
™ fept. Par la luire , toutes les prédirions qui avoient cours , & parmi lef_
” quelles on trouva quelques traits de Prophéties faites au Peuple de Dieu
™ pafsèrent pour être les réponfes de ces Sibylles.»
A R om e , on les regarda avec un oeil de refpect qui leur donna une
ïrès-grande autorité, pendant très-long-temps. O n leur attribuoit certains
Livres, compofes. en Vers , qui pafsèrent pour des Livres facrés , énigmatiques
& prophétiques. Us etoient confervés très-foigneufemenr dans des
coffres de pierre ; les Duum-Virs , dont on vient de parler dans la
Section .précédente, en avoient la garde. Dans les affaires douteufes &
importantes , dans les calamités, les malheurs ou les mauvais préfages, lg
Sénat les faifoit confulter. O n les regarda comme une règle de conduite
jufqua ce que, fous 1 Empereur Théodofe, ils furent brûles par Stilicon
ati moins en bonne partie : le refte tomba tout-à-fait en difcrédit. Les Sénateurs
étant la plupart devenus Chrétiens , on fît ceffer toute confultation
dOrades:; on abolit tout Sacerdoce , tout Sacrifice, tout culte Idolâtre
& l’on fit fervir â la conftruâion des Ëglifes les Idoles d’or & d’argent'
leurs Temples & leurs richeffes. On peut voir , aux nos. n . & 13. de là
planche X X I e. , deux têtes de Sibylles peu différentes l’une de l ’autre. Les
revers de ces Médailles ont pour Type ou le Trépied d’Apollon , ou un
Sphinx.
S e c t i o n X I I .
D e s KeJlaleS, de leurs Fonctions , Devoirs SC Privilèges,
On a vu la DéefTe Vîfia , &c ce qui la regarde , à la Seétrion LIIe. de
l'Article premier, des Divinités de la première claffe. Nous ayons pour lors
indiqué â quels ornemens & à quels attributs on peut la reconnoître fur les
Médailles. Les Veftales , dont il s’agit i c i , ayant été les Prêtreffes de cette
Deeffe , on leur donna les mêmes habillemens, les mêmes ornemens & les
mêmes attributs qu’à la Divinité à laquelle elles étoient confacrées. Elles
ont même porté jufqua fon nom , fur les Médailles : on les y voit tantôt
dans un Temple occupées à garder le Feu facré, ou près d’un Autel, fur
lequel elles offrent un Sacrifice à Fefia.
Selon T ite -L iv e , leur inftituüon eft antérieure à la fondation de Rome.
Plutarque , au contraire, prétend qu elles la doivent à Numa-Ponipilius.
Leur nombre ne fut d abord que de fept 3 mais on le doubla dans la fuite ;
on l’etendit même encore au-delà.
Leurs fondions confiftoient, i°. A garder le Feu facré, & à l’entretenir
fans le laifTer éteindre. z°. Elles étoient auffi chargées de la Garde des
Dieux de Samothrace & du Palladium. 30. Elles dévoient encore recevoir
lesTeftamens, & les tenir fous le fecret, de même que les papiers d’affaires
domeftiques quon leur confioit.
Leurs prérogatives étoient auffi étendues que brillantes. i° . Elles pou-
voient tefter du vivant de leur père, & dès l’âge de fix ans 3 car elles
entroient à cet âge dans le Collège des Veftales, & dans la maifon qui leur
étoit deftinée. z°. Quand elles fortoient de leur Prêtrife , ou plutôt de leur
O ffic e , on leur faifoit la même penfion qu’on avoit coutume de donner
a une mère de trois enfans. 30. Elles avoient droit de fe faire porter au
Temple & par la Ville dans le Carpentum , qui étoit comme une efjpèce de
litière. 40. Elles avoient encore celui de fe faire précéder d’un Huiffier, qui
portait
D U C U L T E D E S I D O L A T R E S . 3oy.
portoit les faifceaux. y°. Ceux qui fe trouvoient fur leur chemin étoient
obligés de fe détourner , pour leur faire place & leur donner un paflàge
libre-: les Sénateurs même dévoient [bailler leurs, faifceaux devant elles.
6°. S’il fe trouvoit un criminel allant au fupplice fur la route quelles
tenoient , on devoit lui accorder fa grâce. y°. Elles avoient dans toutes les
Affemblées ,; & dans les Jeux publics , des places de diftinûion 3 enfin ,
elles étoient très-bien fondées par le Public.,
Leurs obligations &: leurs charges étoient auffi pefantes que leur dignité
étoit relevée. La plus ancienne étoit la première & la fupérieure de toutes
les autres 3 on l’appelloit Vejhûis maxima. Elles,étoient toutes obligées
àlobéiffance envers cette Prêtreffe fuprême. Toutes*, fans exception, fai-
foient voeux de chafteté. Des trente ans quelles paffoient dans le Veftalat,
elles en employoient dix a s’inftruire de leurs fondrions , dix à les remplir ,
&. dix enfiiite a les enfeigner aux autres.'
Si elles venoient à commettre quelque faute contre le voeu de chafteté.,
ou ces fautes étoient légères, ou elles étoient graves. Dans le premier cas,
elles étoient punies par les verges 3 dans le fécond, e’eft-à-dire lorfque
l’incefte étoit prouvé, on les enterroit toutes vives. Pour le Corrupteur| on
lui mettoit la tête entre deux branches d’arbre, & on le fouettoit jufqu’à ce
qu’il expirât fous les coups. Voilà ce qui regarde les Veftales., dont on
donne quelques Médaillés à la planche X X I e. nos. 14. 1 y. 16. & 17.
S E C T I O N X I I I .
D e s Oracles SC des Foeux.
Il n’y a.encore aucune Médaillé connue pour véritablement antique,
fur laquelle on ait repréfenté quelque chofe qui ait rapport aux Oracles,
& a ceux qui les confultoient ou qui les rendoient. Nous apprenons
feulement qu’il y avoit à Delphes un Oracle fameux , que la PythonifTe
confultoit. Toute la cérémonie confiftoit de la part de cette femme , à fe
placer au-deffus d’un trépied pofé fur une foffe profondes d’où il fortoit
des vapeurs que les Idolâtres appelloient prophétiques : quand ces vapeurs
avoient échauffé la tête de la PythonifTe à un certain point, elle annonçoit
par des paroles fort ambiguës & à double fens, de peur d’être trompée eîle-
meme , tout ce qu’elle jugeoit à-propos, & fouvent ce qu’elle s’étoit préparée
d’annoncer a ceux qui la confultoient, long-temps avant que d’entrer
dans fes enthoufiafmes. Au refte, cette confultation des Oracles n’a pas eu
d autre origine que les fauffes Divinités, c’eft- à-dire les figures de l’Écriture
facrée. Comme ces figures avoient été établies pour annoncer les Fêtes Sc
les travaux de l’Année , on les regardoit & on les confultoit fouvent pour
apprendre ce que l’on avoit à faire. Quand ces figures furent divinifées,
on leur attribua la connoiffance du paffé & de l’avenir, comme du,préfent 3
c eft un apanage de la Divinité. O n continua à les confulter pour le moins
avec autant de confiance qu’auparavant. De-là font venus les Oracles
d’Apollon, de Latone , des Sibylles & autres. O n peut juger par tout ce
quon a dit des Sibylles, du Sort.& de plüfieurs autres Divinités, quel fond
on pouvoit faire fur des Oracles & des réponfes rendus par des Dieux de
pierre, de bois, d o r, d’argent, qui avoient des yeux fans voir , des oreilles