
Anubis de l’Hifioire.
L ’Anubis de l’Hiftoire fut un perfonnage réel & véritable, que les uns ont
fait 61s d’Oflris & de Nephté, & les autres, Confeiller d’ISs, femme d’0 6 ris
& Reine d’Egypte. Les anciens Auteurs difent qu’il aima la chafle & les
Cbiens ; que quand il fuivoit fon père ou fon Ro i Oflris dans fes expéditions ,
il avoit la Figure d’un Chien gravée ou peinte fur fon bouclier & fur fes
étendarts. Quand on fe fut mis dans le goût d’adojer les Hommes Illuftres ,
Anubis fut placé parmi les grandes Divinités, tant à canfe de la Famille dont
il etoit iffu, que pour fon mérite perfonnel. O n le repréfenta avec une tête
de C h ien , a6n de marquer par-là ou fon inclination pour la chafle & les
Chiens, ou fa fagacité comme Confeiller d’Ifls , ou fa fidélité comme Général
d’Oflris.
Anubis de la Fable.
La Fable en a fait tantôt un Dieu immortel, tantôt le 61s d’une Divinité
humaine & paflfagère. Elle l’a donné pour l’interprète des Dieux du Ciel &
de ceux de l’Enfer, parce qu’elle fuppofoit qu’il faifoit devant eux les mêmes
fondions que les Chiens font dans les maifons en faveur des hommes ; c’ell
pourquoi elle le dépeint avec la tête d’un Chien. Selon cette fiction, il eut
Oflris & Sérapis pour frères, & il fut comme eux une des trois grandes D i vinités
de 1 Egypte : elles étoient toutes trois égales en puiflance & en toutes
chofes ; ce qui les ht appeller les Dieux Synthrcnes. Anubis , dit .encore la
Fable, avoit la face tantôt noire & tantôt de couleur d’or : il annonça le
premier à I6s la mort d’OEris fon époux, & il fut Garde du corps de tous
Jes deux, &c.
Anubis fu r les Médailles.
Les Médailles en font, comme l’Écriture facrée, comme l’Hiftoire & la
Fable, un Cynocéphale, ceft-à-dire une Figure humaine à tête de Chien,.
C e f t fous cette forme qu’il eft gravé au revers de plufleurs Médailles : on
lui a donné différens habillemens & divers attributs. A u revers de quelques
Monnoies de Conftantius, dont la légende eft , Vota publica ( Voeu?
publics ) , il eft en habit militaire, de même que les Empereurs lorfqu’ils
alloient a la guerre. Sur d autres Médailles on le voit avec une robe allez
longue : fa chauflure eft plus ou moins courte, & ne lui vient quelquefois qu’à
la moitié de la jambe , & d’autrefois plus haut. Sur certaines Médailles du
même Conftantius & de Julien l’Apoftat, il eft repréfenté avec le Siftre Égyptien
dans la main droite, & le Caducée de Mercure dans la main gauche ; aulfi
1 appella-t-on Hermanubis, qui, dans la Langue Égyptienne, lignifie Mercure
Anubis. Sur d’autres pièces encore de Julien, il tient une bourfe &une
pique au lieu du. Siftre & du Caducée. Sur un revers de celles de Joviçn,
Anubis eft debout devant Ifls triomphante & affife fur un char traîné par deux
mules, & il femble lui offrir une palme, comme pour, la congratuler fur
quelque viétoire. Le Siftre, le Caducée & la Bourfe , font les attributs ordinaires
d Anubis fur les Médailles, comme on peut le voir à la planche V IIe.
n°. i- ou 11 a les deux premiers de ces fymbbles. Nous expliquerons dans la
Divinités. ...f.. ,t ...
S e c t i o n II.
Les D ieu x A pis ÔC Mnévis de l’Écriture Hiéroglyfique.
Voici ce que dit M. Pluche , dans fon Hiftoire'du C iel,Tome I. page
,6'6 , de l’origine d'Apis & de Mnévis « Le hazard ayant fait trouver à
» Memphis un Veau qui avoit quelques taches dune figuré approchante
.. d’un Cercle ou d’un Croiffant , Symboles 6 refpeétés parmi eux , cette
„ ftngularité, qui n’étoit rien & qui ne mériroit pas plus d attention que ces
„ taches blanches qu’on voit au front des Chevaux & ailleurs, ils la prirent
„ pour le caractère d’Ofiris & d’Ifis empreint fur l’animal que leurs Dieux
.. chériffoient. Une cervelle hypocondre s’avifa de croire & de perfuader a
„ d’autres, que c etoit une apparition du Gouverneur ( Oflris ou le S o le il) ,
„ une viflte que le Protecteur de l’Égypte daignoit leur faire,. ' Ce. Veau
„ miraculeux, après avoir fervi par préférence au Cérémonial ordinaire, tut
„ logé dans le plus bel endroit de Memphis. Sa demeure devint un Temple.
„ Tous ces mouvemens furent trouvés prophétiques, & le Peuple y accourut
» de toute -part, fon Offrande à la main. O n lui donna le beau nom à A pis >
» qui fignifiele fort, le Dieupuiffant.
» Après fâ mort on eut grand foin de le remplacer par un autre qui eut
» à peu près les mêmes taches. Quand les marques deflrées n étoient . pas
„ nettes & précifes, on les aidoit d’un coup de pinceau. O n prevenoit me-
» me à propos, & après un temps marqué, l’indécence de fa mort naturel-
„ fe , en le conduifant en cérémonie dans un lieu ou on le jplongeoit dans
» l’eau, puis on l’enterroit dévotement. Cette fête lugubre etoit accompa
i p-née de bien des pleurs, & fe nommoit avec emphafe, bar apis, ou Lare-
» traite et* A p is , nom qu’on donna dans la fuice a Pluton 6c a ins m er
». nal. Après l’enterrement d’Apis, on lui cherchoit un Succeffeur. Amble
» perpétua cette étonnante dévotion. U n puiffant motif y contn ua eau
» coup ; elle étoit lucrative. . ,
» Les Habitans d’H éliopolis, qui faifoient une Dynaftie a part, ou un
» Royaume différent de celui de Memphis, fe croyoïent affez bien avec le
» S o leil, dont leur V ille capitale portoit le nom, pour avoir part a les vili-
» tes ou à celles de fon Fils. Ils eurent donc bientôt leur Boeuffacre aulh-
» bien que ceux de Memphis. O n 'lu i donna le nom de Mepavis ou de
»• Mnévis, qui eft la même ehofe que Mènes le fo rt, ouïe,meme que Me-
» nophis ; & en lui choiflffant un nom diftingué , on luiflt trouver d autres
» qualités & d’autres fonètions particulières, qui n attirèrent pas moins
» D u moment que l’Égypte eut oublié le feul Être qui foit adorable , &
» le Culte fpirituel qu’il demande, pour honorer un vil animal, qui broute
» l’herbe des champs, tous les animaux qui paroiffoient fréquemment : ans
» les Figures Hiéroglyflques, eurent part à fes re fp e à s .L Egypte & la i-y-,
» bie fe profternèrent devant le Bélier. Le Culte du Taureau devint um-
» verfel. Les Boucs, qui donnoient leur nom au troifleme Signe du Zod-ia
» que, .eurent un Temple à Mendès & ailleurs^ Le L ion , la ^ aevre auva
» g e , les Poiffons, le L oup, tous noms de Conftellauons differentes, le