
3$S INTR. A LA S C IE N C E DES MÉDAILLES. Q u i VIÏI.
S e c t i o n I Y -
Du départ d’un Empereur pour tArma .
Les Empereurs Romains, en temps de guerre, fe mettaient ordinairement
à la tête de leurs Armées , non-feulement pour maintenir Je hon
ordre , & ju^er eux-mêmes de l’utilité & de la néceffité des batailles J mais
encore pour animer le Soldat par leurs exportations , leur vigilance , leur
oénérofité, par la valeur dont ils leur donnoientl exemple , pour remplir, en
un m o t, tous les devoirs d’un bon Général.
Il arrivoit quelquefois qu’ils ne quittoient le lieu de leu? rélidencç J peur
paffer au camp, que quand toute l’Armée était raffemblée , & qu’on étoit
prêt d’en venir a quelque combat, ou qu’il s’agiffoit de former quelque
entreprife d’importance. Leur départ réveilloit alors l’attention & l’efpé-
rance des Peuples, & l’on comptoit beaucoup fur la fidélité & la valeur
des Officiers & des Soldats , quand on favoit que le Souverain même étoit
à leur tête , qu’il dirigeoit les opérations & décidoit des expéditions
militaires. Auffi ces départs & ces expéditions étoient-ils auffitôt repré-
fentés fur l’or , l’argent & le bronze, pour en Rire paffer la mémoire à
la poftérité, par les Médailles , comme des preuves & des Momtmens glp^
rieux du zèle & de la bonté des Princes envers leurs Peuples qu’ils alloRqî
ainfi protéger & défendre, fouvent même au péril de leur vie.
Ces fortes de départs & devénemens s’expriment de plufieursj manières
dans la Numifmatique. I c i , c’eft par un emblème où le Pfipçe pamù fous
le fymbole du Soleil dans fa courfe ; là , l’Empereur même eg H W militaire
fe préfente à cheval, accompagné de fes Soldats, dont les uns le
précèdent, & les autres le fuivent. Il y a des Types où il eft à pied,
comme fur les Médailles de Caracalla, Il a près de lui quelques EnfRgnes
militaires , & il femble donner des ordres, le fçeptfe à la main ,. dans celles
d’Hadrien. Dans d’autres T yp e s , l’on voit un Soldaç qui yieqt au-devant
du Prince , comme pour lui préfenter la figure les Y<çyx de la Victoire.
Dans une entreprife de conféquence ou une expédition que l’on veuf
repréfenter , l’Empereur ’paraît a cheval, avec le fçeptçe ou le tRtqn de
commandement, quelquefois même fans l’un ni l’autre , mais ayant R main
levée & dans l’attitude de commander. Nous donnons, quatre rqve,rs, à la
p lan ch eX X X IIe. n°*. z. j . 4. & ƒ-, dont trois, ont été frappés au fujet du
départ des Empereurs pour l’Armée , avec la légende, Pwf&fcq A u ÿ ifc >
gravée pu fous-èntendue ; le quatrième a pour légeqdç , E,sfp£;4kwAugvMS
E C T 1 O N V.
D t l’arrivée des Empereurs d l’Armée ou dans les Provinces de l’Empire ;
de la réception triton leur j'aïjoit a leur pajjage ,* SC en meme temps de leur
retour SC de leur réception à Rome, après quelques heureufes expéditions.
Les revers des Médailles où l’on a repréfenté les arrivées des Empereurs,
font bien plus variés que ceux frappes au fujet de leurs départs. La raifon
en eft fimpie ; les Médailles, fous ce dernier titre, Profeclio A u g u jli, ne
nous annoncent que le départ de ces Princes de la Capitale , ou du lieu de
leur réfidence, pour fe rendre à 1’Arm§e ou au camp ; mais fous le ^ritre
de leur arrivée, Adventus Augujli, pu Trajeclus Augufti-, $ic- , ces memes
revers comprennent un grand nombre devénemeus qui ont précédé ou
fuivi l’arrivée des Empereurs, foi? à la tète de leurs Armées, ou (Rus les
différentes Provinces de l’Empire, foit à R om e , au retour des expéditions
&des entreprifes dont le fuccès favorable avoir répondu aux voeux du Peuple.
Nous fuivons dans ce détail la route que nous ouvre la Numifmarique. «
Parlons d’abord de l’arrivée d’un Empereur à l’Armée- pu an camp Pre-
torien: différons ohjets pouvoient les y çapdufte. Othon fut^ortéau cam{>
Prétorien du vivant même de Galba | & ce fùï pow J efre pïbcRwe
Céfar & Augufte par les Soldats : auffi la Médaille frappée au fujet de
cet événement n’a pas pour légende , Adventus Augujli * parce quil nen
avoir pas encore la qualité K l V arriva , mais feulement; celle 4e
Coneordia Proetorianorum , pour faire fentir que e’eft au epnienremeot
unanime des Soldats, & fur-tout du camp Prétorien, que l’elevation dUthoq
à l’Empire eft due. Voyez cette pièce an a») 6. de R pRnçhe X X X U C-
Dans les Médailles de Claude , il y a un revers qui reprtfeme le camp
Prétorien en petit, dans un Édifice rond, conftruit de prîtes quatre'es ;
la légende , Imperator receptus, fait counoitre que cette pie-ce lut trappe?
à l’occafion de l’élévation de Claude au Trône Impérial , apres,. la mort de
Caligula. O n fait que lès Soldats entrèrent tumultuairement au l a lais,
dans la vue de le piller ; qu’ils y trouvèrent ce Prince timide caché dans
un endroit obfcur, d’où ils le tirèrent pour le porter au camp Prétorien,
& le mettre en fûreté jnfqu’à ce que le tumulte étant appaife , il tut
reconnu & falué Empereur par l’Armée & par le Peuple Romain. Ce revers
eft au n°. 7. de la planche X X X I I . . I H
D ’autres revers fort multipliés nous repréfentent 1 arrivée de plufieurs
Empereurs dans les différentes Provinces de l’Empire. U ferait trop lon|
de décrire chacune de ces Médailles, dont le détail peut fournir matière a
un Ouvrage particulier. Mais on peut dire , en généra , que ces ottes e
Pièces font aifées à reconnoître, pour deux raifons. La première aux 1 ypes
compofés ordinairement de deux figures qui fe donnent la main , ou qui
facrifient enfemble ; c’eft ordinairement l’Empereur & le Cerne de la l ro-
vince ; quelquefois ce Génie , fous l’habillement du pays & accompagne de
fes fymboles , préfente au Prince arrivant des fruits, des arbriffeaux ou
d’autres chofes propres au terroir : il y a même des Médaillés ou le euve
le plus confidérable de l’endroit, & quelques animaux finguhers,
de ces Types qui varient à l’infini. O n ne peut, en fécond lieu, fe tromper
J» Bu
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