
fans entendre, des langues fans parler, & dont l’avarice, la fupercherie& le
libertinage diâoient les prétendues réponfes. ...
U n Fauffairê de nos jours a fabriqué quelques Médailles d argent, &
leur a donné un air d'Antiquité & meme de Médailles fourrées, en leur
•■ communiquant la couleur du bronze. Parmi ces pièces, il y en a une qui
repréfente le prétendu fameux Oracle de Dodone ; ce ft une figure
pofée fur une efpèce de chaudron ou de timbre renverfé , qui a les bras
étendus. Près de cette première figure, à droite, il y en a uneautre dans
l’attitude de demander quelque chofe à celle qui joue le rôle d Oracle , &
de la confulter. Nous ne donnerons pas cette Médaille, p r c e qu elle eft
mal travée, & quelle eft fauffe. Il fuffit qu’on foit prévenu fur fa fauffeté,
pour*5la réjettér lorfqu’elle fe préfentera. Venons aux Voeux & aux Médaillés
qu’on appelle Votives. . .
Les Idolâtres falToient fouvent des Voeux a leurs fauffes Divinités : on
le voit par une infinité de Monumens antiques , par un grand nombre
J ’Autels que l’on a trouvés & que Ion trouve encore tous les jours , fur-
tout dant les anciens camps des Romains , fur lefquels les différens voeux
font exprimés. Nous n’entrerons pas dans le détail de tous les Voeux & de
toutes les fupplications qu on faiioit dans les calamités , les maladies , les
voyages, ou autres entreprifes confidérables ; cette digreffion nous eloigne-
roit de notre objet. Nous ne parlerons donc que des Voeux qui font exprimés
fur les Médailles.
O n trouve, fur-tout dans le bas Empire , grand nombre de Pièces qui
ont été frappées pour exprifner des Vceux faits , foit pour la futeté, le
falut & la profpérité delà République, foit pour la confervation & la longue
vie des Empereurs, ou pour l e .rétabliffement de leur fanté , foit pour
obtenir des victoires en temps de guerre, ou pour reconnoître & remercier
les Dieux après la victoire quon croyoit devoir a leur protection, foit enfin
dans plufieurs autres circonftances de temps & d affaires. Il y avoir auffi
des Voeux que la République faifoit pour les Princes tous les dix ans , ou
tous les cinq ans : pendant les Sacrifices & les cérémonies qui les accom-
pagnoient , on leur fouhaitoit par des acclamations plufieurs luftres , ou
dixaines d’années ; ceft ce qui eft exprimé fur les Médailles, par les légendes
& les inferiptions qui s’y trouvent, tantôt au contour ou dans le milieu
d’une couronne, & tantôt fur des boucliers foutenus par une ou par deux
figures de la Viétoire. Toutes ces Pièces font aifées à reconnoître y on en
donnefept â la planche X X I e. fous les n°5. 18. 19. 10. z i . ix . x j . & 14-
O n n’explique point ici les légendes de ces Médailles , afin de ne pas nous
répéter. Si on eft embarraffé des mots commencés, des mots abrégés , &
des lettres initiales qui les compofent , on peut recourir a la troifième
Seétion du Chapitre douzième, où on trouvera la manière de les lire,
donnée par ordre alphabétique , à commencer par la première lettre de ces
légendes.
S e c t i o n X I V .
D es Funérailles, Sépulchres, Lampes fépulchrales, Epitaphes, che-[ les Romains
ÔC les Peuples Idolâtres.
Cette Seétion renfermeroit bien des chofes qui la rendroit fort longue,
fi on vouloit la traiter â fond ; mais la Numifmatique ne nous donnant 6c
ne nous montrant rien qui ait rapport aux cérémonies mortuaires, & â tout
ce qui en eft la fuite, nous fortifions des bornes que nous nous fommes pn-f-
crites, fi nous voulions entrer ici dans un detail trop circonftancié. On a
v u , dans la Section X X I Ie. du Chapitre V e. Article premier, où nous
avons traité des Dieux Genies, Lares, Mânes, &c. que les hommes ont
toujours regarde la Sépulture des Morts & leurs Funérailles comme des
cérémonies de Religion ; que les Païens ont pouffe leur refpeôt & leur foin
envers eux jufqua la fuperftiôn , & mêntt- /ufqua une efpèce d’idolâtrie.
On a vu encore de quelle manière ces derniers en faifoient l’évocation , &
comment ils croyoient manger & converfer avec eux. Les Romains ayant
reçu les Dieux des autres Peuples , adoptèrent leurs ceremonies, leur culte,
& fur-tout leur affeétion pour les Morts , & leur croyancè fur cet article
de la Religion. Ils les enfeveliffoient & les inhum oient avec refpedt ; ils
bâtirent meme des Tombeaux & des Maufolés fuperbes, pour y dépofer
leurs corps entiers ou feulement leurs cendres, apres les avoir brûlés ; ils
mirent dans ces Tombeaux des Lampes de toute forte de formes, faites ou
de terre , ou de bronze ; Lampes que l’on appella Sépulchrales : on en a
trouvé un grand nombre dans ces lieux fouterrains : quelques Auteurs ont
prétendu , affez légèrement, quelles avoient été des Lampes perpétuelles.
Ils prodiguèrent en faveur des. Morts', les Inferiptions, les Epitaphes & les
Éloges, & pour perpétuer & éternifer, en quelque forte , la mémoire de
ceux fur-tout qui leur étoient les plus chers-, ils firent graver ces Epitaphes fur
la pierre, fur le marbre & fur le bronze : enfin , ils allèrent jufqua mettre
quelques-uns d’entre eux au rang des Dieu x , par une cérémonie qu’on appelloit
Apothéofe, ou la Confécration ; nous en parlerons dans la Seétion fuivante :
â l’exception de ce qui regarde ces Apothéofes & ces Confécrations, nous
ne voyons rien fur les Médailles au fujet des Morts ,' qui demande d’être
expliqué i c i , & repréfenté fur nos planches. Nous nous contenterons donc
de ce que nous avons dit à la Section X X I I e. que nous venons de citer ,
& du peu que nous avons ajouté dans celle-ci ; 01) trouvera cependant à la
planche X X I Ie. la repréfentation d’un Sépulchre ancien , avec des femmes
qui vont y pleurer.
S e c t i o n X V .
Des Apothéofes 8C Confécrations, SC des Honneurs rendus aux Empereurs,
aux Impératrices , aux Princes SC PrinceJJès, ôte. après leur mort.
L e mot Grec Apothéofe fignifie une cérémonie , â la faveur de laquelle
un homme, ou une femme, paffe de cette vie â l’éternité bienheureufe,
de mortel devient immortel, & quitte les foibleffes de l’humanité, pour être
mis au rang des Dieux. Celui de Confécration a rapport aux cérémonies'
que l’on faifoit après la mort des Empereurs , ou des Impératrices , pour
célébrer leur tranïlation de la Terre au C ie l , leur paffage de l ’Humanité â
la Divinité , où par lefquelles on reeennoiffoit & l’on déclarait que ces
perfonnes étoient placées au rang des Dieux.
Ces cérémonies étoient fondées fur la fauffe perfuafion ou etoient la
plupart des Idolâtres , que tous ces Grands, comme tous ceux q u i, par
leurs inventions, fciences, adreffe, fageffe, prudence , courage, valeur,
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