
La Férule , appellée Nartex par les Grecs, chez lefquels elle étoit en
«fage, a -fait donner aux Empereurs qui lont portée le furnom de Narté-
■ cophorès, c’eft-à-dire, Porte-Férules : cet Inftrument étoit une efpèce de
Sceptre arrondi par le bas, & -quatre parle haut : il fignifioit la Puiflance
Souveraine.
Depuis l’Empereur Anaftafe on voit entre les mains de fes Succeffeurs
un certain Rouleau, que quelques Auteurs ont cru de papier, mais qüe
les plus habiles Antiquaires de nos jours prennent pour une efpèce de
Serviette, que l’Empereur, ou celui qui prélxdoit aux J eux , jettoit aux
Acteurs pour leur donner l’ordre de commencer.
O n fubftitua, dans la fuite, à ce Rouleau un Sachet d’Aeacia. Ce Sachet
étoit une efpèce de boête de la forme d’un L iv r e , dans laquelle on ren-
fermoit de la cendre, du bois, ou des feuilles de l’Arbrilfeau nommé
Acakia en Egypte, & communément Acacia. O n mettoit cette boëte entre
les mains de l’Empereur, pendant la cérémonie de fon Sacre, pour lui
annoncer qu’un jour la mort le réduiroit en pouflîère, & pour l'engager
par-là à vivre & à gouverner félon les Loix de la fageffe & de l’équité.
L ’Empereur Phocas fut le premier qui arbora la Croix pour Sceptre :
plufieurs de fes Succeffeurs fe font fait gloire de porter à la main ce même
Signe de la Religion qu’ils profefloienr.
LeLabarum, qu’on voit fur les Médailles de quelques Empereurs, & particulièrement
fur celles de la famille des Conftantins, étoit une efpèce d’Enfeigne
ou d’Étendard compofé d’une Piqu e, au haut de laquelle etoit attaché un
morceau d’etoffe d’environ un pied n en quarré , fur laquelle on avoir formé
le Monogramme de Jefus-Chrift avec I’a . & l’n. première & dernière lettres
de l ’alphabet , pour marquer que ce divin Sauveur eft le commencement
& la fin de toutes diofes.
O n montre, à la planche X X X I I I e. , quelques Médailles fur lefquelles
on voit la plupart de ces marques de Puiffance, de Dignité & de Religion,
auprès des Empereurs, ou entre leurs mains. Voyez-les nos. 3 3. 3 4 . 3 j .
3 6 . 3 7 - t & 38.
JL,
CHA PITRE
C H A P I T R E X .
De quelques autres Obfervatiçns fu r les Têtes gravées dans la Nunùfmatlquès,
C E Chapitre fera compofé de trois Articles, qui n’auront aucune
divifion
A r t i c l e P r e m i e r .
Du Temps auquel on a commencé à repréfenter des Têtes dHommes fu t
les Médailles.
T , Es Médailles antiques font pour la plupart grecques ou latines. Ilparoît
que l’on a repréfenté les Têtes des Ro is , fur les Médailles grecques, des qu oti
a commencé à en frapper dans la Grèce ; car prefque toutes celles que
l’on voit dans les Cabinets portent les Têtes des Princes & des Pnnceües
qui les ont fait frapper. Il n’en eft pas de même des Médailles latines OU
Romaines. D u temps que la République fut en vigueur, on ne vit lur les
Métaux que les Têtes & les Figures des Divinités. Ainli celles des Dictateurs,
des Proconfuls, des Confuls & autres Magiftrats ou Hommes Illuftres
n’ont été gravées que long-temps après leur mort, par quelques-uns de leurs
Succeffeurs, vraifemblablement leurs Héritiers ou Parens. Jules-Céiar fut
le premier en faveur duquel on s’écarta de l’ufage & de la loi qui défendoit
de repréfenter aucun Perfonnage fur les Monnoies 1 evenement quil faut
par-conféquent placer vers la fin du feptième fiède de R om e , temps auquel
la Républipue affaiblie fe trouvoit forcée de plier fous les ordres de ce
Prince. A l’égard des Têtes de Brutus, que l’on trouve fur quelques Médaillés,
on doit préfumer quelles n’ont été frappées qu’a Imitation de ce
Prince dont il étoit contemporain , par des Monnétaires qui auront luivi
ce Général, lorfqu’il quitta Rome, pour paffer en Afie.
C e ne fut que quelque temps après qu’on eut commence a graver des
Têtes d’Hommes fur les Médailles, qu’on y repréfenta celles des Femmes ,
avec leurs noms: nous voyons même que Livie, femme d Augulte, n y
parut pendant fa vie que fous l’image & le nom dune Vertu.