
merveilleux que quand on eut oublié fa deftination, & la fin pour laquell»
on expofoit là figure aux yeux du Peuple. Le nom, en lui-même, fignifie /4
fin de la Navigation. O n nomma de la forte la figure d'un courfier à dem
ailes , que l’on repréfentoit près de trois Grâces ou Charités, Symboles des
trois mois durant lefquels la Terre d’Égypte étoit inondée. Là il fignifio«
deux chofes ; i°. le befoin qu’on avoit de barques ou de petits. vailTeaux à
voiles, efpèces d’ailes , pour entretenir la communication des Villes, avant
quon eût fait des chauffées ; z°. la fin de l’inondation, qui faifoit celferce
befoin. Après avoir été de fymbole des VailTeaux, Pégafe en eft devenu le
modèle , & l’on en a fabriqué plufieurs qui préfentçnt à-peu-près la figme
d’un Cheval Marin avec deux ailes : auffi ces fortes de VailTeaux, grands ou
petits, retinrent le nom de Cheval chez plufieurs Peuples des Pays Ma-
ritimes.
Le Cheval ailé n’ayant donc été, dans les premiers temps, qu’un Sym-
bole de Vaiffeau, & fes ailes n’ayant eu de réalité que dans les voiles qu’elles
repréfentoient, rien de plus fimple que de regarder aulfi comme un Symbole
le Cavalier monté fur ce Cheval. Le nom de Bellérophon, qu’on lui donne
en eft la preuve, puifque, fuivant M. Pluche, il ne fignifie autre choie que
des nourritures faines, ou des provifions pour rétablir la Jante des Habitons •
de forte que le Cavalier Bellerophon & le Cheval Pégafe, ne furent autre
chofe que l’annonce d’une barque, ou même, une barque qüi apportoit totls
les ans à la Colonie de Lycie des rafraîchiffemens & des nourritures faines,
dont on avoit grand befoin.
L e temps où ces fecours venoient en L y c ie , étoit celui qui s’écouloit depuis
l’entrée du Soleil au ligne du L io n , jufqu’à celui de fon palfage au
ügn e du Capricorne. Pour marquer ce temps, on inventa le Symbole de la
Chimère, monftre prétendu , compofé d’une tête de L ion , d’un corps de
Chèvre fauvage , & de la queue d’un Serpent. Le corps de Chèvre étoit le
Symbole du Capricorne ; la tête de Lion celui du Signe du même nom ;
la queue du Serpent étoit le Symbole de la Vie.
Chez les Grecs, la Chimère paffapour un Monftre né en Lycie, & Bellérophon
pour un Cavalier plein de courage, qui en avoit délivré le pays. Le Cheval
Pegafe lui avoit fervi de monture pour l’attaquer & le combattre. Nous trouverons
dans la fuite une autre explication littérale, que quelques Auteurs ont
donnée a cette Fable. En attendant, revenons à ce Cheval fameux par d’autres
expéditions. Pris dans fon fens naturel pour un Vailfeau , il lui fallait
un Pilote, dont il étoit néceffaire d’accorder le nom avec le Symbole d’un
Cheval a deux ailes : celui de Perfée, qui, en Langue Égyptienne & Phénicienne
, fignifie un Coureur & un Chevalier en voyage, parut plus propre
qu’aucun autre. Voilà donc de quoi faire un Héros, à qui il faut prêter une
expédition auffi heureufe que brillante ; Andromède, fille de Céphée & de
Caffiope, condamnée à être dévorée par un Monftre marin , lui en fpurnira
1 objet. Il vole fur Pégafe au fecours de cette Princeffe infortunée ; il attaque
le Monftre, lui préfente la tête de Médufe , le pétrifie, & le change en
rocher.
Développons à préfent tout ce merveilleux. Typhon fignifioit le débordement
; Calfiobé ouCalfiope en marquoit le terme ou l ’étendue, le long de
la cote qui eft un peu au-delTus de Joppé, jufqu’au mont Cafius, d’ou eft
venu à cette côte le nom de Caffiobé ou Caffiope ; Céphée, mot dérivé de
Cep ha, qui fignifie une pierre, eft auffi relatif a une borne appellée Cajfius,
qui a donné le nom à une montagne ou fe bornoit, pour ainfi dire , le débordement
du Nil. La grande etendue de la côte , depuis Joppé jufqu’au
mont Cafius , fut appellée Andromède , qui en effet fignifie une longue
lifière. Voilà d’où font venus le père (C ep he e ), la mère ( Caffiope), la fille
( Andromède ) , le Libérateu r & le Gendre (Pérfée), &c. Tout cela ne fut dans
fa lignification primitive que le Symbole d’un Vaiffeau à ailes , ou à voiles,
qui longe des coteaux fur les eaux de la Mer , ou fur celles du Nil , pour
porter des vivres à la Colonie Lycienne, afin de la délivrer de la difette,
de la faim & de l’indigence , dont les maladies & la mort font fouvent des
I fuites inévitables.
Tout ce qu’on vient de dire, femble fuffire pour marquer l’origine & la
[ deftination tant des Nereides & des Tritons, que de tous les autres Dieux
I Marins. C ’eft dans les Symboles qu’ils ont tous pris naiffance, & il y a
I toute apparence que ce n’étoit d’abord que des Barques, ou des VailTeaux
[d ’une forme differente de celle de Pégafe ; peut-être ne furent-ils que de
[ fimples ornemens de ces memes VailTeaux , ou des Nageurs & des Plongeurs
| néceffaires dans une Flotte, pour parer à quantité d’inconvéniens qui fur-
[ viennent en dehors des VailTeaux, pendant la navigation. O n enaura fait, dans
I la fuite, des Perfonnages & des Divinités, à qui l’on a fuppofé des haines, des
[ ennemis, des guerres & des hiftoires auffi fauffes que ridicules.
! D e Nepturte, des Néréides , des Tritons <5C de tous les Dieux Marins, félon
l ’Hiftoire SC la Fable.
‘ Les Lybiens, les Phéniciens, les Scythes, les Grecs & les Romains fem-
! blent avoir eu chacun leur Neptune, & avoir donné à celui qui leur étoit
! particulier une origine différente. Mais, foit erreur au fujet de la naiffance
|de chacun d’e u x , foit que ces Peuples aient entendu la même chofe fous
I divers noms, foit enfin que , pour concilier des contrariétés , la Fable fe foit
[déterminée à confondre tous les différens Neptunes en un feul, il eft certain
[q u e , malgré la variété & la multiplicité des actions & des fondions qu’on
[leur attribue , on n’en cônnoît qu’un feul dans la Mythologie & la Numif-
[matique : il paroît toujours fous la même figure , la même forme, & avec
[les mêmes ornemens, attributs & fymboles.
| C e Neptune fabuleux fut fils de Saturne & de Rhéa , frère de Jupiter :
| dérobé à la fureur & à la cruauté de fon père , ennaiffant, de même que fon
[frère, il fut chaffé du Ciel avec A po llon , pour avoir confpiré contre Jupiter.
[Dans le partage de l’Empire de Saturne entre fes enfans, la M e r , les Fleuves,
[les Eaux échurent à Neptune, & il fut reconnu pour le Dieu de la Mer.
On lui donna Amphitrite pour femme, Nérée pour fils, & les Néréides pour
[petites-filles. O n le confondit quelquefois avec l’Océan & le P o n t, c’eft-à-
[dire, avec le corps même de l’Eau & de la Mer ; & c’eft de-là qu’eft venue
[1 idee de faire defcendre de lui cinquante Néréides, qui font autant de petites
I Mers, tirant leur fource & leur naiffance de la Ogrande.
Neptune fu r les Médailles.
L a tete de Neptune, fur les Médailles, reffemble à celle d’un vieillard à
barbe large , épaiffe, avec des cheveux longs & frifés. Il eft quelquefois couronne
de lauriers, & d’autres fois fans couronne : on voit ordinairement un
C e