
elle ne montre néanmoins qu’une feule figure, qui eft 'allez reffemblante à
celle de la Fortune ; car elle a une corne d’abondance fur le bras gauche,
& de la main droite elle pofe l’extremite de fa baguette , ou de fon fceptre fur
un gouvernail place fur un globe : c’eft ainfi que l’on voit fouvent la Déelfe
Fortune fur les Monnoies antiques. Voyez la planche IX e. n°. 14.
Les Dieux Patriotes , les Dieux Auteurs de la génération, & les Dieux
Nourriciers paroilfent être les mêmes que les Grands Dieux auxquels on a
donné ces titres. Car nous avons une Médaille de Géta, où l’on a repréfenté
Jupiter & Flercule avec leurs attributs ; une autre où l’on voit Hercule & Bac-
chus ; une troifième enfin ou fe trouvent Junon & Hercule : elles font toutes
avec la même légende, D U Patrii : les D ieu x Patriotes , ou les D ieu x de
la Patrie.
A u revers d’une des Médaillés de Valérien, fils de Gallien & de Salonine,
on a repréfenté Jupiter avec l’Empereur, ayant une petite figure de la Victoire
entre eux : la légende porte D u Nutritores ; c’eft-a-dire, les D ieu x Nourriciers
, ou les Dieux cjui nous donnent la nourriture.
Enfin il y a une Médaillé de Crifpine, qui ne préfente à fon revers qu’un
autel allumé, avec la légende, D u s Genitalibus : aux D ieu x Génitales , ou
Auteurs de la génération. La Numifmatique ne nous donne rien de plus fur
ces fortes de Divinités, & nous n’avons pas cru devoir en offrir la repréfen-
tation dans nos planches, parce qu’on verra affez Jupiter, Bacchus, Hercule
& Junon fous leurs titres, pour les reconnoître par-tout fur les Médailles.
S e c t i o n X X I I I .
D u Dieu Hercule de l ’Ecriture Hiéroglyfique.
Voici ce que M. Plüche dit d’Hercule, dans fon Hiftoire du C ie l, Tome
I. page z y j . & fuivantes, toujours dans le même fyftême vrai, fîmple &
naturel, qui fait venir tous, ou prefque tous les faux Dieux de l’abus qu’on
a fait des figures de l’Ecriture Hiéroglyfique.
» Quand les animaux malfaifans fe multiplioient trop, & qu’il y avoir
» quelque bête furieufe, ou quelque infigne voleur qui troubloit la Contrée,
» alors on mandoit, non une armée entière, ni une nouvelle levée, mais
» feulement les plus expérimentés dans le métier de la guerre , ceux qui
» avoient acquis les rangs les plus diftingués , 'ou peut-être les volontaires,
» ceux qui fe préfentoient fans contrainte pour l’expédition. En ce cas, un
»> Horus armé d’une maffue, & placé dans l’affem Siée publique,. réunifloit
» promptement à un certain jour, les plus diftingués d’entre les jeunes guer-
» riers. Je juge de l’intention du fymbole par le nom qu’on lui donnoit. On
» le nommoit Héracli ou Hercule, c’eft-à-dire, les ïllujlres dans laguerre,
•> les Enfans diftingués, ou plus exactement encore, les Gens d’armes.
» C e qui étoit le précis de l’indiCtion, ce que chacun difoit en voyant
» l’Horus arme en courfe, forma le nom de ce fymbole. Mais cet Hercule
» qui n’etoit qu’une Enfeigne, devint, comme les autres, un Dieu tout oc-
» cupe de 1 a deftruCtion des monftres, des bêtes, & des larrons qui troubloient
» les Habitans.
» Toute l’Antiquité fait naître Hercule dans l’Égypte. Cicéron en trouve
» un fécond en Crète, & un troifième en Phénicie, lequel alla jufqu’aux
» Colonnes qui portent fon nom, & dont le culte fut longtemps célèbre à
» Cadix. Les Grecs fe font attribué le leur. O n ne peut guère douter qu’il
«. n’en foit d’Hercule comme des autres fymboles ; &que les Cretois ou les
. » Phéniciens le voyant fouvent parmi les Inftrumens de leurs indiCtions,
. => & de.leur culte, ne l’aient pris pour un Dieu de leur Patrie, & ne lui
.» aient fait fon Hiftoire propre. Que fi l’on vient à rapprocher & à réunir
« en un c° rPs d Hiftoire, les travaux & les merveilleufes expéditions de
” tous ces Hercules locaux, je laiffe à penfer quel Roman il en réfultera
1 Je ne difeonviens point qu’il n’y ait eu en Grèce, un peüavant la guerre
» de T ro y e , un fameux Aventurier, un Défaifeur de forts, un grand Af~
« fommeur de brigands, auquel on a fait honneur de tous les traits qu’on
. » atmbuoit des auparavant à plufieurs Hercules imaginaires. Il paraît que
” cet Hercule a eu une pftérité qui s eft établie à diverfés reprifes au Pélo-
« ponefe. Mais il en eft de la plupart de fes exploits, comme de fa généa-
” fogie, qui n eft qu un pur jeu des Phéniciens. Ils nommoient leur Hercule
» Ben-Alcum, ou Ben-Alcmen, le Fils Invincible. Voilé fort vraifembla-
» blement ce qui a fait dire de l’Hercule Grec qu’il étoit fils d’Alcumène g ou d Alcmene. Son Hiftoire eft pleine de traits dont toute la merveille
I I 7 duifant femblablement a l’interprétation équivoque de quelques mots
” j En,1.u-1n 5.Pro!lve S“ 6 ^ plupart de fes aventures n’ont aucun fondement
» dans 1 Hiftoire. Je crois en avoir fuffifamment convaincu le Lefteur. Sans
” le charger de menus exemples qui le fatigueraient, contentons-nous de voir
” naltre les Ul,eux 1 un apres l'autre.,. & de juger par leur naiffance purement
f> imaginaire du peu de cas quil faut faire des aérions qu’on leur attribue.
D u Dieu Hercule de l'Hiftoire SC de là Fable.
Plufieurs Peuples confidérables fe font fait une gloire d’avoir chacun leur
.Héros fous le nom d Hercule. Les Egyptiens, entr’autres, & lés Grecs
,en pnt a. ore chacun un different, s il n eft pas vrai que ceux-ci fe font attribue
celui que 1 Egypte a. regardé comme fon patriote & fon élève, avant de
1 avoir choifi pour fon Dieu. C e n’eft pas la feule Divinité que la Grèce ait
rire d un I ays qu’on doit regarder comme le berceau de la plupart des faux
.D ieu x ,& ou les maifons, les jardins, les campagnes & les forêts en étoient
remplis, bi tous les autres Peuples qui ont eu pour objet de leur admiration
& de leur culte un Héros & un Dieu fous le nom d’Hercule, ne l’ont pas
emprunte les uns des autres, au moins paraît-il certain que, pour avoir le plus
grand de tous, a Fable n’en a ftiit qu’un feul, auquel elle a transféré & donné
toutes les grandes actions , & toute la gloire des autres Héros & Dieux qui
ont paru, & qui ont été adorés fous le nom d’Hercule, dans les différentes
parties du Monde.
C e f t c e t Être compofé, cet affemblage de tous les Hercules que l’Antiquité,
ôc lur tout la Numifmatique, nous met fi fouvent fous les yeux, &
de tant de façons. C ’eft foi que l’on fait fils de Jupiter & d’Alcmène , femme
\ _*T1P lltr^ n qui fe livra a ce Dieu pendant que fon mari faifoit la guerre
L A/U-Zui £' cec Hercule dont les anciens Monumens, & en particulier
5 ai es, ont célébré la bonté, lajuftice, la force & la valeur. Ses dif-
H f w tra^?ux ^ ™ exploits y font également confervés : l’on n’y a enfin
.oumiè ni les conquêtes, ni fes vi&oires , ni fes triomphes. C ’eft à ce Héros
forvar°i?,H°l tltres glorieux d’Augufte, de Compagnon , de Con-
Comiri r r néftmftur des Céfars, des Empereurs, Herculi Auguflo ,
\omui, Confervafon, Defenfori Coefarum , Auguftorum nqftrorum^ ceux
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