
imperfections furvenues à l’antique par l’â g e , le trit & autres accidens ; z°.
parce qu’on emploie fouvent pour cette fraude le, meme métal qui a fervi à
la fabrique de l’Antique, en faifant fondre des Médailles communes d’un
Empereur, pour en mouler de rares; 3°. parce qu’on repare les imperfections
des Types & des Légendes avec le burin, & celles du champ avec
le maftic , fur les. Médailles de bronze.
Cette fraude, eft la plus dangereufe, fur-tout en fait de Médailles Impériales
d’argent : on en a fabriqué une grande quantité, dont plulièurs
Curieux ont été les dupes. Pour les reconnoître , il faut examiner cinq
chofes communes à la plupart des autres. Médaillés moulées & contrefaites.
t°. Les Types ne fai! liftent ni auffi nettement ni auffi fortement
que ceux des véritables Antiques. 2.0. Les Lettres-font inégales, ou ne
Portent pas toutes également bien du champ : lî elles font retouchées, les
marques du burin paroiffent aifément fur l ’or & fur l’argent , même fur
le bronze, quand il n’y a point de vernis. 3 °. Le champ eft parfemé de
cavités qui décèlent toute la fraude fur les deux premiers métaux; 4°. Si
ces cavités font remplies par le maftic, & lî les imperfections font cachées
fous le vernis du bronze , ce maftic & ce vernis leuls fuffifent pour rendre
la fraude fenfible. j ° . Enfin les Médailles moulées feront toujours moins
pefantes que les autres fur lefquelles on les a moulees.
S e c t i o n V.
D es M édailles refaites dont on change les Têtes , & des moyens de- les
reconnoître.
La quatrième manière de frauder , c’eft de faire d’une Médaille antique
une autre antique , de changer une Tête commune en une autre Tete
rare, & de même d'un Type ou d’une Légende..
Pour pratiquer cette fourberie en fait de Têtes , on choifit un Empereur
dont l’âge, le temps & le lieu fe puilfent rapporter avec celui qu’on
veut y fubftituer. Par exemple, pour faire d’un Marc-Aurèle de bronze
un Pertinax , on epaiffit la barbe du premier & on lui groffit le nez : c eft
ainfi qu’on transforme les Têtes. Quant aux Types'des revers , ori les
refait en partie avec le burin, quand ils font imparfaits ou quand ils: ne
font pas tels qu’on veut qu’ils foient. Quelquefois on 'creufe un- revers de
façon qu’on en ôte le Type tout-à-fait, & l’on attache dans le creux un
maftic fort & folide , dont on a foin que la couleur reffemble a celle du
métal fur lequel on l’applique : enfuite on y grave un revers nouveau, &
convenable à l’Empereur qn’on veut donner au Public. A l’égard des Légendes,
on en examine bien les lettres : on ôte avec adreffe celles qui
nuifent au deffein qu’on s’eft formé , & on grave à la place celles qui
doivent y répondre. Prefque tous les Antiquaires ont vu de ces Légendes
falfifiées de façon à s’y tromper. Par exemple, la Médaille du jeune Gordien
fert à faire un Gordien d’Afrique : ori en épaiffit la barbe , & aux
•deux lettres P. F. on fubftitua A FR . en faifant du P. un A . , & ajoutant
R après l ’F.
Quelqu’habile que foit le Faulfaire, la fraude peut : encore être démaf-
quee en examinant de près les Types, les Légendes & levernis. Les Types
ne peuvent être fi bien changés qu’on n’apperçoive les veftiges du burin
dont' on s’eft fervi pour opérer ce- changement ; il refte toujours quelques
traits.du premier Empereur qui font étrangers au fécond, & qui rendent
pour ainfi dire l’un & l’autre méconnoiflâbles. Les lettres-, le vernis, le
maftic font toujours fujets ' aux mêmes défauts dont nous avons parlé : on
peut donc reconnoître la fuppofition & la fubftitution fur les Médailles dont
i l s’agit comme fur toutes lés autres contrefaites. D ’ailleurs ces Types refaits
ou fuppofés, ces letttes retouchées ou remplacées ont toujours très-peu de
relief, & font aifées à diftinguer des autres. Enfin dès qu’on foupçonne
la fraude, il n’y a qua employer le burin ; le maftic riv réfiftera pas, &
.l’on découvrira la tromperie, d’autant plus aifément qu’en examinant bien
toutes, les parties des Médailles ainfi réparées, on verra quelles ne répondent
point au refte, & que celles qui font falfifiées & dont le Type eft
retouché,, ne forment point un tout uniformè -comme celles qui font lorries
de delfus le coin.
S E C T i o n Y I.
Des Revers nouveaux formés fu r des Médailles antiques dont on ne retouche
pas les . Têtes , SC des moyens de s’en appercevoir.
La cinquième manière de frauder en fait de Médaillés , confifte a
enlever entièrement le revers d’une Pièce véritablement antique & bien
confervée, pour lui en fubftituer un autre ; ce qui fe fait de trois façons.
La première en mettant le côté préparé dans un coin nouveau, pour lui
donner un revers étranger, tel que celui d une Plotine a une Médaillé
.d’Antonin , .ou quelque autre revers qu’on n’a jamais vu a cet Empereur ;
:ainfi du refte. Les faux Monnétaires qui nont point de balancier frappent
.ces revers à coup de marteau , en pofant plufieurs cartons du côte de la
Tête fur laquelle on frappe ; ce qui 1 empeche de sapplatir du moins
d’une manière bien fenfible. Ces fortes de Médailles s’appellent martelées;.
on en voit beaucoup en argent & en bronze.
Le fécond moyen qu’on emploie pour fubftituer-un revers nouveau &
rare à une Médaille .antique. & commune, eft l’encaftillement : pour cet
effet on creufe un revers de façon qu on laiffe. le grenetis , & on lé remplit
de. la tête ou du revers d’une autre Médaille antique qu’on a enlevé,
.ou d’un revers fuppofé & prépare a cet effet : on rabaiffe enfuite le gre-
.netis fur la jonction de deux Types etrangers 1 un a 1 autre, afin de couvrir
. cette fraude. r
Enfin la troifième méthode qu’on met en ufage pour donner de la rarete
aux Médailles communes, en leur fubftituant des revers qui ne leur appartiennent
pas , eft de fcier des Médaillés en deux par la tranche , d en
féparer les morceaux, & d’appliquer, par le moyen d un bon maftic, le
revers d’une de ces têtes â l’autre tête ; enforte quun Antonin aura un
revers de Marc-Aurèle qu’il riavoit pas auparavant, & Marc-Aurele en
aura un de Pertinax, &c. Pour bien mafquer ces fortes d échangés, il
faut que le bronze du revers foit bien femblable à celui de la tete.
Pour découvrir la fraude dans les Médailles martelees, il faut examiner
avec attention le revers nouveau qu’on a fubftitué a 1 ancien , le comparer
avec la tête qui eft antique : on trouvera toujours une grande différence
entre les deux gravures. Il eft impofïïble qu’un nouveau revers approche
du goût de l’antique. D ’ailleurs cette Médaille antique d’un côté & nio