
Trident derrière ou deffous cette tête, & fouvent un poiffon appelle Dauphin.
O n en montre deux différentes, à la planche X e. nos- i & i . Parmi les
Médailles de Goltzius , de la famille de Coecilia , la tête de Neptune eft
accollée avec celle de Jupiter. Le Trident & le fceptre, Symboles de ces
deux Divinités , fe croifent devant leurs faces, fur celles de la famille Marcia
du même Auteur. O n voit fréquemment cette tête de Neptune fiir -les Médailles
Confulaires & autres : elle y paraît toujours, ou du-moins tres-fouvenc,
avec le Trident, ou un Dauphin , quelquefois avec l ’un & l’autre.
A u revers des Médailles, Neptune paraît debout , ou monté fur une
Chèvre , ou affis fur un Dauphin , ou placé fur un char fait en forme de
coquille, attelé de Chevaux Marins , ou traîné dans un char de triomphe
ordinaire à quatre Chevaux 5 ou porte par deux Tritons, ou appuyé fur un
rocher 3 c’eû ainfi qu’on le voit furplufieurs Médailles Confulaires, de Colonies
& autres. Mais par-tout ou l’on puiffe le rencontrer, on le reconnoîtra
à fes Tritons j à un Dauphin qu’il porte à la main ou qui eft près de lu i, à
fa Patère & à fon T riden t, auquel eft quelquefois joint un Acroftile , Acro~
J io lium ornement de la Pouppe d’un V aiffeau : d’autres fois ce même T rident
eft placé fur un Vaiffeau, ou fur un Trophée Marin. Lorfque ce Dieu ne
paraît qu'en Symbole , il eft repréfenté par une Ancre , un Cheval Marin,
un Dauphin ou un Trident.
Les titres de Neptune ne font pas en grand nombre : il a celui de Confer-
vateur d’Augufte , Neptuno Conjervaton Augufti, [m une Médaille de Gal-
lien , où il ne paroît que fous le Symbole d’un Cheval Marin : ailleurs on lui
a donné celui de Neptune de retour , Neptuno reduci. On gravoit des Médailles
avec une pareille légende pour les Empereurs, au retour d’une expédition
Maritime , quand elle avoit ete heureufe.
Outre les deux têtes que l’on voit à la planche X e. N os' 1. & z. on y trouvera
encore Neptune de deux autres façons, N os' 3 • & 4. Il paraît fur la
première Médaille conduifant un char attele de deux Chevaux Marins 3 fui
la fécondé, il préfente un Dauphin à Marc-Agrippa, & tient ce Poiffon fut
fa main droite , avec un Trident de la gauche.
Les Néréides, comme nous l’avons déjà d it, font filles de Neptune &de
l’Océan : les Tritons font auffi fes fils ou fes compagnons : leur nom ne
paroît nulle part dans les légendes des Médailles, au lieu que celui de Neptune
y eft prefque toujours. Cela n’empêche pas qu’on ne puiffe les y recon-
noître, quand on les y trouve 3 ce qui eft aftèz rare, fur-tout pour les Néréides.
M. Béger, dans fon Thefaurus Brandeburgicus, prétend trouver la tête ou
le bufte d’une des Néréides à la face d’une Médaille de la famille Creperia,
dont le revers eft à la planche X e. n°. y. En effet, fes cheveux lifles &
comme collés fur fa tête par l’eau qui femble en découler, & fes épaules
nues femblent annoncer une Divinité Maritime, fortant de la Mer, &i toujours
prete a nager. ,
Quant aux Tritons , on les voit ou affis fur des Dauphins, au revers de
quelques Médailles de Colonies frappées à l’honneur d’Élogabale, ou traînant,
avec une Néréide , la Déeffe Vénus placée fur un Char Maritime , comme
fur les Médailles de la ColonitJuliaLorinthus, gravées pour Agrippine, fille
de Germanicus, où leTriton tient une coquille à fa main, & la Néréide, qui
eft à fa droite, une Trompette Marine 3 enfin on trouve quelquefois ces Tritons
feuls, nageant dans les eaux. Ils font repréfentés fous une figure humaine
depuis la tête jufqu’aux reins, d’où fils fe terminent en Poiffons, à une ou a
D E S T Y P E S D E S M É D A I L L E S i o }
deux queues. O n les montre , fur les Médailles de Taras, paffant la Mer lur
un Dauphin. Ils ont en main quelqu’un de ces lignes, lavoir une grappe
de Ra ilîn , un Dauphin, un T riden t, une petite figure de la Victoire, un
Vafe , quelqu’autre chofe tel que le Cheval Pégafe, une Corne d’abondance,
un Acroftile ou une branche qui paraît de Pin, avec fon fruit. O n en trouvera
un à deux queues de Poiffons, à la planche X e. n°. 6.
S e c t i o n X X X V I I .
D e Pan , des Satyres SC des Sylvains, félon l’Écriture Hiéroglyfque,
O n peut recourir aux Séchions V IIIe & X V I I Ie, pour connoître toutes ces
Divinités champêtres dans leur origine : nous en avons parlé affez amplement,
en traitant de l’origine de Bacchus , des Bacchantes, des Faunes &
d’autres femblables Dieux : nous nous bornerons donc ici à ajouter ce qu’en
difentl’Hiftoire & la Fable, & d’après elles la Numifmatique.
D u Dieu P a n , enfemble des Faunes, des Satyres , des Sy Lines SG Sylvains ,
Jelon l’FIifioire SC la Fable.
La Fable fait tous ces Dieux fils de Mercure ; ce qui n’eft pas étonnant,
puifque ,• comme on l’a vu aux SeCtions V IIIe & X V I I Ie, ils eurent tous la
même origine, la même deftination , les mêmes fondions, les mêmes inclinations
& les mêmes vices : ils ne purent donc paroître différens qu’à des
Adorateurs aveugles & infenfés, qui leur donnèrent à chacun une forme
•relative aux idees ridicules qu’ils s’en étoient faites.
O n ne leur fit guère plus d’honneur qu’ils n’en méritoient 3 car ils furent
tous des D ieux de Jardins, de Forêts, de Campagnes & de Troupeaux 3 avec
cette différence néanmoins que la garde des troupeaux fut particulièrement
confiée à Pan ou aux Dieux Pans : c’eftà quoi on prétend qu’ils employoienr:
les jours & les nuits,, eh jouant continuellement du Chalumeau ou d’une
Flûte faite de rofeau, que quelqu’un d’entr'eux a inventée. Les Faunes eurent
les Forêts pour leur département. Sylvain , Dieu des champs & du bétail,
comme les autres, femble encore avoir été deftiné à prendre foin des jardins,
des vergers, des arbres , & des arbriffeaux 3 auffi le couronne-t-on ordinaire-
meni de branches de Cyprès ou de quelqu’autre arbrifleau. Les Satyres ha-
bitoient les montagnes, & leur accordoient une protection fpéciale. Voilà
tout ce qu’on peut dire de ces demi-Dieux, pour concilier les Auteurs qui
en ont parlé, au fujet de leurs différentes fonctions , qui ont donné occafion
a les multiplier.
Ces Dieux fauvages & nocturnes fe faifoient entendre dans les campagnes,
dans les forêts & fur les montagnes, aux Laboureurs & aux Jardiniers, par
des cris & des hurlemens qui, au milieu des ténèbres, leur caufoient des
frayeurs mortelles 5 & c eft de-là qu’eft venu l’épithète de Panique qu’on
donne à la terreur.