
n e ': alors'ce font deux torches allumées •qu’on lui fait porter. C ’eft ainfi qu elle
«fl; gravée fur des Monnoies de la Famille Vibia : on voit quelquefois une
charrue auprès d’elle , pour marquer qu on la regardoit comme l’Inventrice de
l ’agriculture. Il y a encore des Médailles où l’on apperçoit une laie à fes pieds,
parce qu’on lui immoloit cet animal pendant la célébration des Jeux appellés
'de fon nom Céréales. Les Monnoies de Métaponte la montrent couronnée
-d’épics à la face, & présentent un épie au revers, avec une charrue, comme
fes attributs & fes Symboles. Celles deSyracufe l’ont couronnée de Paillons;
mais cette couronne eft moins pour Gérés que pour Syracufe meme, a titre
de Ville maritime. Sur les Médailles de Domitien , elle eft debout avec une
;pique à la main. Quelque part qu’on la trouve, elle eft aifée à reconnoître aux
«pics, pavots, & faucilles qui lui fervent de couronne , de bouquets, d’or-
nemens ou de Symboles , ainfi que la charrue & les torches allumées.
Quant à Ségétia, que Numa Pompilius éleva au rang des Dieux, quelques
uns la prirent pour une Divinité différente de Cérès, & partagèrent entre
l’une & l’autre le foin des moiffons : ils en confièrent le foin a Segetia depuis
Je temps de la femaille & du germe des grains, jufqu’à leur Sortie hors de
Terre ; après quoi elle abandonnoit à Céres celui de les garder & conferver
jufqu’à la récolte.
Ségétia paraît fur le revers d’une Médaille frappée en l’honneur de Salo-
nique, placée au milieu d’un Temple à quatre colonnes. Elle a une efpèce de
nymbe, ou cercle de gloire au-deffus de la tête, Semblable à celui dont on
couronne ordinairement les Saints. Au-deffus du nymbe paraît un croiflant
fur cette pièce : elle y eft habillée d’une longue robe , & tient dans fes mains
quelque chofe qui nous eft inconnue , & quelle lève vers le Ciel. O n l’a
montrée-avec quelque légère différence , fur dautres pièces. Triftan l’a fait
.graver les mains levées, & les bras étendus. C e Savant Auteur avoit appris
d’un autre Antiquaire, quelle étoit repréfentée fur une Médaille, avec une
torche allumée dans chaque main. Il regarde l’un de ces flambeaux comme le
Symbole du Soleil, & l’autre comme celui de la L u n e , a caufe que ces
planètes font les nourrices & les confervatrices des grains, l’une pendant
le jour & l’autre pendant la nuit. Les torches de Cérès ne pourraient-elles pas
avoir la même figification ? O u plutôt ne doit-on pas en conclure, avec cet
Illuftre Auteur, que Ségétia, Cérès, Ifis & autres Semblables Divinités qui
préfident aux moiflons, font les mêmes que l’on adora dans plufieurs Pays, ’
fous des noms différens, & que cette feule Divinité n’eft autre que la Nature
produftrice de toutes les moiffons ? Nous donnons à la planche V I I e. aux
numéros 31. 33. 34. 3y. 36. & 37. fix Médailles différentes de Cérès, &
une de Ségétia au numéro 3 8 : elle eft repréfentée fur ces différentes pièces
avec les divers attributs, dont nous venons de parler. O n trouvera encore Cerès
en beaucoup d’endroits, dans la fuite de cet Ouvrage. L ’Impératrice Fauftine
mère, & plufieurs autres Pririceffes ont été repréfentées, fur les Monnoies
fous le nom, la figure, & les ’attributs de cette Divinité.
S e c t i o n X I I .
Des Dieux Cupidons , félon l’Écriture facrée de l’Égypte.
Les Cupidons tirent, comme les autres Dieux, leur origine de l’Écri«
ture Hiéroglyfique & des figures fymboliques, qui tenoient lieu de caractères,
pour avertir le Public. Ces figures fymboliques ayant été inventées pour annoncer
plufieurs chofes différentes aux Peuples, il n’eft pas étonnant qu’on
ait fait plufieurs Dieux fous le nom de Cupidon. Voici ce qui paraît de plus
vraifemblable fur leur origine ; c’eft encore M. Pluche qui parle dans l’endroit
de fon premier Volume de l’Hiftoire du C ie l, où il traite d’Éros , de
l’Amour & de 1 Hymenée. .
„ Perfonne n’ignore, dit-il, page 1 6 9 , que cétoit un ufage umverfel
» dans l’Antiquité d’aller le jour des Noces au-devant de l’Époux & de l’Ë-
», poufe, avec des lampes & des flambeaux. Les amis de l’Epoux portoient
„ une torche de bois réfineux : les jeunes filles amies de l’Époufe portoient
„ une lampe. Il n’y a perfonne qui n’ait lu & admiré la defeription que
„ l’Évanoile fait de la marche des dernières, & il eft inutile de rien citer de
„ plus. Chacun attendoit le moment auquel l’Époux ferait prêt pour aller
„ chercher l’Époufe chez fes Parens, & pour l’amener chez lui avec tous
j ceux & celles qui dévoient l’accompagner, & être admis dans la Salle du
„ Feftin. Dès qu’il paroiffoit, les deux choeurs de Jeunes gens s’écrioient en
„ prenant leurs lampes : Voila la F ête , voila l ’Epoux. D e même qu’on annonçoit
une pompe funèbre en mettant fur la porte de la maifon du mort
,» une parure lugubre, & très-probablement un Chien à trois têtes , pour
„ marquer les trois adieux des amis, on annoncoit le jour des Noces en or-
» nant de fleurs & de feuillages la porte de l’Époux & de l’Époufe, en y
„ mettant la figure d’un jeune homme portant une lampe ou une torche ,
» à côté de laquelle étoit une Ifis marquant le jour de la Lune auquel la
» cérémonie étoit fixée. C e jeune homme portoit le nom d Hyménée, qui
a» lignifie, Voila la Fête, voila l’Époux qui vient.
„ Ceci ne paraît d’abord qu’une conjecture. Mais remarquons que l’ufage
» des annonces gaies ou lugubres, par la diverfe parure des portes, a pafle
„ fle la plus haute Antiquité jufqu a nous. Les niches deftinees a recevoir cer-
5, tains fymboles ou les marques d’une Fête, foit au coin des carrefours,
„ foit au-deffus des portes des Particuliers, ont été appliquées parmi nous a
„ un autre ufage ; mais on les retrouve encore. Nous avons pareillement
» retenu dans les Provinces quelques reftes de la coutume qu avoient les An-
„ ciens , de mettre des couronnes & des feuillages fur la porte des maifons
„ où l’on étoit dans la joie, & de varier ces couronnes a la naiffance d un
« enfant mâle ou d’une fille ; d en mettre d autres pour annoncer un Mariage
» ou d’autres Fêtes. C ’étoit en particulier la coutume des Égyptiens de mettre
»> au haut de leur porte la figure & les feuillages propres de la Fete a laquelle
ils prenoient part. . . .
>, Sachant, comme nous le favons, que les Dieux n étoient originairement
que des Signes, nous pouvons fans hefiter ramener 1 Hymen avec fa lampe
ou fon flambeau à une affiche toute fimple de la ceremonie, ou de la pompe
nuptiale, à laquelle les Parens & les amis étoient invites. L Ifis étant devenue
dans l’opinion des Peuples une Déeffe puiffante &la meredesPlaifirs,
l’enfant qui l’accompagnoit partagea les honneurs de la Divinité, & donna
lieu aux plus belles Hiftoires. O n lui prêta des fondrions conformes aux
inclinations de la mère. O n le nomma en conféquence F r os ou 1 Amour;
& ce nom plut fi fo r t, qu’on ne lui en donna plus d autre. C e t enfant
reparôiffoit fans doute, fuivant l’ancien ufage, tantôt avec les ailes du Vent
Étéfien, tantôt avec la maffue d’Hercule, quelquefois arme de 1 arc Sc
des flèches d’Apollon, ou du Sagittaire, ou bien alfis fur un L ion, ou cou