
. Les Dieux Génies n’ont pas été regafdés du • même oeil chez tous les Peuples.
Les uns les mettoient au nombre des grands D ieux , ou plutôt ils don-
noient à ceux des Dieux qu’on appelle Grands, les fonctions , & le furnoin
de Genies - les autres faifoient des Génies un clalTe de Divinités inférieure à
celle des grands Dieux. L ’Antiquité les diftingua en Génies mâles, & en
Genies femelles. Les premiers, difoit-on, étoient prépofés à la garde des hommes
3 Ion confioit aux féconds celle des femmes ; ces dernières Divinités
s’appellèrent des Junonj.
D e cette différence dans les idées ■ eft , yenu celle des formes fous lefquelles
on les a reprefentes fur les Monumens, S i fur-tout fur les Médailles. Dans la
famille Antonia / le Dieu Génie eft une tête 3e Vieillard affez femblable à
celle de Jupiter : elle, eft fans couronne ; mais on remarque derrière elle un
•fceptre, & il foin deTon fommet cinq épies de. froment. Dans la famille Cor-
neha , la meme tete eft ceinte d un diadème, & le même fceptre eft derrière
elle. Ailleurs, elle eft reprefentée fort jeune , quelquefois rayonnée comme
le^ Soleil, & lî reffemblante a celle d’Apollon, qu’il n’y a que la légende qui
détermine a la prendre pour celle du Genie. Auui les Anciens prétendoient-ils
que les Grands Dieux , comme Apollon & les autres, faifoient fouvent les
fondrions des Genies, des Lares, S i des Penates. Voilà de quelle façon on a
reprefente le Dieu Genie, confidere en général, & fans égard aux perfonnes ,
aux Pays, & aux Peuples dont il pouvoir être le Génie.
A u revers des Médaillés, les Genies d’un Empereur, d’une V ille , d’un
Pays fie préfentent fous différentes formes , de l’un S i l’autre fexe. Comme
hommes, les Genies font ordinairement nuds, ou à demi couverts d’un fîmple
manteau , ou enfin habilles comme les Sénateurs, & quelquefois comme les
Militaires. Les Genies femelles font vêtus de lon g, quelquefois fans couronne
, & d autrefois avec une couronne murale fur la tête. Les uns & les
autres font debout ou aftîs, ou a demi-couchés, & portent pour ornemens &
pour attributs un fceptre , une pique, undiadême, ou une couronne murale,
comme t® vient de le voir. L à , ils ont à la main une patère, une coupe, dans
1 attitude den verfer la liqueur fur un autel : i c i , c’eft une corne d’abondance
, avec une pique quon leur voit à la main ou .entre les -bras. Leurs
ornemens S i leurs fymboles varient fans celle ; S i ièela félon les lieux, les
fondrions St. les titres qu on leur donne.
Le Génie d’Antioche, par exemple, eft une femme habillée de lon g, affife
fur un roener, ayant le fleuve Oronta à fes pieds, & la couronne murale en
tete. Les eaux d autres fleuves ou rivières coulent devant les Génies d’Edefle
ôi Emifcis. Celui de Rome, couronnant la Syrie, eft à demi-nud, debout,
tenant ou polint la couronne fur la figure qui repréfente cette Province , S i
relevant fon manteau d’une main, avec une corne d’abondance fur fon bras.
L e Genie d une^armee a une enfeigne militaire auprès de lu i , quelquefois un
boiffeau fur la tete, & tient une patère avec la corne d’abondance. Celui des
'O"5nies eft quelquefois repréfenté fous- la figure d’un enfant monté fur
un des deux boeufs, fymbole ordinaire des Colonies. Le Génie du Sénat
e? , : . ie en Sénateur j on le voit debout avec un fceptre S i une branche
d olivier. O n ne finiroic point, fi on vouloit rapporter toutes les différentes
maniérés dont les Genies font repréfentés fur les Médailles. O n a vu les titres
qu on leur donnoit un peu plus haut. La planche VHP. en offre aux yeux
de quatre façons, aux nos. 20. 21. 22. & 13. D ’abord c’eft une tête de Vieillard
, telle qu on 1 a depeinte 3 enfuite, c’eft le Génie du Sénat avec la toge,
ëcc. ?
Sec. 3 en troifième lieu, c’eft le Genie de Néron facrifiant fur un autel 3 enfin
le quatrième eft le Génie de l’armée d’Illyrie, avec fon enfeigne militaire.
Venons aux Dieux Tarer.
Les Dieux Lares , félon la Fable, étoient fils de Jupiter, ou de Mercure
& de Larunde. Il y en avoit pour le public & pour les particuliers. Ceux
du public gardoient les Chemins, les Carrefours , & les Villes 3 d’où ils s’ap-
pelloient, V io le s , Compitales , Urbani , comme on l’a dit ci-deffus. Il y en
avoit qui étoient charges de la defenfe contre les ennemis de l’État 3 on les
nommoit, H o fh lii : d’autres enfin etoient chargés de porter du fecours à tous
ceux qui en avoient befoin 3 leur titre-étoit, Proe fiites. Les Génies des particuliers
étoient connus fous le nom de. Lares familiers, Lares familiares :
on les honoroit dans les maifôns & dans les familles particulières. Ces Dieux
Lares publics ou particuliers ne parôiffent point du tout dans la Numifi-
matique, au moins fous leur nom & fous des figures qui leurs foient propres.
Les Pénates étoient auffi des Dieux domeftiques : fous ce nom de Pénates
on entendoit ceux des Dieux qui prenoient foin des Morts, ou ceux
même des Morts qui avoient foin de leurs 'familles & qui en faifoient prof-
pérer les biens & les affaires. Ces Divinités étoient fans doute les mêmes que
les Lares &c les Mânes. O n croyoit quelles préfidoient à l’interieur des■ mai-
fons & tenoient leurs fièges dans les foyers : auffi les y repréfentoit-on par de
petites figures. L ’on donne à la planche IX e. deux Médailles des Dieux Pénates
aux nos. 12. & 1 3. La première de ces pièces montre deux têtes accolées
, & ceintes d’un diademe, avec la légende D e i P enates. Ailleurs ces mêmes
têtes font couronnées de laurier , & la même, légende eft en lettres initiales
D . P. P. La fécondé pièce porte pour légende,- Penates P . R. 3 c’eft-à-dire
les Pénates du Peuple Romain. Quoique cette légende annonce ces Dieux
au pluriel, le type ne montre néanmoins qu’une figure, qui eft celle d’un
homme couvert d’un fimple manteau par derrière : il tient à la main droite
une lampe ardente, & une pique de la gauche. Cette Médaille eft.de l’Empereur
Commode. Nous n’en connoiffons point d’autres où il foit fait mention
des Dieux Penates, dans les légendes.' Par-conféquent voilà tout ce que
la Numifmatique nous en apprend.
Quant aux Mânes , on peut les prendre de trois façons, félon la Mythologie
3 i°. pour le.s âmes des Morts ; z°. pour les Enfers, ou ces lieux que
les Anciens croyoient être communs aux bons & aux méchans après la mort,
& d o u , après le Jugement, les premiers paffoient aux champs Élifiens, pour
y jouir de la béatitude, & les féconds aux antres obfcurs appellés Tartara ,
pour y être punis S i tourmentés 3 3 0 pour les Divinités que l’on prétendoit
prefider aux Tombeaux & aux Enfers. A le bien prendre , ilfemble que les
Mânes S i les Lares foient la même chofe , & que toute la différence qui peut
etre entre ces Dieux ne vienne que de lèurs fondrions.. Les Lares gardoient
les hommes pendant la vie, & les Mânes après la mort 3 c’eft-à-dire que les
memes Dieux qui étoient les Lares pendant la vie de quelques-uns, dever
noient leurs Mânes après leur mort. La Numifmatique n’en a fait aucune
mention ni dans fes Types, ni dans fes légendes, fous le nom de Mânes.
Il lien eft pas de même de certains autres Dieux connus fous les noms S i
les titres de Dieux Gardiens, de Dieux Patriotes, de Dieux Génitales, de
D ieu x Nourriciers, que nous ne connoiffons guère, au-contraire, que par
la Numifmatique. Nous lifons cette légende fur une Médaille de l’Émpereur
Pertinax, D its Cufiodibus', c’eft-à-dire, aux D ieu x Cuflodes ou Gardiens :
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