
Ces mêmes Divinités fu r les Me'dailleS.
On les trouve toutes les trois enfemble fur certains Monumens antiques,
Mais fur les Médailles on ne voit qu’Ifis & Horus. Ifis eft quelquefois feule,
d’autrefois avec Serapis , & d’autrefois avec Horus.
Sur les Médailles d’Égypte & de R om e , Ifis eft repréfentée , fur certains
T yp es, fous la figure d’une femme habillée d’une robe longue & alfife J
tenant le petit Horus qu’elle allaite : fur d’autres Typ es , à l’imitation des meres,
elle joue avec fon fils pour l’amufer. Elle a ordinairement fur la tete un muid
ou boifleau, ou une fleur de Lotus, ou un rameau de l’arbre appelle iPerféa,
qui lui étoit particulièrement confacré, aufli bien que le Lotus. U I f s fur-
nommée Pharia, à caufe de l’Ifle de Phare, vis-à-vis d’Alexandrie, où elle étoit
adorée, eft unbufte defomme qu’on repréfente avec une fleur, dans un croiflant,
fur fa tête, un fiÇrre à la main droite, & portant devant elle de fa main gauche
un pannier de fleurs ou de fruits. Dans une Médaillé votive de Julien,
on a gravé deux Ifis très-particulières. Comme les Egyptiens en reconnoif-
foient quelquefois deux, dont ils faifoient l’une Reine du C ie l , & l’autre
Reine de la T erre, on les a repréfentées ici toutes les deux avec des fymboles
qui conviennent aux fêtes de l’une & de l’autre. Elles font habillées de long,
& font oppofées l’une à l’autre : elles ont chacune une aile : elles tiennent
chacune un couteau à la main , parce que leurs Prêtres s’en fervoient dans
leurs cérémonies, ou pour fe rafer , ou même pour fe faire Ennuques : on
voit fortir un Serpent de chacune de leur tête, & avec chacune urie main
élevée vers le Ciel elles foutiennent une efpèce de compas. Il y a d’autres
Monnoies antiques fur lefquelles Ifis paraît au-delfus d’un Vailfeau, travaillant
à en lâcher & étendre les voiles. Comme Reine d’Egypte, elle paraît
faire voile vers les Étrangers, pour leur enfeigner l’agriculture, &c. O n la
trouve encore repréfentée de quelqu’autres façons fur d’autres Médailles. Julien
& Hélène fa femme y paroiffent quelquefois fous la figure d’Ifis & de
Sérapis. Il fera toujours aifé de reconnoître I f s & Horus aux fymboles &
ornemens avec lefquels on le trouve i c i , a la planche VIIIe. ou l’on donne l’Ifis
de quatre façons, nos. 37. 38.3 9. & 40. ; favoir, x°. Ifis avec Horus : Ifis a
le boifleau fur la tete & une vafe derrière elle 3 a°. Ifis donnant le foin a Horus,
& portant un rameau de l’arbre Perféa ; 3 °. Le bufte d’Ifis-Pharia ; 40. les
deux Ifis d’Egypte telles qu’on les vient de décrire, avec les Serpens, les
couteaux, &c.
S e c t i o n X X V I I .
D e la Déejfe Junon, félon l’Écriture Hiérogiyfique.
C ’eft encore ici une Ifis, ou une Figure fymbolique de l’Écriture Hiéro-
glyfique , repréfentée fous celle d’une femme, que l’on appella Diane en
O r ien t, VInus en Syrie, Junon à Rom e , & à laquelle on fit changer de
noms, d’inclinations, & de moeurs, comme d’habits, d’ornemens & de Pays.
Ifis-Junon eut dés fondions, des propriétés &c des. attributs particuliers, qui la
diftinguèrent d’Ifs -D ia n e , & Ifs-Vénus, d'Ifs-Cérès, &c. Sa figure iervit
en premier lieu d’Enfeigne, comme les autres, pour annoncer' des fêtes de
reconnoiflànce envers D ie u , & en particulier celles qu’on avoit établies pour
le remercier du don de la fécondité, Dans cette vu e , on la tepréfenca telle
qu’on la voit fur certaines Médailles ; c’eft-à-dire, avec un enfant fur un de
fos bras, & deux à côté d’elle.
Quand on eut perdu de vue la lignification de la figure & de fes fymboles,
âlors on fit de la Junon fymbolique comme des autres figures, qui avoient
fiu d’abord une deftination femblable : on la perfonnifia, & bientôt on la
dîvinifa. On prodigua pour lors en fa faveur les titres de Reine, de grande
Reine j de Vi&orieufe, de Lucine, de Martiale, & plufieurs autres. O n
lui donna Jupiter pour époux , & Ifis pôur rivale. O n lui compofa une Hif-
toire digne d’une telle Rein e, d’une telle D ivinité, & du goût de fes Sujets,
& de fes Adorateurs. Jaloufe de la belle Ifis qui étoit fort aimée de fon prétendu
mari, elle la lui enleva & la transforma en une Genifle, dont elle
confia la garde au fameux Argus, à qui la Fable donne cent yeux ; mais qui
n’a été repréfenjé tel que comme un vrai fymbole de la vigilance inquiété
qu’infpire la jaloufie. Mercure, dit-on, fut par fes doux concerts, & par les
chants agréables de fa voix mélodieufe fermer ces yeux, & endormir Argus:
pendant fon fommeil il enleva la charmante Ifis. Dans un combat entre les
deux Divinités, Mercure fit perdre la vie a Argus : Junon prit fes yeux pour
en embellir la queue de l’oifeau qu’on appelle Paon, & qui devint l’oileau
chéri, & meme le fymbole de fa Bienfaitrice. Cette Fable , & beaucoup
d’autres femblables, furent l’effet des rêveries d’un Peuple qui naturellement
porté à la fuperftitfon & à l’Idolâtrie, abufa de tout pour féconder fon
malheureux penchant. La Fable d’Argus fuffit pour nous en convaincre. M.
Pluchê, dans fon Hiftoire du C ie l, Tome I. page 318. & fuivantes, croit
avoir trouvé l’origine de cètte Fable ; & ce qu’il en penfe paraît être ce qu’il
y a de plus vraifemblable fur cette matière.
„ La Tifferanderie, dit-il, étoit célèbre à Athènes , dans l’Ifle d’Amor-
» gus ( de la Mer Égée ) , & dans la Colchide , aufli-bien qu’en Égypte ;
» mais le temps de cette fabrique n’étoit point le même dans ces differentes
•>' Contrées. En Égypte, on étoit fort occupé des travaux publics, comme
» du nettoiement des canaux, de la fénaifon, de la moiflon , & du battage
« des bleds, pendant les mois de Février, Mars, A v r il, & Mai. Au-con-
» traire , à Athènes, à Amorgus & en Colchide , on continuoit pendant
» ces mois la fabrique du fil & des toiles commencées dès avant l’H iver, &
» l’on quittoit la quenouille ou la navette en Juin, pour faucher le foin &
»> faire enfuite la moiflon.
» Si les Habitans de la Colchide avoient les mêmes coutumes que les
•> Égyptiens, Ifis, le Symbole des fêtes, en annonçant les Neomenies & les
» autres fofomnités de l’Hiver & du Printemps, étoit accompagnée d un
» Horus propre à caraclérifer l’efpèce du travail qui durait fix mois de fuite.
» Cette figure étoit toute couverte d’yeux bien ouverts, pour marquer 1 ou-
» vrage qui fe fait particulièrement à la veillée ; & cet Horus marquant le
» befoin de veiller pour diligenter les toiles, on lui donnoit le nom d Argus,
« qui veut dire, la Tijferanderie. L ’Ifis, après avoir quitté les cornes de là
» Chèvre fauvage, par lefquelles elle marquoit l’Hiver, prenoit pendant tout
» le Printemps celles d’une Genifle, parce que c’eft proprement le paflage
>* du Soleil fous le ligne du Taureau, qui fait, dans la Zone temperée, la vraie
•• beauté de cette faifon. L ’Ifis Printanière, la belle Genifle demeurait ainfi
« plufieurs mois de fuite fous les yeux d’A rgus, ou a coté de 1 Horus aux
•> yeux ouverts, jufqu’à ce que celui-ci fut fupprime, & la Genifle emmenée
*> par Mercure, c’eft-à-dire, jufqu a ce que les veillées, le filage & la fabri