
l'autre. L e jour étant arrêté pour mettre aux prifes les deux prétendues Div inités
, devant des arbitres 8c des témoins, un Pretre de Canope apporta fon
:pot au milieu du Feu,jque les Prêtres Egyptiens avoient préparé dans l’ef-
pérance de voir chauffer le pauvre Dieu de T erre, jufqu’à ce qu’il fut réduit
■ •en cendres ; mais le Chaldeen avait percé fon Dieu de toutes parts, & apres
avoir bouché les troux avec de la c ire , il l’avoit rempli d Eau. Quand fa
Divinité eut un peu chaud, la cire fondit, & l’Eau qui en fortit abondamment
éteignit le Feu. A la vue de ce triomphe naturel d’ûn élément froid
fur un élément chaud, la primauté fut adjugée à l’Eau. Voilà quelles furent,
félon la Mythologie, les avantages du Dieu Canope.
Le Canope fu r les Médailles.
Quelques Médailles d’Égypte le repréfentent avec une tête d’homme,
■ au-deffus de laquelle , on a placé la fleur du Lotus, commune en Égypte, &
réputée pour un des fymboles de l’abondance. A u lieu de la fleur de Lotus ,
ô n lui voit quelquefois deux Lions fur la tête : peut-être que dans le temps
où le Canope n’étôit qu’un fymbole, ou lui avoit mis un double Lion fur
la tête, pour annoncer les grandes chaleurs de la Canicule. O n pourrait aufli
fuppofer que le Graveur aura pris les feuilles du Lotus pour des Lions, fauté-
d’avoir bien examiné le type de ces pièces, qui ne font pas toujours ou bien
travées, ou bien confervées. Quoiqu’il en foit de ces conjectures, on donne
le Canope des deux façons à la planche V IL . numéros z y . & z é .
Avant de finir cette Seéfion, il eft bon d’obferVer deux chofes. La première
eft que la Ville d’Égypte , qu’on nommoit Canope ou Canobus, du
nom du Dieu qu’elle adorait, fit frapper une Médaille de potin, à l’honneur
de Trajan, au revers de laquelle elle fit repréfenter le Canope avec une tête
de femme, & la fleur de Lotus au-deffus ; c’eft une des deux Médailles que
l’on donne ici. La fécondé remarque, c’eft que l’on a quelquefois fait de cette
Médaille dè Trajan une Médaille d’O th o n , en retouchant la tête, & en
changeant la légende ; & cela pour la vendre plus cher. Les Curieux doivent
y prendre garde. Cette pièce de potin eft du fécond module, mais plus epaifïe
que le moyen bronze.
S e c t i o n X .
D e Caflor êC de P o llu x , SC en même temps des Diofcures SC des Cabtres
de l’Ecriture Hiéroglyfique.
Parlons à préfënt de plufieurs efpèces de Divinités., telles que Caftor &
Pollux, les Diofcures & les Cabires, que les Romains ont confondues, en
ne faifant des Diofcures & des Cabires que deux mêïnes Dieux avec Caftor
& Pollux, quoique, dans leur origine, ils ne fufTentpoint les mêmes. Les
Diofcures ont trouvé leur naiffance dans les Signes du Zodiaque. Il étoit important,
même nécefTaire, que les Peuples appriflent quel étoit le cours du
S o leil, bu quelle étoit fon influence dans chacun des douze mois de l’année,
afin de régler leurs devoirs, & leurs travaux. Pour les instruire clairement
fur cette matière, les Aftronomes partagèrent le Cie l en douze parties, 8c
donnèrent aux douze Signes ou Conftellations que le Soleil parcourt dans
ces douze parties, durant les douze mois de l’année, des figures & des noms
qui
qui ont du rapport avec Ce qui fié paffe dans la Nature & fur la Terre, pendant
les Saifoas differentes, & même pendant les temps différens desSaifons.
Suivant cette idée, on peignit ou l’on grava une figure humaine portant une
cruche fur fon épaule droice , dans l’attitude d’en verfer l’eau fur la Terre j
.enexpofant cette figure, ou ce Signe, aux yeux du Peuple , on .préténdqit lui
dire qu’il falloir fe précautionner contre l’abondance des pluies de l’H iver
qu’annonçoit ce Ferfeau. Chacun des autres fut auffi deftiné à inftruire le
Peuple de ce qui pouvoit contribuer à fon bien & à.fes intérêts, & des devoirs
de la Religion. Celui des Poiffons annonçoit le temps de la pêche ; celui
'du Bélier, le temps de l’augmentation des-troupeaux , par la multiplication
des animaux de la même efpèce; celui du L ion , 1 approche^ des chaleurs brûlantes
de l’Été; car il faut remarquer que dans les 1 ays ou Ion imagina ces
fymboles, les chaleurs les plus fortes arrivoient au temps qui répond à notre
mois d’A v r il, & par-conféquent fous le Signe du Lion. En Egypte, deux Chevreaux
tenoient, parmi les Signes du Zodiaque , la place des Gemeaux, que
nous y voyons , à préfent, & que les Grecs fubftituèrent aux Chevreaux : ce
Signe annoncoit aux ÉgypÆêns le temps où la Chèvre dépofe fes petits^, qui
font prefque toujours au nombre de deux , & affez ordinairement male 8C
femelle. Quand les Grecs eurent mis deux Gémeaux , ou deux figures
humaines parmi les Signes du Zodiaque, a la place des deux Chevreaux ,
ils donnèrent à ces Gémeaux les noms de Caftor & Pollux, & de Diofcures. II
ferait difficile , pour ne pas dire impoflible , de rendre raifon de ce changement
; au furplus, rien n’eft plus indifférent. A 1 égard du Signe de l Ecre-
viffe, quand on le montrait fur l’affiche, comme fymbole inftruétif, comme
lettre de l’Ecriture Hiéroglyfique, alors on droit fa lignification d une qualité
qui lui eft propre. L ’ÉcrevifTe marche en reculant, & par-la on faifoit entendre
que le Soleil commençoit à rétrogader. L e Signe de la Vierge tenant une
faucille, pronoftiquoit la proximité de lamoiffon ; celui de la Balance, lé galité
des jours 8c des nuits , ou l’Équinoxe ; le Scorpion avec fon dard
envenimé, les maladies qui furviennent & qui régnent affez ordinairement en
Automne, après la retraite du Soleil ; le Sagittaire ouvrait les Chaffes ; le
Capricorne ou la Chèvre fauvage, qui aime a monter & a grimper fur les
hauteurs pour y brouter 8c paître, étoit le Signe que 1 on employait pour
apprendre que le Soleil alloit quitter le point le plus bas de fa courfe , pour
remonter au plus haut. En un mot il en fut des figures de ces Signes, comme
de-toutes les autres de l’Écriture Hiéroglyfique; on ne les expofa, &c on ne les
montra d’abord que.pour enfeigner, & pour pronoftiquer au Peuple quelque
chofe qui l’intérelfoit ou dans le temporel ou dans le fpirituel.
L ’utilité que l’on retira de ces fortes d’inftruétions infpira dans la fuite de
la reconnoiflance envers les Figures, d où on les tiroir. On s imagina qu elles
n’étoient pas de fimples Figures, puifqu’elles parloient en quelque forte ; on
en fit des Êtres animés qui prenoient part aux befoins des hommes, qui veil-
loient à leurs intérêts, & qui pouvoient leur faire & du bien & du mal, félon
leurs mérites ou démérites. Enfin on crut devoir en faire des Dieux. O n
étoit en ufage d’en créer ; auffi chacun voulut-il placer les liens dans la lifte.
Les Gémeaux furent adorés fous le nom de Diofcures, par certains 1 euples ,
8c fous celui de Cabires, par d’autres. O n les perfonnifia fous les noms de
Çaftor 8c de Pollux, & on leur compofa de belles Hiftoires ; car affez ordinairement
on donnoit l’H éroïfme aux Dieux,.& lApothéofe aux Héros.
A Bérite en Phénicie, dans les différentes Illes de la mer Ëgee, & en Samo