
Le Temple de B élus. .
Ce Temple pafle pour le plus ancien de cous ceux du Paganifme : l’on
droit même que ce fut Bélus' lui-même qui en fut le Fondateur. Si ce Bélus
fut le même queNemrod j ce Temple ne fut autre que la Tour de Babel ; on
fait dans quel temps, & à quel deffein elle fut bâtie. On la convertit, en un
Temple , pu l’on adora Bélus, après fa mort. ;
La bafeÙîe cet Édifice formoit un quarré, dont chaque côté avoir un ftade
de longueur.- Le ftade en ufage du temps d’Hérodote-, qui donne la defcrip-
tion de ce Temple, étoit de foixante-neuf toifes, ou de quatre cens quatorze
pieds ou environ : fur cette bafe il y avoit huit tours bâties l’une fur l’autre;
elles alloient toujours en diminuant. Tout l’ouvrage avoit en tout, félon nos
meilleurs Auteurs, autant de hauteur que de longueur, c’eft-à-dire, un ftade.
On montoit au haut de ce bâtiment par un dégré extérieur de forme circulaire :
lés huit tours compofoient comme autant d’étages , où l’on avoit pratiqué
plufieurs grandes chambres foutenuespar des piliers, & beaucoup de plus petites
, où fe repofoient ceux qui y montoient. Ces chambres faifoient autant
de Chapelles particulières : la plus élevée étoic auffi la plus ornée , & celle
pour laquelle on avoit plus de vénération. On y voyoit un lit fuperbe & une
table d’or maffif ; mais il n’y ayoit point de Statue. Le Roi Nabuchodonofor
augmenta ce premier Édifice de plufieurs autres, qu’il fit conftruire autour:
il ferma le tout de murailles : les portes étoient d’airain.
On peut juger des rieheffes de ce Temple par le rapport qu’en font Hérodote
& Diodore de Sicile. Outre ce lit & cette table d’or, dont on vient de
parler, il y avoit un grand nombre de vafes facrés, un A utel, un Trône avec
fan marchepied, & plufieurs Statues auffi d’or maffif : entre les Statues, il
sien trouvoit une de même métal, qui, avec fa bafe, avoit, félon l’Écriture-
Sainte , quatre-vingt-dix pieds de hauteur. Le Roi Xerxès-, au retour de fa
malheureufe expédition dans la Grèce, fit démolir ce Temple, & en emporta
tous les tréfors.
Le Temple de Vulcain, a. Memphis.
Les Égyptiens, fuivant Hérodote, ont les premiers confirait des Temples
en l’honneur des Dieux : nous ne parlerons que de celui de Vulcain & de
quelques autres, qui, à caufe de leur ancienneté , de leur beauté & de leurs
rieheffes, méritent quelque détail.
Ce Temple de Vulcain, félon le même Auteur, fut bâti pa^Ménès , lé
Fondateur de la Monarchie Égyptienne. On n’y voyoit alors régner qu’une
noble fimplicité ; mais les fucceffeiirs de ce premier Roi fe firent gloire de
l’embellir a l’envi les uns des autres. Mæris y ajouta un fuperbe Vembule du
côté du Septentrion, & Rhamfinite un autre du côté de l’Occident. Celui-ci
fit pofer. deux Statues Coloflales, d’environ trente-huitpieds de hauteur,
devant le Veftibule : Amafis fit placer devant le même Temple une Statue
de marbre couchée , de foixante & quinze pieds de longueur : à chaque côté
d.e ce grand ColofTe étoit une autre Statue de bout, de vingt pieds de hauteur
, auffi de marbre. Ce T emple, dans fon tout, étoit d’une vafte étendue
& de la dernière magnificence. Dans fon intérieur , apparemment dans la
partie qui avoit été bâtie par Menes ou regnoit encore l’ancienne fimplicité,
étoit la Statue de Vulcain, avec celles des autres Dieux; mais ces Statues
étoient petites & femblables à des Pygmées : elles y àvoient apparemment été
placées’par quelques-uns des fucceffeurs de ce Fondateur ; car, dans les premiers’temps
, les Égyptiens ne mettôiént aucune Statue dans leurs Temples.
L’Égypte avoit encore uh grand nombre d’autres Temples plus fiches les
uns que Iss autres:; télsijue ceux dé Jupiter , aThèbes ou Diofpolîs v& àHer-
xnùnthis, celui de Profilée,'à Memphis, &c celui de Minerve, à Sais. Ce dernier
Ivoit été augmenté & embelli par Amafis, d’un Veftibule qui furpaffoit de
beaucoup en grandeur & en magnificence tous les Monumens que les Rois
fes prédeceffeurs avoient laiffés. Ce. Prince v ajouta des Statues d’une grandeur
prodigieufe. Il avoit fait apporter d’Élephantine une maifon, en forme
de petit T emple, faite d’uneieule pierre, que deux mille hommes ne purent
amener qu’en trois ans. Cette maifon avoit trente & un pieds & demi de
longueur, fur environ, vingt .& un de làrgèur, douze de hauteur en dehors,
& en dedans environ vingt-fept de long fur fept à huit de haut. Son premier
deffein étoit de la placer dans le Temple de Minerve ; mais quelques raifons
l’engagèrent à la laiffer a la porte.
Le Temple de Diane , a. Epheje..
Diane eut ou fucceffivement, ou en même temps, plufieurs Temples à
Éphèfe. L e plus ancien de tous étoit moins un Temple qu’une N iche creufée
dans un orme, où il y a apparence que l’on plaça d’aüord la Statue de cette
Divinité. Il y en avoit un-autre moins ancien, dont les Amazones furent les
Fondatrices, félon Pindare, mais antérieur à ces Guerrières, félon Paufanias.
On avoit employé deux cens vingt ans, félon les uns, & quatre cens, félon
d’autres, à l’orner & â l'embellir. Il étoit bâti dans un lieu marécageux, fur
des peaux de mouton avec leur laine, fous lefquelles on avoit fait un fond
de charbon pilé. C e t emplacement avoit été choifi pour garantir l’Édifice des
tremblémens de terre , & des ouvertures qui pouvoient s’y faire. C e Temple
avoit quatre cens vingt-cinq pieds de long , fur deux cens de large. Parmi les
cent vinm-fept colonnes qui le foutenoient, il y en avoit trente-fix de cife-
lées, & une de la main du célèbre. Scopas : elles avoient foixante pieds de
haut : elles àvoient été données par autant de Rois. O n peut juger de la beauté
& de la magnificence de cet Édifice par la multitude des Princes qui avoient
contribué à le bâtir & à l’ornet, & par le temps employé à fa conftruétion &
â fon embelliffement. Rien de plus fameux dans toute 1 A fie que ce Temple,
tant par la dévotion , que par le concours infini de monde qui abordoit à
Éphèfe pour adorer la Statue de Diane. C e que raconte S. Paul de la fédition
tramée par les Orfèvres de cette Ville , qui gagnoient leur vie a faire des
Statues d’argent de cette Déelfe, eft bien propre à nous prouver la célébrité
de fon culte , aulfi-bien que la richelfe de fon Temple.
Il y avoit un autre Temple de Diane, à Éphèfe, du temps de Pline : il
paraît qu’il avoit été confirait par Dinocrate ou Dinochares, le même qui
bâtit la Ville d’Alexandrie, & qui propofa à Alexandre de faire fa Statue du
mont Athos. C e T emple ne le cédoit en rien au précédent, foit pour la
beauté , foit pour les rieheffes : on y admirait fur-tout des ouvrages des plus
habiles Sculpteurs de la Grèce. L Autel ecoit prefque tout de la main de Prà-
xitèles : les Éphéfiens y avoient placé, par reconnoiflànce, une Statue dor
en l’honneur d’Artémidore. L ’Édifice étoit d Ordre Ionique, & de la foime
des Dyptères ; c’eft-à-dire , qu il régnoit tout a 1 entour deux rangs de