
liberté 6c l’autonomie c’cft pour cela que certaines Villes n’ont pris que
Je titre de Libres, & non celui d’Autonomes. Il ne Faut pas croire néanmoins
que toutes les Villes qui n’ont pris que le titre de Libres, l’aient
■ eu feul. C ’eft dans un Catalogue particulier de ces Médailles, que l’on fe
propofe de faire connoître, autant qu’il fera poffible , celles des Villes qui
gouiflbient des deux privilèges , afin de les diftinguer d’avec les autres?
S e c t i o n XI .
D u D r o i t de C it é a c co rd ép a r les R om ain s à quelques V i lle s SC a quelques
P eu p le s .
La matière que nous allons traiter ici eft trop intimement liée avec la
Numifmatique pour la paffer fous filence : ce font en effet les Médailles
qùi ont donné lieu aux queftions agitées entre les Savans fur la différence
qui fe trouve dans les d ro'ts accordés à certains Pa y s , à certaines V ille s ,
à certaines Colonies & à certains Municipes : ces droits font, celui de
Citoyen , C iv ita s ; celui du Pays Latin , ju s L a t ii ; celui qu’on nommoit
Italique, j u s Italicum. La connoiffance exaéte de ces droits conduit naturelle*
ment à celles des Médailles de Villes, de Peuples , de Colonies & de Municipes
; auiïï allons-nous donner fur cet objet quelques éclairciffemens tirés
du Savant Auteur des Remarques fur la Science des M é d a ille s du P . Jobert.
Après avoir défini ces trois fortes de droits, nous examinerons d’abord
en quoi ils confiftoient, & enfuite quelles règles ont été fuivies pour les
accorder ou pour les retirer dans certains temps & dans certaines cir-
conftances.
L e D r o i t de Citoyen.
L e Droit de Citoy en , C iv ita s , confiftoit, chez les Romains, à pouvoir
donner fa voix dans les Alfemblées des Comices, Curies, Centuries &
Tribus, à voter dans l’Eleétion des Confuls & des autres Magiftrats R o mains
, à prétendre aux Charges 6c Dignités , foit facrées , civiles ou
militaires, foit mixtes , c’eft-à-dire partie civiles & partie militaires, à concourir
à l’acceptation & à l’abrogation des Loix , à délibérer décifivement
dans les affaires publiques, 6c en particulier dans celles qui concernoient
la guerre ou la paix & qui fe décidoient à la pluralité des v o ix , enfin
à être exempt d’impôts, & de Milice , du moins en certains temps, 6c
fur-tout apres que la République eût affermi fa puiflance 6c étendu fes
limites
L e D r o i t du P a y s L a t in .
C e D ro it , que les Romains appelaient Ju s L a t i i , étoit différent de
celui de Citoyen 6c de l’Italique : il confiftoit d’abord à pouvoir donner
fon fuffrage dans les Comices, lorfqu’on fe trouvoit à Rome & qu’on y
étoit invité par les Magiftrats ; mais comme il falloir voter par T r ib u s ,
les Latins invités, à ces Affemblées étoient incorporés dans une des Tribus
Romaines, afin de donner leur voix. Les Latins pouvoient en fécond lieu
acquérir le droit de Bourgeoife, 6c même parvenir aux Dignités de Rome,
par plufieurs moyens : le premier étoit d’exercer chez eux mêmes quelque
Charge annuelle, comme celle de D u um -Virs , d’Édiles, de Quefteurs :
le fécond étoit de venir s’établir à Rome avec toute leur famille , 6c de ne
laiffer ailleurs perfonne de leur poftéritê : le troifième étoit de dénoncer 6c
de faire condamner un Citoyen Romain coupable de malverfation dans le
maniement des Finances. Le droit Latin renfermôit encore l’exemption de
certains Tributs qu’on impofôit fur lés Provinces, pour la paie dès Soldats,
6c qu’on âppelloit Tributs ftipendiaires ; mais on ne laiffoit pas de cotifet
ceux qui en jouiffoient à une certaine fomme proportionnelle, fuivânt un
tarif arrêté e x fo rm u la : ils étoient même obliges de fournir un nombre
de Gens de guerre foudoyés à leurs dépens. Les Soldats qu’ils fourniffoient
formoient des Corps particuliers commandés par des Officiers de leur
Nation. On ne les incorporait point dans les Légions Romaines ; mais ils
obéiffoient aux Généraux : ils portoient le. titre de S o c ii ' L a t ih i , ou de
S o c ii L a t in i nominis.
L e D r o i t Italique, ■
Le Droit' Italique, appellé J u s Italicum , ne commença a être accordé
qu’après l’incorporation de toute l’Italie dans l’Empire Romain ; incorporation
faite par les Loix Juliennes. Il ne fut donné qua dés Villes qui
avoient déjà le droit de Bourgèoifie : Cependant quand elles ne i’avoient
pas encore , on leur accordoit l’un & l’autre en même temps ; car il n’y
avoir point de différence entre les Peuplés qui jouiffoient du droit Italique
6c ceux qui jouiffoient du droit de Bourgeoifie, Voyons à préfent comment
s’accordoient ces trois fortes de droits, à qui 6c en quel temps on les a donnés.
Le droit de Citoyen , du temps des Rois de R om e , renfermôit bien à
la vérité le droit de donner fon fuffrage dans les Affemblées ou Comices,
de délibérer dans les affaires publiques, fur-tout dans celles de la guerre OU
de la paix, 6c d’avoir voix aétive 6c paffive dans l’Éleétiôn dé toutes les
Dignités facrées, civiles & militaires ; mais ce droit étoit dévolu a 1 Ordre
des Chevaliers, ou à ceux qu’on âppelloit les Pètes. Il n’etoit pas poffible,
dans ces commencemens , que ceux qui jouiffoient de ce. droit fuffent
exempts des Tailles, Milices & Charges , parce que la Ville & fon Territoire
étoient d’une fi petite étendue, que chacun devôit néceffairement:
concourir aux Charges indifpenfables de l’É tat, & à toutes les dépenfes des
entreprifes formées pour fa défenfe 6c fon agrandiffement.
Peu de temps après l’expulfion des Ro is , tous ces privilèges furent Communiqués
aux Plébéiens qui fie fouleverent pour y avoir part ,* & qui fe
firent peu à peu admettre à toutes les Dignités , excepté à la Dictature.
L ’accroiffement immenfe de la République, parla Conquête des Villes
6c des Provinces entières, fit rentrer au Fifcdes Tributs fuffifâns pour fournir
aux dépenfes de l’État : alors on exempta les Citoyens de Rome, &
ceux de fon Territoire de toute Taille & de tous Tributs.
Les Latins qui habitoient au-delà des Alpes, jaloux d un tel privilège,
voulurent le partager. Ils jouiffoient déjà du droit du Pays Latin ; mais peu
contens de leur fo r t, fous le Confulat de P . D e c iu s 6c de T. M a n liu s ,
ils demandèrent de ne former qu’un feul Corps de Nation avec les R o mains
, de participer à tous leurs privilèges, 6c d’être admis aux Dignités
6c aux Magiftratures ; enforte qu’à l’avenir il y eut un Conful Romain 6C
un Latin , & que le Sénat fut formé d’un nombre égal de Sénateurs de
l’une 6c l’autre Nation. Cette demande rejettée avec hauteur occâfionna
une guerre fanglante entre les deux Peuples. L. Camille la termina ! apres
V v v ij