
«qui rient une tranche d’arbriffeau (laurier ou palmier) d’une main, qui portÊ
-rine corne d’abondance fur le bras gauche , & qui a un enfant à chacun de fes
’Côtés : c’eft de nette manière quelle eft le plus ordinairement repréfentée
Tous ce nom, comme fous celui de Loetitia : les enfans meme dont elle eft
-Accompagnée , marquent peut-être que le fujet de la Joie qui a donné lieu
la légende de ces pièces, étoit la naiffance de quelques Princes ou Prrnceffes
•de l’Empire.
La Joie , fous le nom de Làthia, eft repréfentée d’une infinité de manières;
-Souvent., & prefque toujours, une figure de femme fait le fond de la représentation
; mais fes attributs varient à l’infini. Les plus ordinaires font une
«couronne de fleurs, un bouquet depics, une pique, ou une baguette, une
ancre, un gouvernail, un globe. Quelquefois elle a un caducée ; d’autres fois,
aine bourfe ou une pomme. La couronne de fleurs , le bouquet d’épies &
■ la bourfe pouvoient être des Symboles d’une Joie actuelle ou future, à
l’occafion de l’abondance de la terre ou de la profpérité du Commerce.
'Comme la Joie rend les Peuples heureux , le caducee , qui defigne la félic
ité , a pu devenir aufli un de fes attributs. La baguette, la pique, l’ancre,
le gouvernail, patoiflent annoncer la Joie que procure un bon Gouvernement
, & le fuccès des affaires ffo it par T e r r e , foit par Mer. La Patère, avec
laquelle on trouve quelquefois la Joie, eft un attribut ordinaire de la Divinité.
Il y a des Médailles ou l’on trouve deux femmes avec les épies,le globe,
une pomme en main, & un enfant qui femble fortir de leur fein.
Il y en a d’autres fur lefquelles on a repréfenté un Vaiffeau Prétorien
.( appelle Trirème ) en pleine M e r , ou un Vaiffeau entouré de plufieurs autres,
& de plufieurs animaux, quelquefois même un Vaiffeau avec un char & des
animaux : le Vaiffeau feul ne pouvoit-il pas lignifier que la Joie publique
étoit caufée par l’abondance des vivres qu’on avoir tirés par Mer ? Les deux
■ autres T yp e s , ou l’on, voit plufieurs autres Vaiffeaux avec des chars & divers
animaux, annoncent les Jeux & les Speélacles que l’on donnoit aux Peuples
dans le temps des réjouiffances publiques. Quelquefois, avec un bouquet &
un inftrument propre à labourer terre, on indiquoit la Joie aéhielle, ou l’ef-
pérance qu’on pouvoit fè promettre de la culture des terres, comme les autres
.Symboles marqüoient celle qu’on devoit attendre du fuccès des armes, de la
navigation, du commerce , & peut-être aulfi les bontés du Prince.
Les légendes de la Jo ie, fur les Médailles, font Hilaritas Augujli , ou
Augujlorum, ou Populi Romani, ou Hilaritas Temporum ; Lætitia Augujli,
Augujlorum , Deorum , Fundata, Publica, Æterna , Temporum', Gaudium
Romanorum, Gaudium Populi Romani, Reipublicoe. Les Types qui font avec
ces demieres legendes, femblent indiquer plus particulièrement que la Joie
avoit alors pour objet la bonté des Empereurs, ou leurs vidtoires. Car ces
Types montrent ou des Empereurs tenant le globe, ou des captifs alfis & lies
au pied du Labarum, ou enfin une couronne de laurier avec des exclamation»
votives pour la longue vie de cesPrinces.
Nous donnons, a la planche X IV e. fix revers des Médailles de la Joie
aux nos. i . 3. 4. 5. 6. Sc y. O n en verra d’autres fous le nom de Gaudium ,
dans la fuite de l’Ouvrage.
Section
S e c t i o n X I X .
D e la Libéralité.
L a Libéralité, la même vertu que la Généralité, fut adorée en elle-meme,
& dans fes effets, ou dans les Princes qui la firent éclater, comme certains
Empereurs l’ont fait par la remife des tributs, des impôts , & des charges publiques,
& pat les autres préfens dont ils combloient leurs fujets, leurs amis,
& même quelquefois des ennemis vaincus. Nous parlerons., a la fin du Chapitre
X I e Se&ions V I e. & V IIe. de ces fortes de libéralités ou de bienfaits, &
L u s expliquerons les Types des Médailles, fous lefquelles on en a voulu perpétuer
le fouvenir.
Quant à la Libéralité confidérée en elle-même & comme une bonne
qualité, abftra&ion faite de fes fuites, de fes dons &: de fes effets, elle fut
déifiée & perfonnifiée comme l’Abondance & lUberite , c eft-a-dire fous la
figure d’une femme qui tient une corne d’abondance , dont elle répand les
richeffes avec profiifion, en la renverfant. Il fuffira de la donner une fois fous j cette forme, a la planche X IV e. n°. 8. pour la faire connoître.
S e c t i o n X X .
D e la Liberté.
L a Liberté eft un bien fi grand, fi agréable & fi cher , quil neft pas
étonnant que des Peuples portes à l’Idolâtrie 1 aient deifiee, apres 1 avoir per*
! fonnifiée. Mais il en eft d’elle comme de plufieurs autres Divinités ; c eft-a-
! dire, qu on l’a prife en plufieurs fens. On l’a confidérée d’abord en elle-meme,
enfuite dans ceux qui la donnoient, ou dans ceux qui la recouvraient, enfin
dans les caufes qui l’avoient procurée. En conféquerice on en a fait des repre-
| fentations & des images differentes, & on lui a donne divers attributs.
Quand on l’a regardée en elle-même, & en général, comme un bien,
i fans aucune relation à ceux qui en jouiffoient, ou aux perfonnes, & aux
événemens qui en faifoient jouir, on l’a repréfentee, a la face des Médaillés,
I fous une tête d.efemme , tantôt jeune & bien coéffee, avec un collier & es
| pendans de perles, tantôt d’un âge mûr, & couverte dun voile qui lui lert
| de coëffe. Au revers des Médailles, on l’a encore gravee fous la figure dune
: femme, debout fur quelques-uns, & aflife fur d autres. Quand el e e e out,
elle tient un bonnet comme fufpendu d’une main, & une verge ou une baguette
de l’autre ; c’eft là le fymbole de la Liberté le plus fimple, le plus
naturel & le plus fignificatif ; car pour rendre la Liberté aux Efclaves, on
les touchoit d’une baguette, & on leur rendoit le droit de fe couvrir dun
bonnet ou d’un chapeau; droit dont tout Efclave etoit prive. . . . ,•
Lorfque quelque Empereur rendoit la Liberté ou a des Peuples fubjuges,
ou à des V ille s , ou à des Particuliers, il étoit alors reprefente fur les Médaillés
, debout ou aflis , donnant la main à quelques figures placées evant
lui en attitudes Suppliantes, & qui repréfentoient ceux qui avoient recours
à lui pourla recouvrer. Une mère debout, tenant un enfant fur la main
droite, & un autre fur le bras gauche, auquel le Prince femble donner la
main, eft encore un fymbole de la Liberté accordée ôc reçue.
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