
S E C T I O N X L V I.
Des Ponts SC des Daijfeaux que i on voit fu r les Médailles antiques.
On a représenté deux fortes de Ponts fur les Médailles ; les :uns de bois
ou de pierre, & les autres dë bateaux. L ’Empereur Hadrien en fit conf-
truiré'un ds pierre fur le Tibre , qui s’appella, d’un de les noms., P ons
J ' ï l i u s c.’èir aujourd’hui Je Pont Saint-Ange ; ou du moins celui-ci elt
dans le .même/emplacement où étoit l’autre, qui a été détruit. C e Pont
étoit à fepC arches, comme il paraît par les Médailles : une baluftrade régnoit
de chaque;côté, avec quatre bafes ou colonnes de diftance en diftance
fur lefquelles étoient pofées des Statues. C ’eft auprès de ce Pont que fut
bâti le Sépulchre où cet Empereur fut enterré. N o us en donnons la repré.
fentation au n°. 37. de la planche X X V I I I e.
Quant aux Ponts de bateaux, les Médailles nous en font connoître deux
dont les Empereurs Marc-Aurèle & Gordien-Pie fe fervirent, l’un pour
traverfer l’Euphrate, & l’autre le Danube, avec leurs armées : on les voit
aux nos 39. & 40. de la planche X X V I I I e.
A l’égard des autres chofes qui peuvent concerner les Bateaux, les Navires
, les Vaifleaux & généralement tout ce qui regarde la Marine, nous
n entrerons dans ce détail qu’a l’occafion des combats de mer : cependant
en attendant nous obferverons qu’on diftingue parfaitement , aux revers de
quelques Médailles, des Vailfeaux trirèmes avec tous leurs agrêts, & d’autres
fans voiles & fans mats, comme on peut le -voir à la même planche
X X V I I I e. 11°. 38. . 1
S e c t i o n X L V I I .
Des Ports SC des Phares que l ’on voit fu r les Médailles antiques.
Perfonne n ignore ni le nom ni l’ufage des Ports. La Nature feule a formé
les uns ; les autres doivent leur conftruction à l’A rt. Il étoit non-feulement
effentiel, mais néceffaire de trouver ou de former aux bords de la mer, des
fleuves & des ruiffeaux , .des endroirs propres à mettre les Vailfeaux à
Jabri, foit pour le mouillage & le repos, foit pour les réparations, foit enfin
pour le chargement.
L e Port d Oftie , conftruit par l’Empereur Claude , orné par Néron &
par Trajan, fe trouve repréfenté différemment au revers de quelques Médailles
de ces deux derniers Empereurs. Dans celle de Néron, il y a fept
VaifTeaux dans le fein du Port: de plus on y voit au milieu Une colonne
roftrale, furmontee de la flatue de ce Prince, avec la figure de Neptune
couchee au pied de la colonne. Sur le revers de la Médaille de Trajan, il
n y a que trois VaifTeaux, fans colonnes & fans ftatuës. Le Port d’Ancone,
Portus Anconiatus, que le mêmeTrajan fit conftruire près de la mer Adriatique
, fe trouve aufn repréfenté fur une autre Médaille. Ils font tous trois
aux n“ . 1. z. & 3. de la planche X X X I e.
Les Phares placés dans des lieux naturellement élevés, ou fur des tours
& d autres ouvrages d une grande élévation, font des feux allumés pendant
la nuit, pour guider les VaifTeaux dans l’abordage , & leur indiquer l’entrée
d’an
D E S G L O B E S C É L E S T E E T T E R R É S T R E . 377
d un Port. La dénomination de Phare vient de la Tour d’Alexandrie, qui
fervoit a cet ufage , & qui s’appelloit P haros, du nom de l’Ifle près de
laquelle elle étoit fituée. ' r
Des objets dune utilité fi grande n’ont point.été oubliés fur les Types
des Medailles. Les Phares qu’on y a repréfentés font des Tours fort élevées
& conftruices dans les Ports. Le feu qu’on remarque au haut de ces ouvrages,
indique T ufage auquel ils étoient deftinés. Onde plaçoit dans une efpèce
de chambre qui cerminoit 1 édifice : il s’y trouvoit renfermé comme dans
une lanterne qui éclairait de loin, à proportion de la hauteur de la Tour.
M. Baudelot. a prétendu trouver un de ces Phares au revers d’un Médaillon
d Apamée en Bithynie, frappé pour Gordien-Pie : Dom Mont-
faucon n y a pu découvrir ce Phare, par le peu' de confervation de cette
piece qui peut à peine le lailfer foupçontier. Nous le donnons néanmoins au
n°. 4. de la planche X X X I e., tel qu’il fe trouve dans Monfaucon, T ome IV.
planche L e. du Supplément.
Il faut avouer que la Tour qui fert de Type à ce Médaillon reffemble
affez, a un etage pres, au Phare repréfenté dans un Port, au revers d’un
autr® de Commode. Il y a apparence que c’eft dans le Cabinet de M. le
Maréchal d’Eftrées que Dom Montfaucon a vu ce dernier, donc il ne nous
a donné que la Tour fur la même planche Le. Elle étoit ronde, & à quatre
«âges : le fécond étoit moins large que le premier, & ainfi des autres. La
Tour du Medaillon de M. Baudelot 11’a que trois étages, qui diminuent
également de largeur en proportion.
M- Triftan croit voir dans un autre Médaillon de Gordien-Pie, frappé
par la meme Colonie d Apamée, une Diane Porte-Phare, au lieu de la
Diane-Lucifere, ou Porte-Lumière , placée entre les fleuves Marfyas &
Meandre, & entre deux Nymphes. Elle porte fur fa tête une lanterne,
ou une chambre femblable à celles, qui fervoient de Phares au-deffus des
Tours.|Cet Auteur .prétend que ce Phare, ou cette lanterne , n’eft placée
fur la tete de Diane que pour montrer qu elle eft la mère du Feu , comme
de la Terre , de l’Air , de l'Eau & de la Nature.
Quoi quil en foit de cette penfée, nous donnons ce beau revers au n°. r.
de la planche X X X I e. , non comme un Phare, mais comme très-propre
a rendre, par la lanterne qui eft fur la tête de la Déeffe, l’idée de celles
*jui formoient les Phares au-deffus des Tours deftinées à les porter. Voyez
Triftan, Tome II. pag. y 2.6. de fon Commentaire hiflorique, & c ., édition
de Paris 1644.
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