
•leufe, A l'endroit le plus elévé du Trône , au-delfus de la' tête du Dieu
étoient les Grâces & les Heures, les unes & les autres au nombre de trois. Le
piedeftal, qui foutenoit cette malle, étoit orne a proportion du relie. Phidias
y avoit gravé, fur or, d’un côté le Soleil conduifant fon char ; de l’autre
Jupiter & Junon , les Grâces, Mercure & Vefta. Vénus y paroifloit for-
tant du fein de la Mer , & reçue par l’Amour, pendant que Pitho, ou la
Déeffe de la Perfuafion , lui préfentoit une couronne. Apollon & Diane
n’avoient pas été oubliés fur ce bas-relief, non plus que Minerve & Hercule.
On remarquoit au bas de ce piedeftal A mphitrite & Neptune, & enfin Diane
ou la Lune, qui paroilfoit galoper fur un cheval. Un voile de laine, teint
en pourpre & brode magnifiquement, préfent du Roi Antiochus, pendoit
du haut jufqu’en-bas. Je ne dis rien des autres ornemens de ce fuperbe Edifice,
ni du pavé, qui étoit du plus beau marbre , ni des préfens que plufieijrs
Princes y avoient confacrés , ni du nombre infini de Statues qui y étoienr
ainfi qu’aux environs. On peut confulter fur cette magnificence Paufanias
de qui cette Defcription eft tirée. J’ajoute feulement que pour fe former une
idée de la grandeur de la Statue de Jupiter , fur laquelle les Anciens ne font
pas d’accord, il fuffit d’obferver que lé Trône & la Statue s’éte'ndoient depuis
le pavé jufqu’à la voûte, dont j’ai donné plus haut l’élévation. On n’aura pas
de peine à avouer qu’un pareil ouvrage, d’une fi vafte étendue, d’une élévation
fi confidérable , ou l’or mêlé avec Fébène & l’ivoire j étroit un grand
éclat, ou l’on voyait tant de figures , de bas-reliefs & de peintures , le tout
de la main des plus grands Maîtres, devoit faire une grande impreffion fur
ceux qui entroient dans ce Temple. N ’oublions pas de faire remarquer que
cet Edifice étoit d’Ordre Dorique, le plus ancien de tous les ordres d’Âr-
chitecture , & celui en même temps qui convient le mieux aux grands
ouvrages.
Le Temple d’A pollon , a Delphes.
Si le Temple d’Apollon, à Delphes, n’étoit pas aulfi magnifique, pour fa
ftruéture, que celui que je viens de décrire, il etoit beaucoup plus riche par
les préfens immenfes qu’on y avoit envoyés de toutes parts. Je dis plus riche,
fi toutes fois on peut eftimer le chef-d’oeuvre de Phidias. D ’abord le Temple
de Delphes fut très-peu confidérable. Une caverne, d’où fortoient quelques
exhalaifons , qui donnoient de la vivacité & de l’enthoufiafme à ceux qui
s’en approchoient, ayant fait croire qu’il y avoit quelque chofe de divin, on
établit un Oracle en cet endroit , comme, je l’expliquerai dans un plus grand
detail, en parlant des Oracles. Le concours qu’attira cette prétendue merveille
, obligea les habitans du voifinage à confacrer ce lieu : on y bâtit
d’abord une Chapelle, ou plutôt une Cabane faite de branches de laurier.
On d it, ajoute Paufanias, que les abeilles y élevèrent une fécondé Chapelle
de cire, & qu’Apollon l’envoya aux Hyperboréens. On voit bien que ce n’elt
qu’une fable j je l’expliquerai dans le Chapitre des Oracles : Paufanias en a
jugé de même. Le troifième Temple de Delphes fut bâti de cuivre ; ce qui
rie doit pas paraître fort étonnant, comme le remarque l’Auteur que je viens
de citer , & que je copie prefque mot-à-mot, puifqu’Acrifius, Roi d’Argos,
avoit fait faire une’ chambre de cuivre , pour y enfermer fa fille Danaé , &
qu’on voyoit encore de fon temps, à Sparte, le Temple dé Minerve Chal-
jdoecos, ainfi appelle, parce qu’il étoit tout de cuivre. Mais Paufanias ne
croyoit pas que ce Temple eût été bâti par Yulcain , ni qu’il y eût au lambris
des Vierges d’or , qui avoient une voix charmante, comme Pindare Favoit
imaginé, fans doute daptès les Sirènes d Homère. Les Anciens 'itéraient pas
d’accord fur la manière dont ce troifième Temple avoit été détruit. Les uns
ûifoient que la terre s’étoit entrouverte, & Favoit englouti ; les autres, que
le feu y ayant pris, le cuivre, dont il étoit fait, fe fondit- Quo i qu’il en fo it,
ce Temple fut bâti une quatrième fois , & il eut pour Architedtesi Agamède
& Trophonius. Pour-lors on n’y employa que la pierre. Ce t Edifice fut
confirmé par les flammes, la première année de la cinquante-huitième Olympiade.
Le dernier enfin, qui fubfiftoit du temps des Paufanias, & qui étoit
le plus grand & le plus riche, avoit été confirait par les foins des Amphi&ions,
des deniers que les Peuples avoient confacrés à cet ufage,
Quoique nous n’ayons pas de Defcription detaillee de ce dernier Temple,
fl eft ailé de juger de fon étendue, & dés richelfes immenfes quil renfermoit,
par le foin qu’eurent tant de R o is , & des Peuples entiers, d'y envoyer des
préfens. O n n’alloit guère confulter l’Oracle d’Apollon, fans y apporter
quelques offrandes": aufli falloit-il que le nombre^ en fût infini , puifqué,
quoique ce Temple eût été pillé plufieurs fois, Néron en enleva cinq cens
Statues 3 toutes dé bronze, tant des hommes illuftres, que des D ieux.
Le Panthéon de Rome.
Rome & l’Italie n’avoient pas moins de Temples que la Grèce, O n en
trouvoit par-tout : plufieurs même étoient remarquables, ou .parleur fin-
gularité, ou par leur magnificence. O n doit mettre au nombre des plus
beaux celui de Jupiter, fur le Capitole, & celui de la Paix : félon Pline, ils
étoient au nombre des plus brillans ornemens de Rome. Mais comme je n en
connois pas de plus fuperbe, ni de plus folidement bâti que le grand Panthéon
, nommé vulgairement la Rotonde, _ puifqü il fubfifte encore ^aujourd’hui
dans fon entier, fous le nom de l’Églife de tous les Saints a qui il
"eft confacré , comme il 1 etoit dans le Paganifme à tous ieà Dieux je le
choifis préférablement aux autres, pour en donner la Defcription. O n en
peut voir le deffein dans le Tome IL de X Antiquité expUqüee par le P Dont
Montfaucon , qui l’a pris, pour le plan , dans Serlio , & pqur le profil, dans
Lafreri. f -
L ’opinion la plus commune eft qu’il fut ‘bâti par les foins &c aux frais
d’Agrippa, gendre d’Augufte : il y a cependant des Auteurs qui foutiennent
ou i f était plus anpieri que lu i, & qu’il ne fit que "je reparer , .en y ajoutant
le beau Portique qu’on voit encore. Quo i qu’il en fo it, ,ce fuperbe Edifice,
qui rie prend jour que par un trou placé au milieu de la vo.ute, fi ingenieu-
femeiît ménagé qu’il en eft éclairé fuffifamment, eft de figure ronde |
.femble que l’A rchite&e ait voulu, cpmme on le remarque dans un p n d
nojnbre d’autres Temples delà première Antiquité, imiter en cela la figure
du Monde. C ’eft du moins le fentiment de Pline ; Quod forma ejus convexa,
fafligiatam codi fimilitudinem'oftenderet.
L e Portique , ouvrage d’A grippa, plus ’beau & plus furprenant que e
Temple même, eft compofé de feize colonnes de marbre^gramr, chacune
d’une feule pier-re. Ces colonnes-ont cinq pieds .de diamètre , . & plus de
trente-fept pieds de hauteur, fans y comprendre labafe & leehapiteau. D e ces
feize colonnes , il n en a huit de face, & huit derrière . e ^tout e ^ = r ie
Corinthien. Comme on trouva, du temps du Pape Eugène , près e cet
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