
IN T R . A L À S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . C hap.V I .
nates ; l’A une , le Cèdre , le Narcifle & le Genièvre, aux Euménides • Ie
Palmier, aux Mufes ; le Platane, aux Génies, &c.
C ’eft ici l’occalîon de demander fi, outre les fruits dè la terre & lés anfi-
maux | on pouffa la fuperftition jufqu’à immoler des hommes ? M. l’Abbé
Boiffy , dans les Mémoires de l’Académie des Infcriptions,- eft pour 1 affirmative
: M. Morin, au contraire, foutient que celanë fut jamais ; quë s’il eft
dit que les pères immoloient leurs enfans à Baal & à Mbloch, téla doit s’entendre
d’un fimple paffage qu’ils leur faifoient faire au travers du feu ; que
fi les Païens enfanglantoient quelquefois leurs A utels , c’étoit par trne fimple
afperfion , fans qu’il en coûtât la vie à përfonne ; qu enfin fi l’ofi a immolé
des hommes , dans certaines circbnftances, ce fié fut jamàis que des Prifon-
niers de guerre, ou des Criminels condamnés par la Jiiftieë. Voyez lé Tomé
X V I I I e. des mêmes Mémoires , page 178.
Il faut avouer que ce derniëf fentiment a paru infoutènàble, quoi qu’on
ait fait pour l’appuyer : on eft refté convaincu dê la vérité , & de la réalité
des facrifices humains chez là plupart des Peuplés Idolâtrés. Voici coifime
il en eft parlé, dans le premier Volume de la Mythologie dé M. l’Abbé Ba-
s> nier, p. 4 y 1 , & fuivantes. » Enfin on porta là fupérftition j ufqu a immoler
» des viétimes humaines. Il eft alfez inutile de redherchër quel a été le pre-
» mier Auteur de ces facrifices barbares ; mais que cë foit Saturne, commè
’> on le trouve dans le Fragment de Sanchoniatori, bu Lycaon, cômme Pau-
■ » fanias femble l’infinuer , ou quelqu’autre plus ârieiën , comme il pàrôît
»> par plufieurs textes de l’Ecriture Sainte, il ëft fûr qûè ëëttè barbaré corn
»> tume paffa chez prefque tous les Peuplés èoriiüxs : les pères eux-mêmes »
» pouffés par une aveugle fureur , itnmblèiënt lêtirs enfahs , & lës brûloiènt
n au lieu d’encens. « Ces horribles facrifices ,• preferits ttiêtriés par les Oracles
des D ieux , etoient connus dès le temps de Mbyfe , & faifoiéht partie des
abominations que ce faint Légiflateur reproche aux Amorrhéens. Lës Moa-
bites immoloient leurs enfans â Moloch, & les faifoient brûler dahs lè cireux
de la Statue de ce Dieu. Selon Dènys d’Hàliearnàue, en fàcrifitiit des
hommes à Saturne, non-feulement à T y r & à Carthâgë, mais dans la Grècé
meme, & dans l’Italie. Les Gaulois, fi nous en croyons Dibdore dë Sicile,
immoloient à leurs Dieux leurs Prifonniërs de guërre, & éélix dê la Tàüfldë,
tous les Étrangers qui y abordoient. Les habitans de Pèlla fàcrifidient un
homme à Pelee. Ceux de T en u fé , ainfi que lè raconte Paüfànias, offrôient
tous les ans une fille vierge au Génie d’un dès compagnons d’Uliffe , qu’ils
avoient lapidé ; Ariftomèrie, Mefféniên, immola pour tirië fëulé fois trois
cens hommes. Strabon parle de ces faenfiees abominables 3 dffeirts par les
anciens Germains. Saint Àthanafe dit la même clmfe des Phéniciens & des
Cretois. Tertulien rapporte les mêmës horréurs dés Scythes & des Africains.
On voit dans l’Iliade d’Homère > douze Troyens immolés par Achille
aux Mânes de Patroclé. Enfin, Potphyre fait Un long dénombrement de
tous les lieux où l’on immôloit autrefois des hommes , entré lëfqùels il met
Rhodes, l’Ifle de Chyp re, l’Arabie, Athènes, &c.
D e tous cés témoignages joints enfemblë , & dë plùfiëüïs âutré& tïu’il eft
inutile de rapporter, il réfulte que lés Phéniciens, les ÉgÿptiëhS, lës Arabes,
les Chananéens , les habitans de T y r & de Carthagfe, ceux d’AthènëS & de
Lacédémone , les Ioniens, toute la Grèce , les Romains, lès ScÿtKfes, les
Albanois, les Allemans, les A ng lois, les Efpagnois & les Gaulois, étoienc
egalement plongés dans cette horrible fuperftition.
Les
D U C U L T E D E S I D O L A T R E S . *8?
Les Anciens ouvrirent enfin les yeux für ces fâcîificës inhumains : les
événemens que je vais rapporter les fi ïent enfin ceffer péu4 -peu. UnOracle,
dit Plutarque, ayant Ordonné aux Lacédémoniens affligés de la peftë d itw*
moler une V ie rg e , &c le fort étant tombé fur une jeune fille, nommée Hëj
lène, un Aigle enlèva le couteau facré, & le pofa fur la têtè d une Géniffe,
qui fut facrifiée à fa place. Le même Plutarque raconte que Pélopidàs, chef
des Athéniens, ayant été averti en fônge , la veille d une bataille, d immoler
une Vierge blonde aux Mânes des filles de Scedafus, qui avoient été violées &
malfamées dans le même lieu, Ce Général effrayé tint conleil fur l’inhuma^ '
nîté de cettê forte de facrifice, qu’il croyoit déplaire aux D ieu x , & ayant vu
une Cavalle rôuffe, il l’immola par le tonfeil du Devin Théocrite, & rêm^
porta la victoire. En Égypte , Àmafis ordonna qu’au lieü d’hommes , on
offrît feulement des figures humaines. Diphilus fubftituâ, dans lifte de
Chypre, des facrifices de Boeufs â ceux des hommes. Enfin Hercule étant
en Italie offrit des têtes de C ir e , .nommées Ofciilce , au lieu de véritables
hommës. . T . . , , ,
1°. Venons âux Lôîx qui réglèrent lés facrifices, L01X qui regartlôient la
qualité dés vidimes, le temps de les offrir , les cérémonies & autres thofes à
obferver en les offrant. . , ,c r ,
• Les victimes dévoient être, pures, entières, fânS tache, lahs defaut, iainës,^
ni boiteufeS , ni contrefaites, blanches & en nombre impair pour les Dieux
céleftes ; noires & en nombre pair pour les Dieux infernaux : ^ enfin elles
dévoient être choifiës parmi les animaux , les plantes, ou les fruits, de telle
façon qu’on offrît tout ce qu’il y avoir de meilleur, de plus parfait, & digne
d’être agréable aux Dieux à qui on facrifioit . .. .
Il étoit permis, félon toute apparence, â Ceux qui facrifioient en particulier,
& dans leurs Oratoires, à leurs Dieux Lares, ouPenates, de le faire a
telle heure qu’ils jugeoient à-propos ; mais , pour ce qui regarde les fâcqhces
folemnels & publics , qui fe faifoient par les Pontifes, les Pretres & autres
Miniftres de la Religion, le jour , le temps & l’heure en étôient prelcnts &
annoncés : c’étoit toujours le matin pour les Dieux céleftes, & le foir, ou la
nuit pour les Dieux terreftres,‘ ou infernaux. .
Il eft néanmoins à préfumer que les befoins publics & particuliers, Comme
les adionsde grâces, ayant multiplié & rendu fort communs les facrifices, on
ne put pas toujours obferver les temps preferits pour les offrir, & que dans les
grandes Villes, ou dans les Temples les plus renommes, dans ceux fur-tout
qui étoient confacrés à plufieurs Dieux, ou à tous les D ieu x , comme le l an-
théon, on foc obligé de facrifief à toutes les heures du jour , & peut etre a
plufieurs de celles de la nuit. Car c’étoit dans toutes les occafions de la vie
qu’on faifoit des facrifices. Les Empereurs en offroiênt avant leur départ pour
l'armée, pour les voyages-, à leur retour ; les Generaux, avant es«atai $
lesFondateurs des V illes & des Temples, avant de commencer les Edifices ; les
Particuliers, avant de fe mettre en chemin, avant de fe marier, avant ë
faire des alliances, dans les maladies, dans les affaires de quelque importance,
& après quelque fonge ; enfin on n’entreprenôit rien de coniidera e ans
avoir auparavant imploré le fecours des D ieu x , par des facrifices.
5°. Les cérémonies & les chofes principales qu’il falloir obferver en facn-
fianc & pour facrifier , regardoient les Victimes, les Sacrificateurs, ou les
Afliftans. . . .
Les Viétimes dévoient être vivantes, fi on les droit des troupeaux ; mais