, dans la Numifmatique ; ce qui nem-
ih e r à F pas de parler ici de l’origine des Sibylles de leur élévation a la
qualité de Prophéteffes & de Divinités, enfin de ces fameux Livres qui leur
ont été fi fauffement attribués; . | ! A £
Quant à l’origine des Sibylles, elle eft à-peu-pres la meme que celle
de phifieurs autres femblables Divinités : nous 1 apprenons de M. Pluche. -
I (7 eft encore, dit-il ( Hiftoire du Ciel Tome K W t
g abus fenfible de l’Aftronomie , ou de lufage de confulter les Etoiles, que
„ s’introduifirent les Oracles des Sibylles. La moiflon a toujours été le grand
[ | objet des défirs & de l’attention de tous les Peuples. Amfi , pour régler
» l’amendement de leurs terres, leur labour leurs femailles, & les autres 1 opérations qui intéreffent le Corps de la Société , ils avoient loeff fur la
1 V ie rg e , qui porte l’épi & qui eft la marque du temps de la Moiflon. g
| /Cétoit une Enfeigne que l’on montrait aux Peuples, vers le temps de la
Moiflon, & lorfque le Signe de la Vierge alloit paraître, pour leur apprendre
| que la Moiflon étoit prochaine.),, Ils obfervoient de combien le Soleil etoit
„ éloigné l’ufage univerfel, à cet égard, étoit de recourir a la Vierge & de la
„ confulter ; langage aufli fenfé que la pratique meme qu d expnmoit O n
I donnoit d’ab ord! cette Conftellatton le nom de Shibyl Ergona l E j i
I rougilfant, patcé que c eft la circonftance précife qu on attend pour faire
*: là moiflon I & quë la moiflon mûrit lorfque le Soleil s avance vers
J ^ E n fu Î r o n lui donna tantôt le nom de Sibylle, tantôt celui ^ Érigonra
I I Ce nom d’Érigone rendu en Grec pat celui dErytra , qui y répond &
i » qui fignifie rouge , donna naiffance à la Sibylle ErytréenmnOn la confuD
1 L , L dont! avec profit, & f e réponfe étoient fort l ^ s pmm régie
» le labourage , tant qu’on la prit pour ce quel e était , ceft a-dire, po
1 rougir l’ép i, & amenait la Moiflon ; « cè ft parce g ç k
I Égyptiens harrivoit point fous ce Signe , mais fous le Beher & fous k
1 % 9 , que l’Égypte courait aux Gracies d Ammon ou j M *
chérifloit fi fpécialement Ifis avec les cornes d une Gémffe, .“ r f V
! * annonce de leur Moiflon ; au lieu que tout 1 Orient confultoit la Sibjlle
1 Érvtréenné pour s’affurèt d’une bonne récolte. C e langage onna ma e
» X b l e , È e t teF ille ch a n g é ed e S ig n ^ n P ^ p h teffe
» fes Adorateurs ) la plus parfaite connoiflanee de Avenir p 3 •
J venoit queftionner "de toutes parts, L ’extrême méchanceté des humams
- l’aVOit enfin contrainte â quitter leur f ljo u t , pour
* Ciel k pl.ee qui lui f o * due. * W