
prières, & qu’on lui confacroit les premiers jours des mois & les premières
fêtes de l’année. O n lui donna auffi le titre de Janus Gardien des portes &
des chemins, Janus Cluvius : fa double & fa quadruple face le firent auffi
appeller Janus bifrons, Janus quadrifrons. Comme on lui attribuent l’invention
des vaiffeaux , des clefs, des ferrures, lès Médailles le repréfentent fou-
vent avec un aviron ou un gouvernail fur la tete : on trouve encore auffi
fcuvent une proue ou une moitié de vaiffeau aux revers des pièces qui portent
fa tête, à la face. O n rien a point encore rencontré où on lui voie une clef à la
main ; mais il ne ferait pas étonnant d’en découvrir quel qu’unes dans la fuite,
avec£e T yp e , puifque l’on trouve cette clef a. Janus fur plufieurs autres Mo-
numens, & qu’il l’avoit d’ailleurs fur les Affiches, d’où on l’a tiré pour en faire
un D ieu. O n le donne, à la planche V I IIe n°s. 3 4. 3 5. & 3 6. de trois façons :
elles fuffifent pour le connoître par-tout. i° . c’eft fa tête à deux faces couronnée
de laurier, avec un gouvernail au-deffus ; z°. c’eft fa ftatue à deux têtes, qui
tient une pique à la main ; 30. c'eft fa figure avec une tête à quatre faces ,
dont il y en a*une de cachée : elle eft tirée d’un revers des Médailles de l’Empereur
Hadrien. O n en trouve une de Pertinax, dont la légende eft Jano Con-
fervatori. Le Type ria rien de particulier.
S e c t i o n X X V I .
D ’Ifis, Ofiris & Horus, félon l’Écriture Hiéroglyfique..
Origine de ces trois Divinités.
C e que l’on a dit ci-devant, en bien des endroits, fuffit prefque poflr faire
connoître ces trois Divinités : on fait déjà que leurs figures ont fervi comme
debafes pour placer & arborer prefque toutes les autres, avec leurs fymboles
& leurs attributs. La fuite achèvera de le prouver de plus en plus. Cela riem-
pêcherapas que nous n’en pariions encore ici. Nous tirerons tout de M. Pluche,
comme nous'l’avons annoncé ; mais ce fera en l’abrégeant le plus quil nous
fera poffible. L ’ordre alphabétique que nous nous femmes propofé de fuivre
demanderait que l’on commençât par Horus 3 mais comme on lui donne
Ofiris pour Père & Ifis pour Mère, nous fuivrons l’ordrç de la Nature , en
mettant à la tête d’une famille imaginaire des Chefs qui n’ont pas plus de
réalité que. leurs Defeendans. ' j
Les Égyptiens avoient, comme nous, l’Année Solaire, l’Année Eçclefiaf-
tique, l’Année Civile & l’Année Ruftique. Dans le cours de chacune de ces
aimées , ils avoient des fêtes à célébrer , des remarques a faire, des devoirs à
remplir, des mefures à prendre & des travaux à effuyer, félon les temps, les
faifons & les mois. Leurs Prêtres chargés des pbfervations aftronomiques,
l’étoient auffi de leur apprendre tous ces devoirs, par le moyen de l’Ecriture
Hiéroglyfique, qui étoit compofée de figures fymboliques ; figures qui en
étoienc les lettres ; figures que l’on expofoît dans un lieu public, comme on
i’a dit plus d’une fois. O r il fallut plus d’une bafe , fur lefquelles on put ex-
pofer & arborer les lignes ou les fymboles, foit des obfervations aftronomiques,
foit des fêtes de faifons & de mois, foit des travaux propres.à tous les
temps. La figure à’Ofiris repréfentant un homme , fut prife pour annoncer
fout ce qui pouvoit regarder l’année Solaire 3 auffi le nom d'Ofiris, fignifioit-il
Soleil, dans la Langue dé ces Peuples. Ifis repréfentée fous la figure dfene
femme , fut choifie pour fignifier tout ce qui regardoit l’Année Rdigieufe ,
Éccléfiaftique & C iv ile , & tout ce qui pouvoit fe régler félon les Phafes de la
L u n e , & fur-tout pour ce qui appartenoit à la culture de la Terré 3 la femme,
dans cette Écriture, étant regardée comme propre à fymbolifer & les Phafes
de la Lune & ce qui a-rapport à la fertilité de la Terre & à la Terre meme.
Quant à la figure à'Horus-, commè ce nom lignifie Travail, elle fut deftinee
à faire connoître' tout te qui regarde lès travaux du labourage.
C e n’étoit là que des figures, dont les noms rappelloient à la mémoire
tout ce quelles fignifioient. Ofiris , q u i, en Langue Egyptienne, ânnonçoit
le Modérateur des A ffres, l’Ame du Monde, le Gouverneur de la Nature,
étoit defliné pour rappeller à l’idée & le Soleil, qui, comme Caüfe fécondé,
eft chargé de toutes ces fondions, & encore bien plutôt D ieu , l ’Être fuprê-
me, q u i, comme Caufe première & toute purifiante, a créé le Soleil, & réglé
fon cours de façon que, fous les ordres & félon les difpofitions de fa fageffie
8c de fa Providence, il remplit toujours fes fonctions depuis le commencement
jufqu a la fin des fiècles. O n repréfentoit ordinairement la figure
d'Ofiris fous celle d’un homme , parce que l’homme eft dans le Monde la
plus noble des Créatures de D ieu , & la plus propre à repréfenter fen Image,
a exercer fa puiffiance, & à imiter fa fageffie.
O n donnoit à ce Symbole principal d’autres Symboles fubalternes, comme
un feeptre , pour fignifier fa puiffiance & fa Royauté 3 un fo u e t,: pour marquer
qu’il gouverne & conduit tout 3 un oeil au-deffus du feeptre;, pour
repréfenter la fcience par laquelle il voit & connaît tout. Ces Symboles
memes, quoique fubalternes, comme le fouet lâché ou retenu, le feeptre
avec un oeil, un bonnet royal pofé fur un trôné, avec une efpèce de feeptre
fait comme un bâton augurai, ou même fans feeptre 3 ces fympoles, dis-je,
feuls & fans figure furent deftinés à repréfenter le Soleil, peut-être dans les
différens dégres de fa courfe , comme au Lever , au M id i, au Coucher, &c.
Je dis peut-être pour le repréfenter dans les dégrés de fa courfe 3 car lorf-
qu’on le repréfente fur un char attelé de plufieurs chevaux , avec un fouet
à la Main, dans l’attitude de les animer & de les prefTer à la courfe , ne peut-
on pas croire que c’eft pour marquer qu’il eft ou dans le fort de fon ardeur
& au milieu de fa courfe , vers l’Été , pour les Saifons, &vers le Mid i, pour
lès Jours ? Q u ’au contraire , on a voulu fymbolifer la fin de fa courfe , &
l’efpèce de délafTemenc qu’il femble prendre à notre égard vers l’H iver, ou
fur le So ir, en le montrant alfis fur une fleur de'Lotus, & retenant comme
en repos le fouet qu’il a dans la main. Voilà ce que l’on ne peut pas affurer
pofitivement 3 mais on peut bien être fondé à croire que la multiplicité & les
variations de formes , d’attitudes, de polirions , de lignes, de fymboles , fous
lefquels & avec lefquels on le montrait, étoient autant des différentes lettres
de l’Écriture Hiéroglyfique, qui fourniffoient fans doute autant de diverfes
iriftruétions. L ’on peut, & l’on doit encore dire qu a chaque mutation, & à
chacun des evènemens réglés par le cours de l’Année folaire , cette figure du
. Soleil paroiffoit avec un Symbole nouveau. O n en verra des preuves & des
exemples par la fuite, fur-tout lorfqu’on parlera de Neptune.
Vous voilà donc encore revenu au même point, qui nous a déjà fouvent
fervi de bafe , parce que ce point fut comme le berceau dans lequel tous les
Faux-Dieux trouvèrent leur origine. Nous devons par-confeqüerit répéter
ici que, quand on eut oublié la lignification du Symbole, on prit le Symbole
même pour un homme , pour un R o i , enfin pour un Dieu 3 c’eft ainfi que le
Y ij