
j 4 6 IN T R . A L 'A S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . C itai*. X X .
La feptième confifte à contrefaire celles des Antiques qui font fourrées
ou. incufes;
Enfin la huitième eft de fabriquer des Médailles qui n’ont jamais eu
d’exiftence.
Mais comment découvrir toutes ces fraudes, & par quels moyens s’en
•garantir ? fs T T
S e c t i o n I I .
D e s - M é d a ille s imitées , <$C des moyens de les connaître..
L a pretiiière efpèce de fraude qu’on emploie en fait des Médailles, confifte
dans l’imitation : voici comment on s’y prend. O n fait de nouveaux
coins des Médailles antiques qu’on fe propofe d’imiter, & l’on apporte le
plus grand foin pour que la copie approche autant qu’il, eft poiubfe de
l’original: pour cet effet on n’oublie rien pour rendre avec exactitude les
T y p e s , lés lettres des Légendes, les notes & le vernis femblables. au modèle.
Cependant quelqu’atcention que le Fabricateur donne à fon Ouvrage &
quelqu exactitude qu’il y emploie , il ne peut empêcher que la fraude & le
feux n’y paroiffent toujours avec évidence.
i° . Ces Médailles contrefaites font ordinairement d’un flan moins épais
que les antiques. z ° . Elles ne font ni ufées, ni rongées. Rien de ce qui
paroît v if & tranchant dans une Médaille qui fort du coin, n’eft encore adouci
par le maniement & le trit de la pièce ; car quoiqu’il y ait des Médailles
antiques d’une fi belle confervation qu’on les appelle à fleur de coin, elles
ont toujours un coup d’oeil différent de ces Médaillés contrefaites.- 30. Les
lettres y font neuves & modernes. Je dis, n eu v e s , parce quelles n’ont rien
perdu de la carrure, de l’élévation, des traits & des lignes qui les forment:
je dis, modernes , parce quelles ont la même forme que les- lettres des Médaillés
fabriquées de nos jours. 40. ’ Le vernis ne fort point du métal &
du fond de la pièce : il ne s’y eft point formé par couches : il y a été appli-,
qué tout à la fois , comme un corps étranger , rejetté pour ainfi dire par le
métal qui lui fert de fond : par conféquent il n’a pu fe durcir, & n’a pas eu
le temps de travailler avec le bronze pour contracter cette dureté, cette foli-
dité, & cette couleur naturelle & luifante qu’on voit & qu’on admiré.fur
l’Antique : c’eft un vernis n o ir , fale, gras & tendre , qu’on enlève aife-
ment avec la pointe d’une éguille. j ° . . Les bords des Médaillés modernes,
au lieu d’être inégaux & meme fouvent éclatés, comme dans l’Antique ,
font ordinairement limés. Il eft vrai qu’il y a des Antiques qui le font
aufli, parce qu’on a voulu les enchâffer dans des cercles, pour les attacher à
quelques vafes ou les appliquer à quelques autres ufages 3 mais en ce cas le
champ juftifie les bords. 6° . Les Médailles contrefaites font toujours fort
rondes, au lieu que les antiques ne le font jamais fi régulièrement, fur-touc
depuis le règne de T ra jan , excepté dans le bas Empire. Telles fon t, en
général, les marques auxquelles on peut reconnoître les Médailles de coins
modernes.
D E S F R A U D E S , SU R LE S M É D A IL L E S .
S e c t i o n I I I .
D e s M é d a ille s moulées f u r le s modernes, SC des moyens de -les reconnoître.
La féconde manière de contrefaire des Médailles-, ceft dé les mouler
fur d’autres imitées ou fuppofées', & qui fortent de coiifs modernes..
O ii font bien que ces Médailles modernes font beaucoup plus propres
que les antiques .pour commettre cette fraude, parce que la plupart de
celles-ci ont perdu quelque chofe de leur beauté & de leur perfection , foit
dans le Type foit dans la Légende, fouvent dans l’une & l’autté, à moins
que ce ne foit des Médaillés d’ôr qui , pour -l’ordinaire , font à fleur de
coin. Les Médailles nouvellement fabriquées, au contraire, étant encore
dans leur intégrité, peuvent rendre leur l’empreinte avec facilité , & fe
copier exactement par la voie du moule.
Il eft vrai qu’il refte toujours ! cês Médailles moulées de petites cavités
dans le Champ, des imperfeétiôns dans les Types & dans les Lettres ;
mais on répare aifément ces défauts, en retouchant le tout avec le burin.
O n remplit les cavités avec un rnaftic que l’on couvre enfuitè de vernis.
Pour mieux colorer la fraude & imiter les Antiques de plus près , on leur
donne la même épaiffeur : de plus , par le moyen de la cire dont on
recouvre les bords qu’on pique en plufieurs endroits, avec une eguille ,
pour infinuer dans les trous de l’eau-forte qui mange & ruine ces bords,
on rend ces pièces moulées affez femblables aux antiques.
Il n’eft pas difficile de démafquer ces fortes de pièces, & d’en découvrit
la fraude. i ô. Le rnaftic & le faux vernis peuvent être éprouvés avec une
éguille., comme furies précédentes. z°. Si on examine bien les Lettres
& les Types, la nouveauté n’échappera pas aux yeux d un vrai Connoiffeur.
j ° . Ceux qui n’ont point encore acquis cette, facilité des anciens Antiquaires,
qui leur fait porter au premier coup d’oeil un jugement fain fur
la vérité d’une Médaille, ont une dernière reffource pour faire le difcer-
nement d’une pièce moderne d’avec une antique ; c’eft de les péfer : en cas
d’égalité de volume, d’épaiffeur & de module dans le meme métal , 1 antique
pefera toujours beaucoup plus que la moderne, parce que le métal
antique s’eft ferré & condenfe fous les coups de marteau, dont les Anciens
fe fervoient pour fabriquer la Monnoie avant 1 invention du balancier ,
au lieu que le métal moderne s eft raréfié par le feu , qu il s y eft forme
plufieurs cavités, dont les unes font intérieures & les autres paroiflent a
la fuperficie 3 ce qui rend la nouvelle piece plus légère.
S e c t i o n I V .
D e s M é d a ille s moulées f u r les antiques , & de la maniéré de découvrir
cette fr a u d e .
L a troifième manière de frauder en fait de Médailles, confifte a frtoüle'r
non fur le Moderne, mais fur l’Antique. Cette fraude peut fe faire daris
tous les métaux : on peut même l’employer plus heureufement que la
plupart des autres ; i°. parce que la pièce qui fort dun moule forme fur
l’antique , prend tout le goût, tout l’air , & même tous les défauts ou
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